110 M€ pour l’opération « Quartiers d’été »

Philippe Pottiée-Sperry
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Le gouvernement a lancé à Clichy-sous-Bois et Montfermeil, le 17 juillet, l’opération « Quartiers d’été 2020 » à destination des habitants des 1514 quartiers prioritaires, et en particulier des jeunes.

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Objectif : proposer des activités et dispositifs spéciaux à disposition des habitants des quartiers pendant les congés d’été pour en faire un temps utile et animer les quartiers, dans le contexte de l’après-confinement. Présenté par la nouvelle ministre chargée de la Ville, Nadia Hai, le plan, doté d’un budget de 110 M€, comporte six volets : éducatif, culturel, sportif, associatif, emploi et formation, renforcement des services publics. Mobilisant sept ministères, ce plan s’adresse en priorité aux 1,3 million d’enfants et jeunes des quartiers prioritaires.

Un tour de France durant tout l’été

Pour l’accompagner, Nadia Hai entame un « Tour de France des quartiers d’été », durant toute la période estivale, qui valorisera les dispositifs mis en place par l’Etat, les collectivités et les associations. La ministre affirme vouloir « éviter « la double peine » pour des habitants des quartiers prioritaires déjà marqués par le confinement et qui ne peuvent pas partir en vacances. Alors que l’été va être particulier, nous serons aux côtés des familles pour que la période estivale dans les quartiers soit un été de découverte, d’apprentissage et de solidarité ». Et de préciser que ce plan est à la disposition des communes pour leur permettre d’amplifier les dispositifs existants et en créer de nouveaux.

Des « vacances apprenantes »

Le ministère de la Ville évoque « des activités inédites et un soutien renforcé des services de l’Etat aux collectivités et aux associations ». Au programme : soutien scolaire et activités périscolaires, ateliers artistiques, micro-festivals, initiation à de nouveaux sports, formation professionnalisante et aide à la recherche d’emploi, passage du permis, aides aux démarches administratives...

Dans le détail, il s’agit notamment d’accompagner les enfants vers des « vacances apprenantes » afin de lutter contre le décrochage scolaire, qui s’est accentué durant le confinement, et se préparer à la rentrée. Le ministère indique que les Quartiers d’été visent aussi à « s’amuser, découvrir et s’oxygéner ». Les « colonies de vacances apprenantes » proposent à des enfants et jeunes de 3 à 17 ans des séjours d’au moins cinq jours dans un cadre dépaysant pour favoriser la découverte de nouvelles activités et de nouveaux territoires. Sont concernés 250 000 enfants et jeunes, dont 200 000 issus des quartiers prioritaires. L’État finance jusqu’à 80 % du coût du séjour, le reste étant complété par les collectivités.

Amplifier l’opération « École ouverte »

Pour les enfants qui resteront dans leur commune pendant l’été, l’opération « École ouverte » est amplifiée (2 500 écoles et établissements ouverts). 400 000 enfants sont concernés, soit une proportion multipliée par cinq par rapport aux autres années, précise le ministère de la Ville. Cette opération consiste à accueillir dans les écoles, les collèges et les lycées, pendant les vacances, des enfants et des jeunes pour leur proposer du renforcement scolaire et des activités culturelles et sportives.

S’y ajoute cette année le nouveau dispositif « École ouverte buissonnière » qui se déroule à la campagne ou en zone littorale. De plus, des mini-camps sous tente sont proposés dans le cadre d’« École ouverte ». A noter également une aide ponctuelle proposée aux collectivités afin de faciliter l’ouverture des accueils de loisirs, d’augmenter leurs capacités d’accueils ou de renforcer les contenus pédagogiques.

Renforcer la présence des services publics

Par ailleurs, le gouvernement veut permettre aux habitants des quartiers de « bénéficier de tous les services et mesures qui leur sont destinés ». Les moyens sont renforcés pour assurer la présence de professionnels et garantir un accompagnement des habitants dans leurs démarches de proximité. L’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) a ainsi lancé une opération en lien avec la Banque des territoires pour financer 30 bus France services mobiles dès cet été dans les quartiers prioritaires. Notamment présents sur les marchés, ces bus doivent venir à la rencontre des habitants pour effectuer des démarches de la vie courante : contacter un conseiller Pôle emploi, remplir un formulaire en ligne…

1500 postes d’adultes-relais supplémentaires ont été ouverts, s’ajoutant aux 4000 postes déjà ouverts en 2019. Ces adultes formés assurent des missions de médiation sociale et culturelle de proximité. Financés par l’État, ils viennent renforcer les effectifs des associations de proximité ainsi que les éducateurs de la prévention spécialisée.

On peut aussi noter l’accès au permis de conduire pour les jeunes adultes devant être facilité par des dispositifs locaux tels que la « bourse au permis de conduire » mise en place par les collectivités. Ces dernières prennent en charge une partie du coût du permis en échange d’une activité d’intérêt collectif effectuée par des jeunes de 18 à 25 ans. Les associations peuvent aussi proposer à ce public un accompagnement à la formation et au passage de cet examen.

Jobs d’été, contrats d’alternance et soutien à la formation

En matière d’emploi et de formation, l’opération Quartiers d’été veut soutenir les jeunes dans leur recherche de jobs d’été. La plateforme « mobilisationemploi.gouv.fr » doit permettre de mieux répondre aux besoins de recrutement dans les secteurs en tension. Elle propose aussi désormais des offres d’emplois saisonniers. Mi-juin, 4000 offres de contrats saisonniers, liés à la réouverture progressive d’activités fortement marquées par la saisonnalité telles que la restauration, le tourisme ou la culture, étaient disponibles dans toutes les régions.

De plus, des jobs d’été, contrats d’alternance et soutien à la formation, sont proposés grâce aux entreprises signataires du PaQte et de « La France Une Chance », en direction des jeunes des quartiers. Ces entreprises proposent aux 16-29 ans des contrats d’été ainsi que des contrats d’alternance, notamment dans les secteurs prioritaires (santé, agriculture, agro-alimentaire, transports, logistique, aide à domicile, énergie, télécommunication). Les contrats d’alternance visent aussi bien les jeunes ayant connu des ruptures de contrats du fait de la crise sanitaire que ceux envisageant une formation en alternance à la rentrée prochaine.

Accroître l’apprentissage

Pour accroître l’apprentissage, l’aide de l’État augmente pour l’insertion des jeunes. Les entreprises recrutant un apprenti du 1er juillet au 28 février 2021 bénéficient d’une aide élargie à l’embauche de 5000 € pour les mineurs et de 8000 € pour les majeurs. Cette aide est valable pour toutes les embauches d’apprentis préparant un diplôme allant du CAP à la licence professionnelle. Parallèlement, la période qu’un jeune peut passer en centre de formation des apprentis dans l’attente de signer un contrat d’apprentissage est portée de trois à six mois : les jeunes rentrés en septembre prochain pourront commencer leur formation auront jusqu’au 28 février 2021 pour trouver un employeur.

Pour accélérer et anticiper les entrées en apprentissage, les prépa-apprentissage financées par le plan d’investissement dans les compétences, proposent les parcours d’accompagnement à la découverte des métiers pour les jeunes, aujourd’hui insuffisamment préparés, pour réussir leur entrée en apprentissage. Plus de 90 000 places de prépa-apprentissage sont proposées sur plus de 1000 sites.

Philippe Pottiée-Sperry

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