Le Sénat se penche sur la lutte contre l’extension du risque incendie
Alors que la France fait face en ce moment à une vague de chaleur particulièrement précoce et intense, une mission d’information conjointe du Sénat travaille sur les moyens de mieux prévenir le risque incendie. Ses propositions seront rendues avant fin juillet.
La mission d’information sénatoriale sur la prévention du risque incendie, installée en mai dernier, se penche également sur la lutte contre la propagation de feux extrêmes dans un contexte où le changement climatique augmente leur fréquence dans le monde. Son objectif : formuler des propositions pour adapter la stratégie de prévention du risque d’incendie au contexte du changement climatique, et faire évoluer le comportement des usagers et les pratiques des professionnels face à cette menace grandissante.
Les deux commissions (aménagement du territoire et développement durable, affaires économiques) ont organisé, le 15 juin, une table ronde consacrée à ces enjeux, autour de représentants des sylviculteurs, des sapeurs pompiers et de l’INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement).
Priorisation politique
Chercheur à l’INRAE sur la modélisation des feux de forêt, François Pimont rappelle que « les périodes de risques et les zones concernées vont inévitablement s’étendre dans les années à venir. La prévention est d’autant plus importante que l’on ne constate pas d’amélioration de nos performances sur les feux déjà partis ». Soulignant l’importance du triptyque prévention, prévision et lutte, Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs pompiers de France, a indiqué que l’homme est à l’origine de 95% des feux. Il a rappelé « la valeur de l’intervention des pompiers, le "sauvé" se chiffrant en centaines de millions » tout en regrettant qu’« aujourd’hui les moyens humains et financiers ne sont pas à la hauteur des enjeux ! ».
Ancien secrétaire général du Syndicat des sylviculteurs du Sud Ouest, François Pinaudeau a quant à lui insisté sur le fait que « les techniques opérationnelles de prévention et de lutte sont connues : le sujet est donc bien la priorisation politique ».
Hausse de l’ampleur et de l’intensité des feux
Selon Pascal Martin, un des rapporteurs de la mission sénatoriale, « comme l’ont notamment mis en lumière les récents travaux du GIEC, le changement climatique, combiné à la déprise agricole et à l’urbanisation croissante, expose le territoire national à une augmentation du risque incendie ».
Autre rapporteur, Jean Bacci indique que « les feux, historiquement contenus en France et concentrés dans le Sud du pays, pourraient se diffuser au Nord ; leur ampleur et leur intensité pourraient s’accroître, au point de faire craindre l’arrivée en France de feux extrêmes particulièrement difficiles à maîtriser, comme l’ont récemment expérimenté l’Australie ou les États Unis ».
Propositions législatives et territoriales
Troisième rapporteur de la mission sénatoriale, Olivier Rietmann observe que « davantage de campagnes de sensibilisation seront nécessaires pour faire évoluer le comportement des usagers et les pratiques des professionnels face à cette menace grandissante ». Egalement rapporteure, Anne Catherine Loisier estime que « l’objectif de la mission est de formuler des propositions législatives et surtout territoriales pour renforcer notre stratégie de prévention du risque d’incendie et de mobiliser les acteurs locaux ».
Les rapporteurs se déplaceront le 11 juillet dans la plaine des Maures, un an après l’incendie particulièrement dévastateur ayant touché le massif. Ils doivent rendre les conclusions de la mission avant fin juillet.