
3 Minutes / 3 Questions dans les conditions du Direct

Zepros Territorial vous emmène chaque semaine avec Place des élus, premier réseau social dédié aux élus et aux acteurs locaux, à la rencontre d’un élu de France. Un format direct, rapide et percutant pour découvrir les défis, réussites et visions de femmes et d’hommes engagés. Invité cette semaine, Denis Vallance, maire d’Allamps (54). En 3 minutes chrono, il partage ses projets marquants, ses petites frustrations et ses grandes ambitions pour sa ville. Un échange sans détour, à ne pas manquer !
Quel est le projet dont vous êtes le plus fier ?
Je suis fier d’avoir toujours tenu ensemble les deux bouts du mandat : l’aménagement structurant et l’animation du quotidien. En tant qu’élu, on ne peut pas choisir entre les deux, il faut porter des projets ambitieux d’un côté, et préserver la cohésion de l’autre. Si je dois illustrer cela, je commencerai par le grand chantier de l’habitat. Dans nos territoires ruraux, certains voient le ZAN (zéro artificialisation nette) comme une entrave. Je préfère y voir une opportunité éthique et concrète pour réinvestir nos villages de l’intérieur. À Allamps, nous avons transformé de vieilles maisons, des terrains délaissés, en logements locatifs. Onze au total, financés sur fonds communaux, sans jamais aller grignoter de terres agricoles. Nous avons aussi lancé un projet innovant avec six autres communes voisines, une sorte de "grappe" de 2 300 habitants, labellisée « Villages d’avenir ». Chaque commune y joue son rôle : ici la boulangerie, là la boucherie, là un établissement médico-social ou une gare. Ensemble, nous formons un bourg-centre réparti, une alternative au modèle de la métropole. Et puis il y a la réouverture du bistrot du village, fermé depuis dix ans. Nous avons testé son retour pendant deux hivers avec une trentaine de bénévoles. Aujourd’hui, un projet de bar-restaurant et trois logements étudiants vont voir le jour, co-gérés par un gérant privé, une association locale et la commune. C’est de la revitalisation concrète et partagée.
Quel est le projet qui vous laisse un goût d’inachevé ?
La forêt. C’est une blessure lente. En 1999, la tempête a ravagé notre massif forestier. Des hêtres centenaires sont tombés comme des dominos. 25 ans plus tard, rien n’a vraiment repoussé. Pas de régénération naturelle, ou si peu. Et pas d’assurance, contrairement à une maison sinistrée. On se sent petit face à l’échelle du désastre. La forêt, ici, c’est notre histoire, nos ressources, nos loisirs, nos recettes… 30 à 40 % du budget communal venaient du bois.
Avec d’autres maires, nous avons fondé l’association Cœur de Maine. Nous voulons réfléchir à une nouvelle gestion forestière, avec les chercheurs de l’INRAE et de l’ONF. Mais tout est lent. Il faut convaincre, réunir, protéger, tester. J’ai l’impression de ramer à contre-courant.
Et demain ?
Ce que j’espère, ce n’est pas une hausse de population, mais une diversification. Je veux que mon village ne soit pas qu’un alignement de villas occupées par des retraités. On a besoin de jeunes couples, de familles modestes, d’étudiants… Pour cela, il faut des logements diversifiés, adaptés, inclusifs.
Et je veux qu’on renoue avec le sens de la communauté. Pas au sens du communautarisme, mais de cette capacité à agir ensemble. Trop souvent, les habitants attendent du maire qu’il règle chaque conflit entre voisins. Mon rêve, c’est qu’ils reprennent la main, qu’ils créent des collectifs, qu’ils arrosent les fleurs ensemble, qu’ils parlent entre eux avant de me téléphoner.
L’intercommunalité est pour moi un levier essentiel. Elle compense la fragilité de nos petites communes. Elle peut fédérer les énergies, mutualiser les forces. Et dans ce cadre, je suis convaincu que l’engagement citoyen n’est pas mort. Il faut juste aller chercher la bonne maille, celle qui permet de recoudre là où le tissu social s’effiloche.
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