Action sociale : les fortes attentes des Français
La santé constitue de loin la première priorité de l’action sociale, selon un sondage Ifop, présenté lors du dernier congrès de l’Unccas qui s'est tenu les 28 et 29 mars. Autre résultat : la moitié des Français jugent que la commune incarne le mieux le service public au quotidien.
Selon le premier baromètre de l’action sociale (1), réalisé par l’institut Ifop pour l’Unccas (Union nationale des CCAS et CIAS), en partenariat avec Accéo, la santé, l’alimentation et l’éducation apparaissent comme les domaines d’action sociale prioritaires. Pour les Français, la première priorité est de très loin la santé (87% des réponses), suivies par l’alimentation et l’éducation (tous deux à 74%), l’énergie (72%), l’emploi et la formation (65%), et plus loin la dépendance (44%).
Objectif de réduction des inégalités
« C’est une nouvelle fois la santé qui arrive en tête. Elle s’impose comme une thématique centrale depuis quatre ans, soit avant la pandémie de Covid-19 », constate Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l’Ifop. Selon lui, « les trois premières priorités épousent parfaitement les trois premiers sujets actuels d’inquiétude des Français ».
Pour les personnes interrogées, l’objectif principal de l’action sociale est de très loin la réduction des inégalités (75 % du total des citations) et l’accompagnement des plus vulnérables (73 %). « Face à la pression des crises et au flux continu des demandes d’urgence, les communes savent faire mais ne peuvent agir seules et sur la durée », estime l’Unccas.
Huit millions de personnes bénéficiaires
Autre chiffre, révélateur des crises actuelles, près d’un Français sur cinq (18% et jusqu’à 28% dans les villes urbaines) n’a pas d’autre choix que de demander de l’aide à son CCAS. Cela représente quelque huit millions de personnes. Pour le président de l’Unccas, Luc Carvounas, « ce premier baromètre démontre l’attente de nos concitoyens pour les protéger et les accompagner. Une personne sur cinq a déjà passé la porte d’un CCAS, une sur quatre dans les métropoles ! ».
En conséquence, le maire d’Alforville (94) appelle à « de grands plans d’investissement pour l’accès à l’alimentation pour tous, pour construire la société du bien-vieillir et pour faire refluer la grande précarité. Les CCAS ne peuvent faire face seuls à l’urgence sociale. »
Action sociale pas satisfaisante
Pour 62% des Français l’action sociale menée dans le pays n’est pas satisfaisante. « Ce résultat est le reflet du niveau d’exigence élevé dans un contexte d’inquiétude fort des Français », explique Frédéric Dabi.
Concernant les acteurs, le mieux placé pour assurer la mise en œuvre de l’action sociale en général est de très loin le service public (73% des réponses contre 27% pour le privé). Dans le détail, le mieux perçu pour une action sociale efficace est l’Etat (39%) devant le bloc communal (21% pour la commune et 9% pour l’intercommunalité), suivis par la région (16%) et le département juste derrière (15%) alors qu’il est le chef de file de l’action sociale ! « Le département doit s’interroger sur sa très faible reconnaissance par les Français », constate Luc Carvounas. Et d’estimer que « demain, il pourrait être le guichet d’entrée de l’accès aux droits alors que la mise en œuvre opérationnelle de l’action sociale serait confiée au bloc communal ».
Commune et service public au quotidien
Enfin, la commune apparaît comme l’acteur incarnant le mieux le service public au quotidien (48%), loin devant la région (23%), le département (20%) et l’intercommunalité (9%).
Enfin, dernier chiffre surprenant et inquiétant, pas moins de 71% des Français ne se sentent pas proches des préoccupations des habitants ultramarins, confrontés à des difficultés sociales particulièrement importantes. « Cela m’interpelle et cela veut dire que nous avons raté quelque chose », constate Luc Carvounas.
(1) Etude pour l’UNCCAS et Acceo, réalisée par l’IFOP en ligne les 1er et 2 février 2023 auprès d’un échantillon de 1 013 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.