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Franck Proust, Président de Nîmes Métropole : « laissons faire les élus qui savent ce qui est le mieux pour leur territoire »

Danièle Licata
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Franck Proust, Président de Nîmes Métropole

Pour Franck Proust, Président de Nîmes Métropole, la loi Climat et Résilience qui modifie en profondeur le code de l’urbanisme, notamment à travers l’objectif « zéro artificialisation nette », alors que dans le même temps « on nous demande de construire des logements et de réindustrialiser la France ». Rencontre avec un patron d’agglo inquiet.

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Zepros - Territorial : Quels sont les principaux axes de développement ?
Franck Proust : Le projet de territoire Nîmes éco-Métropole 2032 repose sur 3 ambitions. D’abord, nous souhaitons une métropole inscrite dans la transition énergétique et écologique avec une mobilité partagée, parce qu'il ne peut pas y avoir de communauté de l'agglomération cohérente s'il n'y a pas une politique de transport efficace. Ensuite, nous la souhaitons solidaire pour s’adapter aux différentes crises à travers notamment un plan de protection contre les inondations et enfin, compétitive et créatrice d’emplois. Car dans une région où le taux de chômage est à 2 chiffres, la priorité est le développement économique avec un défi à relever, l’aménagement du territoire qui tient compte de la rareté du foncier, de son inondabilité et des contraintes environnementales, puisque nous avons une biodiversité très riche.

ZT : Vous faites allusion à la loi Climat et Résilience de 2021 …
FP : Effectivement, un véritable casse-tête pour les élus. Car cette loi modifie en profondeur le code de l’urbanisme, notamment à travers l’objectif « Zéro artificialisation nette ». Et les schémas de cohérence territoriale (Scot), documents d’urbanisme s’appliquant notamment aux regroupements de communes doivent s’y soumettre d’ici 2027. Mais comment mettre en adéquation nos objectifs en termes de production de logements et de développement économique - même si le bien-fondé de la loi n’est pas à remettre en question - puisqu’effectivement, on se doit dans les prochaines années de moins consommer de terres agricoles ? 
A deux ans des municipales, la loi contraint déjà les élus à geler leurs investissements faute d’espaces disponibles. N’oublions pas que l’investissement public est un des principaux piliers de la croissance française. Nous sommes dans un pays schizophrène. Exemple : on nous demande de produire des logements sur les 39 communes, et notamment des logements sociaux, mais dans le même temps, la loi ne nous permet plus de construire. Et certains maires de nos communes de 5 à 10 000 habitants sont sommés de payer 300 à 400 000€ d’amendes faute d’avoir produit suffisamment de logements sociaux. Autre exemple : on nous demande de réindustrialiser la France ce qui implique de construire des zones économiques, des zones d'énergie renouvelables, des logements, des infrastructures… pour cela j’aurais besoin de 80 hectares. Le plus préoccupant est que les maires élus lors des prochaines municipales n’auront plus aucune terre de disponible pour mettre en œuvre leurs projets. C’est pourquoi, cette sobriété foncière ne doit s’appliquer à la période 2011-2015 mais à celle de 2015-2025.

ZT : Quels messages souhaiteriez-vous adresser au Gouvernement ?
FP : En matière d'urbanisme et d'économie, nous avons besoin de mesures qui tiennent compte de nos particularités. Soyez souples, allégez le délai entre la prise de décision politique et la concrétisation des projets, qui n'a jamais été aussi long. Pendant ce temps, des entreprises souffrent et le chômage repart à la hausse. Arrêtons avec les normes qui étouffent notre pays. Rétablissons une vraie décentralisation et laissons faire les élus locaux qui savent ce qui est le mieux pour leur territoire car le non-cumul des mandats a coupé bon nombre de parlementaires du terrain, les rendant parfois déconnectés des réalités que rencontrent les élus locaux.
 

Danièle Licata
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