Civisme : les Français brossent un portrait noir de la société…les élus appellent à un sursaut collectif

, mis à jour le 27/06/2025 à 09h40
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Un civisme en recul, un pays en tension

À l’occasion des 10 ans du Passeport du civisme, une grande journée d’échanges s’est tenue à l’Association des maires de France. Alors que les incivilités se banalisent, les élus tirent la sonnette d’alarme : éducation, exemplarité, responsabilité, réparation... Il est temps de faire du civisme une cause nationale. Une étude sur « les Français et le civisme » réalisée par l’Ifop pour l’association Passeport du civisme, fondée par Maxence de Rugy, maire de Talmont-Saint-Hilaire (85) met en lumière l’ampleur du malaise.

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« Il ne faut pas faire du civisme une simple idée généreuse : c’est une condition de survie démocratique », a lancé David Lisnard, président de l’AMF, en ouverture de cette journée consacrée au civisme. Le ton est donné. Depuis dix ans, le Passeport du civisme, lancé par Maxence de Rugy, maire de Talmont-Saint-Hilaire, propose aux élèves de CM1-CM2 des parcours d’engagement, de solidarité et de respect des règles.
Mais aujourd'hui l’urgence s’impose : selon l’étude IFOP pour l’association, 82 % des Français estiment que le civisme est « de moins en moins présent » dans la société, et 70 % jugent qu’il s’agit d’un « problème majeur ». Pour 93 % des répondants, la responsabilité individuelle et collective doit être au cœur de la réponse.
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a rappelé que « depuis le début de l’année, plus de 1100 élus ont été victimes d’agressions ou de menaces, les deux tiers étant des maires ». Une réalité qui souligne une fracture civique profonde, alimentée par une société qu’il juge « déliée », en perte de repères, et confrontée à une « dé-civilisation rampante ».

Répression, éducation, réparation : un triptyque assumé

Pour David Lisnard, le civisme « n’est pas synonyme de citoyenneté » : il s’agit d’une « attitude morale fondée sur la conscience de sa liberté dans l’espace public ». Cela implique des réponses claires : sanctionner les incivilités, éduquer à la responsabilité, et réparer l’espace commun.
À Cannes, la ville qu’il dirige, « plus de 200 000 procès-verbaux ont été dressés par la police municipale pour des jets de déchets et des dégradations ». Il revendique une politique cohérente, où l’éducation à la civilité dès l’enfance est couplée à une action ferme sur le terrain. « Une communication sans répression ne parle qu’à ceux déjà convaincus », résume-t-il. Maxence de Rugy insiste, de son côté, sur l’impact du Passeport du civisme : « 100 000 jeunes déjà engagés dans plus de 500 communes, ce n’est pas rien. Et quand on voit 4 000 enfants chanter la Marseillaise ensemble, on se dit que l’espoir existe. »

Faire du civisme une cause nationale

L’étude IFOP montre que pour 78 % des Français, l’école devrait en faire une priorité éducative, et pour 74 %, l’exemplarité des élus et des institutions est essentielle. « Le civisme, c’est la gratitude, c’est comprendre qu’on est redevable à la société et qu’on doit lui rendre ce que l’on a reçu », a rappelé Bruno Retailleau.
Loin d’un discours nostalgique, les intervenants ont plaidé pour un renouveau civique enraciné dans la proximité. « La commune, c’est la petite patrie, c’est là que tout commence », résume Maxence de Rugy. Une idée partagée par Édouard Philippe, également présent à cette journée, et désormais engagé dans la démarche avec la ville du Havre.
Le constat est clair : il n’y a pas de République sans civisme. Et il y a urgence à retisser les liens, face à un individualisme triomphant et à une montée des violences quotidiennes.

 

 

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