
Décentraliser pour de bon, le cri du coeur de l'AMF

A l'occasion du lancement officielle de la campagne nationale « Osez l’engagement ! » lors de sa conférence de rentrée du 16 septembre, l’Association des maires de France (AMF) a déroulé son plaidoyer : oui à une décentralisation réelle, non aux injonctions contradictoires et aux ponctions masquées. Message envoyé alors qu’à peine installé à Matignon, Sébastien Lecornu multiplie les signaux aux élus locaux et a adressé, le 17 septembre, une lettre à l’ensemble des maires pour relancer un dialogue direct. Dans la foulée, Villes de France demande à rencontrer le Premier ministre pour co-construire l’acte à venir.
" Qu’on cesse de parler décentralisation au micro et recentralisation au Journal officiel. Les communes n’attendent pas des sermons ; elles attendent le droit d’agir ". Le ton est donné. David Lisnard, président de l'association et maire de Cannes, de poursuivre : " on nous promet la décentralisation tous les six mois. L’AMF s’en réjouit… mais « raisonnablement », car entre l’annonce et la réalité, le gouffre demeure : des missions en plus, des moyens en moins. Et d'ajouter : " Cette injonction contradictoire permanente — baisser la dépense tout en finançant de nouvelles normes — étrangle nos mairies."
Les Français, eux, savent encore où bat le cœur civique : « Les maires font exception… avec au moins 70 % de soutien ». Mais la corde s’use : 42 démissions de maires par mois, « 8 sur 10 » élus confrontés à la violence, et des secrétariats de mairie à bout. « Nous ne quémandons pas », martèle la maison des maires. « On nous demande à la fois d’agir avec de moins en moins de moyens. »
Côté coulisses, le sketch bureaucratique continue : " pour démolir un vieux château d’eau, on exige un hôtel à hirondelles, puis un hôtel à chauves-souris. Le fameux « choc de simplification » ? « C’est plus compliqué à la fin. »
Côté finances, la dégradation est bien réelle : +13 points de charges patronales (CNRACL) en cinq ans ; 55 % de la TVA qui compense des impôts supprimés ; 3 % de surfaces à rénover chaque année (bâti public > 250 m²) ; près d’1 milliard pour l’automatisation énergétique.
Quant au moratoire sur les normes ? L’AMF le réclame encore et encore.
Reste l’essentiel : rendre la liberté pour assumer les responsabilités. Liberté fiscale (choisir et répondre devant les habitants), blocs de compétences clairs (« arrêter de se marcher sur les pieds »), contrats de confiance plutôt que perfusions aléatoires. Sinon, 2025 masquera la misère en fin de mandat ; 2026 pourrait devenir l’année des budgets-croupions. « La commune, petite patrie dans la grande, c’est plus vrai que jamais », souffle un élu. " Osez l’engagement, répète l’AMF — "mais donnez-lui l’oxygène".
Villes de France veut un « nouvel élan » concret
Dans la foulée, Villes de France demande à rencontrer le Premier ministre pour co-construire l’acte à venir. Sébastien Lecornu promet au Parlement un « grand acte de décentralisation, de clarification et de liberté locale ». Les villes moyennes ne réclament pas un « grand soir », mais « un nouvel élan à retrouver », d’abord sur le logement.
L’association réaffirme l’intercommunalité comme échelon opérationnel de la politique de l’habitat : si compétence il y a, qu’elle soit renforcée pour les Autorités organisatrices de l’habitat, et accompagnée des moyens réglementaires, humains et fiscaux. Plus largement, Villes de France plaide pour " une relation horizontale et partenariale : à l’État, les lignes stratégiques ; aux collectivités, la liberté de réalisation. Et d’exiger d’être pleinement consultée sur la décentralisation comme sur le budget 2026, afin de permettre aux élus d’agir efficacement au service des habitants ".