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Les dons d’invendus des grandes surfaces aux épiceries solidaires s’effondrent

Danièle Licata
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Les dons d’invendus des grandes surfaces permettent à 230 000 bénéficiaires de choisir leur panier d’achat contre une faible participation financière

C’est un cri alarme que lance l’Association Nationale des Epiceries Solidaires (Andès) qui fédère un réseau de 600 d’épiceries en France qui permettent aux populations en grande précarité alimentaire d’accéder à des produits de qualité. Car 2023, le volume des dons des grandes surfaces a diminué de 29%. 

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« Ce chiffre issu du bilan annuel d’Andès confirme la baisse inédite et massive des dons constatée sur le terrain » prévient l’association. Les dons d’invendus qui permettent aux 230 000 bénéficiaires de choisir leur panier d’achat contre une faible participation financière ne représentent plus que 22 % de l’approvisionnement total de l’association contre 35 % il y a un an.  Or, « ce désengagement de la grande distribution intervient au moment où le nombre de bénéficiaires explose et où les prix des produits alimentaires flambent » avertit l’Andès. Et si la quantité n’est plus au RDV, la qualité se dégrade. « L’état et la fraîcheur des produits donnés sont également dégradés, et ne correspondent souvent plus aux produits recherchés par les clients bénéficiaires » déplore l’Andès.

Une précarité alimentaire étendue à de nouvelles populations

Selon le Credoc, 16% des Français souffrent désormais de précarité alimentaire. Le phénomène touche particulièrement les femmes, notamment les mamans solos, les jeunes, avec un rebond des difficultés (pertes d’emploi, isolement) lors de la crise du Covid-19, les retraités avec de faibles retraites et les travailleurs modestes. Au-delà de la privation, l’absence de choix est un nouveau marqueur de la précarité : 45% des Français déclarent ainsi manger suffisamment mais ne pas pouvoir consommer ce qu’ils souhaitent. Ces situations s’étendent progressivement aux populations aux revenus modestes, mais pleinement intégrées dans le tissu social : 31% des actifs avec des bas salaires sont en précarité alimentaire et 42% ne peuvent pas manger ce qu’ils veulent. Quant aux classes moyennes inférieures, 13% souffrent de précarité alors que 55% ne mangent pas ce qu’elles veulent. 

Conséquences : entre 2021 et 2023, les épiceries solidaires du réseau Andès ont ainsi accompagné 31 % de bénéficiaires supplémentaires : familles monoparentales, travailleurs précaires, étudiants, retraités... Or, face à la baisse des dons en quantité et en qualité, et la hausse des prix d’achats, 38% des épiceries solidaires du réseau Andès déclaraient dès fin 2022 avoir dû réduire les quantités et/ou la qualité des denrées proposées à leurs bénéficiaires et rechercher de nouvelles formes de collaboration et d’engagement avec la grande distribution qui pour l'association doit continuer à constituer un maillon essentiel dans l’approvisionnement des acteurs de l’aide alimentaire. « Pour ce faire, elle peut par exemple proposer un abondement lors des collectes organisées en magasin ou bien encore favoriser des offres d’achat à tarifs préférentiels » propose le réseau. 
 

Danièle Licata
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