Polices municipales : la sécurité locale a un prix

, mis à jour le 23/10/2025 à 12h00
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Les dépenses de fonctionnement des polices municipales et intercommunales ont atteint 2,28 milliards d’euros en 2024

Selon les dernières études de l’OFGL et de l’Observatoire Adelyce, les dépenses des polices municipales atteignent des niveaux record. Entre hausse des coûts, pénurie d’agents et nouveaux défis sécuritaires, les collectivités cherchent un modèle soutenable, tandis que la réforme de la filière est attendue au Parlement à l’automne 2025.

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La police municipale, placée sous l’autorité du maire, s’impose désormais comme un maillon essentiel du continuum de sécurité locale. Mais son essor a un coût.

D’après l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL), les dépenses de fonctionnement des polices municipales et intercommunales ont atteint 2,28 milliards d’euros en 2024, soit 3,84 % des budgets communaux pour les collectivités dotées d’un service. Ces dépenses ont progressé de 5,7 % sur un an, un rythme supérieur à celui observé dans les autres services publics.

Les frais de personnel représentent près de 90 % des dépenses de fonctionnement, confirmant le poids des ressources humaines dans ce service de proximité. En moyenne, les communes y consacrent 48 euros par habitant, mais les écarts sont importants : de 24 euros dans les petites villes à plus de 50 euros dans les communes touristiques ou fortement urbanisées.
L’étude de l’OFGL souligne aussi une hausse des investissements, passés à 314 millions d’euros en 2024, principalement pour la construction de bâtiments, la vidéoprotection ou l’armement. Des dépenses plus lourdes dans les zones denses et sur l’arc méditerranéen, où les besoins en sécurité sont accrus.

Salaires, ISFE et tensions RH 

L’Observatoire Adelyce dresse un autre constat : celui d’une filière en tension sociale et financière. Entre 2020 et 2024, la masse salariale de la police municipale a bondi de 17,5 %, sous l’effet combiné des revalorisations, des promotions et de la mise en place du nouveau régime indemnitaire ISFE (Indemnité spéciale de fonction et d’engagement).

Depuis son entrée en vigueur en janvier 2025, ce dispositif a porté la prime moyenne à plus de 800 euros par mois, une hausse équivalente à celle enregistrée sur les huit années précédentes.

Mais la question du recrutement et de la fidélisation demeure. La filière souffre d’un turn-over élevé chez les jeunes agents, attirés par de meilleures conditions ailleurs, et d’un encadrement vieillissant.
Le salaire moyen atteint 3 400 euros bruts par mois, avec de fortes disparités régionales : 3 000 euros dans l’Ouest contre 3 870 euros en Île-de-France. Les heures supplémentaires, qui représentent jusqu’à 10 % des rémunérations, traduisent des horaires étendus et une forte pression opérationnelle.

La réforme annoncée de la police municipale, attendue au Parlement à l’automne 2025, entend redéfinir le rôle et les compétences de ces agents, entre nouvelles missions de verbalisation, usage accru des technologies et harmonisation des pratiques d’armement.
Mais au-delà des annonces, les collectivités doivent relever un défi majeur : maintenir une sécurité de proximité efficace sans déséquilibrer leurs budgets, tout en rendant la filière plus attractive et durable.

 

Danièle Licata, rédactrice en chef Zepros Territorial, décrypte enjeux publics et collectivités. Forte de 20 ans en presse économique, elle rend accessibles les sujets complexes avec passion et engagement.
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