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Macron veut créer dix « RER métropolitains »

Philippe Pottiée-Sperry
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Macron veut créer dix « RER métropolitains »

Le chef de l’Etat affirme la nécessité de développer un transport ferroviaire du quotidien dans les dix plus grandes agglomérations. L’idée n’est pas nouvelle. Les régions comme les élus urbains demandent une vraie stratégie et des moyens financiers supplémentaires.

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Drôle d’endroit pour une annonce ! Emmanuel Macron a souhaité le dimanche 27 novembre, sur YouTube, en répondant à des internautes, le développement d’un transport ferroviaire du quotidien de type RER dans dix métropoles afin de favoriser la transition écologique. Il s’agirait de viser « les dix principales villes françaises où il y a thromboses, où il y a trop de circulation, où les déplacements sont compliqués ». « On doit se doter d'une vraie stratégie de transports urbains », a lancé le chef de l'État en affirmant que « le RER n'est pas que sur Paris ». 

Des sites pas encore choisis
Des propos qui ont un peu créé la surprise. S’il y a consensus sur la finalité se posent les questions de la planification des travaux et des modalités de leur financement. Interrogé dès le lendemain des annonces du chef de l’Etat, le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune, a confirmé ce projet de création de RER tout en reconnaissant qu’« il n’y a pas encore de liste déterminée » pour les sites choisis. Dans les colonnes du Figaro, il a salué « un projet de transformation majeur, écologique et social, pour la décennie qui vient ». Le conseil d'orientation des infrastructures de transport devrait rendre au gouvernement, avant fin décembre, son rapport sur les investissements supplémentaires pour les infrastructures ferroviaires sur la période 2025-2032. 
Loin d’être nouvelle, cette idée de RER métropolitains est avancée depuis plusieurs années par les régions et les grandes agglomérations, avec le soutien de la SNCF et de l’Etat. La loi « LOM » de 2019 prévoyait déjà de doubler la part modale du transport ferroviaire dans les grands pôles urbains. Depuis l’annonce du président de la République, les réactions et les questionnements se succèdent. 

Les régions veulent « connaître les règles du jeu »
Parmi les premiers à réagir, Jean Rotter, président de la région Grand Est et de la commission Transports et infrastructures de Régions de France, a affirmé », au micro de France Info le 28 novembre, vouloir rencontrer le gouvernement « le plus rapidement possible », afin de « connaître les règles du jeu » et « définir une stratégie ». 
Fin octobre, les présidents de région avaient publié une tribune dans le journal Le Monde pour appeler à la mise en place d’un « New deal ferroviaire », se voulant « un investissement massif sur tout le ferroviaire en France ». Selon Jean Rottner, l'annonce d'Emmanuel Macron va dans ce sens mais il appelle à une « vraie discussion entre l'État, la SNCF, les régions, les métropoles et les intercommunalités » afin « de rattraper le retard » du pays en matière d'infrastructures.

Demande de moyens supplémentaires
Pour sa part, l’association France urbaine indique « appeler depuis plusieurs années l’Etat à accompagner financièrement les collectivités à investir massivement dans le développement des infrastructures de mobilités, en développant notamment des RER métropolitains ». Satisfaite donc de ce diagnostic commun, l’association demande aux régions, compétentes en matière de ferroviaire métropolitain, de disposer de « moyens supplémentaires pour l’investissement dans les infrastructures, le matériel roulant et la signalisation ».
Alors qu’il est fortement déficitaire et lourdement impacté par la hausse des prix de l’énergie, le modèle économique des transports urbains doit aussi dans le même temps « être soutenu, afin que l’offre soit augmentée et que de réelles alternatives à la voiture individuelle soient possibles dans tous les territoires », affirme l’association. Les élus urbains, ayant déjà formulé des propositions sur le sujet, se disent « prêts à engager un travail commun avec l’Etat et les régions dans les plus brefs délais ». Et de plaider pour des « actes ambitieux et concrets » mais aussi pour que « les métropoles concernées soient pleinement parties prenantes ».

Premier « RER » régional à Strasbourg
A noter que le 11 décembre prochain sera présenté le Réseau express métropolitain européen (REME) initié par l’Eurométropole de Strasbourg et la région Grand Est. « L’engagement d’un saut d’offre majeur et inédit des trains et des cars express vise à renforcer la desserte du bassin de vie bas-rhinois et transfrontalier par des transports publics cadencés et une intermodalité facilitée, en alternative à la voiture individuelle », explique l’Eurométropole. 
Ce projet va se traduire par un train toutes les 15 minutes aux heures de pointe dans 13 gares de l’agglomération, une amplitude horaire élargie, des trains supplémentaires le week-end, plus de cars express, le développement de pôles d’échanges multimodaux performants, d’infrastructures cyclables de qualité… Le REME se déploiera en plusieurs étapes avec, dans un premier temps, la mise en circulation de 1200 trains supplémentaires par semaine en 2023. Un modèle à suivre ?

Philippe Pottiée-Sperry
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