
« Ambition France Transports – Financer l’avenir des mobilités » : les maires de France montent au créneau

Le gouvernement a lancé le 5 mai, à Marseille, « Ambition France Transports – Financer l’avenir des mobilités », une conférence nationale inédite réunissant élus, collectivités, experts et usagers. Pendant dix semaines de débats et d’ateliers, l’objectif est de dessiner un nouveau modèle de financement des infrastructures de transport à l’horizon 2040 en relevant les défis de la modernisation des réseaux, de l’accessibilité territoriale et de la transition écologique. Mais face à un désengagement de l’État sur les infrastructures du quotidien, l’AMF tire la sonnette d'alarme et réclame un rééquilibrage urgent en faveur des territoires ruraux.
« Notre modèle de financement des infrastructures ne permet plus d’atteindre ces objectifs. Il doit donc être repensé », a affirmé d’emblée le Premier ministre François Bayrou en ouverture d’Ambition France Transports. Cette grande conférence, lancée officiellement le 5 mai à Marseille, vise justement à "bâtir un nouveau modèle de financement des infrastructures de transports à horizon 2040 ". Organisée par le ministre des Transports Philippe Tabarot, en lien avec le ministre de l’Économie Eric Lombard, elle réunit jusqu’en juillet l’ensemble des acteurs du secteur : élus, opérateurs, experts, entreprises, associations et usagers.
Mais pour l’Association des maires de France (AMF), la concertation démarre avec un angle mort de taille : les 717 000 kilomètres de routes communales et les 120 000 ouvrages d’art gérés par les communes et intercommunalités. « Ces infrastructures, essentielles au quotidien des habitants, sont oubliées dans les débats alors qu’elles représentent 65 % du réseau routier national », a alerté Frédéric Cuillerier, coprésident de la commission Transports à l’AMF.
Des collectivités sans ressources face à une dette grise grandissante
Les maires déplorent un modèle économique profondément déséquilibré. Tandis que l’État perçoit la quasi-totalité des recettes générées par la route (carburants, amendes, péages), les collectivités locales assument seules l’entretien d’un réseau vieillissant, sans aucune ressource dédiée. « Si nos routes continuent de se dégrader, c’est toute une partie du pays qui se retrouvera enclavée », a averti Frédéric Cuillerier.
L’AMF rappelle que ce sous-investissement menace directement la cohésion territoriale. Dans de nombreuses zones rurales, l’absence d’offre de mobilité adaptée pénalise l’accès à l’emploi, aux services, et freine le développement local. Et six ans après la loi d’orientation des mobilités, le constat est amer : aucune réponse structurelle n’a été apportée pour aider les intercommunalités à organiser localement des solutions de transport.
Des propositions claires pour une politique plus équitable
Face à ce constat, l’AMF avance plusieurs propositions concrètes :
• Une véritable politique de financement des infrastructures locales ;
• La réouverture de la compétence mobilité pour les EPCI volontaires ;
• Une association pleine et entière des élus locaux aux grandes décisions nationales, notamment sur les SERM (services express régionaux métropolitains) et les concessions autoroutières.
Mais surtout, l’AMF appelle le gouvernement à sortir d’une approche centralisée et technocratique du transport. « Les maires sont les premiers garants de l’égalité territoriale. La mobilité commence sur les routes communales, pas dans les grandes gares », insiste l’association.
Une conférence prometteuse mais mal engagée
Si le gouvernement affirme vouloir construire un modèle plus juste, sobre et concerté, les maires regrettent d’être marginalisés dans l’organisation même de la conférence. À ce jour, l’AMF n’est conviée qu’à un seul des quatre ateliers thématiques, exclue notamment des discussions sur le financement des infrastructures routières. Un paradoxe, pour l’association qui représente les collectivités en charge de l’essentiel du réseau.
À l’heure où la transition écologique impose des investissements lourds et où la fracture territoriale s’aggrave, l’AMF exige d’être pleinement associée aux choix à venir. Pour les maires, cette conférence ne peut ignorer les réalités du terrain : c’est à l’échelle locale que se joue l’avenir de la mobilité en France.
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