« Faire d’Action Cœur de Ville un outil de sortie de crise »

Philippe Pottiée-Sperry
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Entretien avec Rollon Mouchel-Blaisot, directeur du programme national Action Cœur de Ville (ACV) à l’Agence nationale de la cohésion des territoires.

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Quel premier bilan dressez-vous après le lancement effectif d’Action Cœur de ville en mars 2018 ?

Les 222 villes engagées dans le programme ont mis à profit les 18 mois prévus pour effectuer les études nécessaires à la finalisation de leurs projets. À la fin de ce premier semestre, on recensait plus de 4000 actions prêtes à être lancées dont la moitié environ sont à ce jour engagées. Avant les élections municipales, 122 villes avaient signé ou finalisé l’avenant à la convention formalisant définitivement leur projet. Les autres avaient prévu de le faire avant la fin de l’année. En mars dernier, on comptait déjà 1,2 Md€ engagés sur les 5 Md€ que prévoit le programme. Cette somme abonde les budgets des collectivités territoriales et les investissements privés. Nous étions clairement en avance sur notre objectif qui était de 600 M€ à fin 2019. J’ajouterai que plus d’une centaine de villes se sont engagées dans les dispositifs complémentaires « Réinventons Nos Cœurs de Villes » et « Au Cœur des Territoires » monté avec le Conservatoire national des arts et métiers.

Comment expliquez-vous ce déploiement finalement très rapide du programme ?

La force du programme ACV est d’être à la fois décentralisé, déconcentré et partenarial. Il part des projets des territoires soutenus par les préfets qui peuvent engager l’Etat et les financeurs. Une palette d’outils, d’ingénierie et de financements est mise à la disposition des villes qui les utilisent en fonction de leurs priorités. En outre, de nombreuses villes avaient déjà des projets très avancés qu’elles ont pu finaliser plus rapidement en s’appuyant sur ces outils.

La crise économique et sociale provoquée par l’épidémie de Covid-19 va-t-elle modifier les priorités d’ACV ?

Nous avons l’ambition d’enrichir le programme et d’en accélérer le déploiement. Le programme ACV peut être le moteur d’une relance territoriale et écologique. Répondre à l’aspiration de vivre dans des villes à taille humaine avec des mobilités douces, stopper l’étalement urbain et le grignotage de la biodiversité sont des objectifs que la crise a renforcés. Il nous faut aussi amplifier le soutien au commerce de proximité pour répondre à la demande des élus. L’urgence est à la mobilisation de tous les moyens possibles. Le soutien à la modernisation des commerces de centre-ville et à leur entrée dans l’ère du numérique est la priorité, en complément du plan d’urgence massif du gouvernement.

Sur quoi se fonde cette capacité de rebond économique d’ACV ?

Fin mars, je recensais 1200 projets d’investissements prêts à démarrer dans les prochains mois et susceptibles d’occasionner 1,4 Md€ de travaux dans les territoires portant sur la rénovation de l’habitat, les mobilités, le patrimoine, les équipements publics, le cadre urbain, les espaces verts, la transition écologique... Enfin, les 5 Md€ d’argent public mobilisables d’ici à la fin 2022 fonctionnent comme un « fonds d’amorçage » destiné à créer un écosystème attractif pour développer l’investissement privé.

Propos recueillis par Victor Rainaldi

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