Image
v2
Image
v2

Les maires de banlieue tirent la sonnette d’alarme

Philippe Pottiée-Sperry
Image
Les maires de banlieue tirent la sonnette d’alarme

Face à une situation qui ne cesse de se dégrader pour les habitants des quartiers populaires, les élus de Ville & Banlieue pressent le gouvernement à prendre des mesures d’urgence. Les dates pour l’annonce du plan Quartiers 2030 et la tenue du Comité interministériel à la ville ne sont toujours pas connues.

Partager sur

Publiée dans le Monde du 24 mai, la tribune d’une trentaine d’élus locaux de toutes tendances politiques (aujourd’hui signée par près de cinquante élus) réclame un « plan d’urgence pour les banlieues ». 
« Nous avons voulu interpeller le président de la République sur la situation d’urgence des quartiers populaires concernant les grandes difficultés de leurs habitants, le coût des prix de l’énergie ou la précarité alimentaire avec donc le besoin de moyens nouveaux », a expliqué Gilles Leproust, le président de Ville & Banlieue, lors d’un point de presse le 2 juin, à Villejuif constituant l’une des étapes du Tour de France de l’association à l’occasion de ses 40 ans qu’elle célèbrera les 18 et 19 octobre à Lyon.

Hausse de l’urgence alimentaire
Les élus demandent un dispositif pérenne de lutte contre la précarité alimentaire, le gel des prix de l’énergie pour les bailleurs sociaux et un abondement de 2 Md€ pour l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). « Plus que jamais, les droits élémentaires à l’éducation, à la sécurité, à la santé, aux sports, à la culture et à l’emploi doivent être une réalité », lance Gilles Leproust.
Le maire d’Allonnes (72) s’inquiète de la forte hausse du nombre de personnes faisant appel aux distributions d’urgence alimentaire. « Le Secours catholique, le Secours populaire, les Restos du cœur et nos CCAS nous font remonter des demandes croissantes, notamment de la part d’une population nouvelle », pointe le président de Villes et Banlieue. 

Le CIV toujours en attente
A cela s’ajoute un chômage qui reste élevé dans les quartiers populaires. « Il y est 2,7 fois supérieur aux autres quartiers urbains, souligne Damien Allouch, secrétaire général de l’association et maire d’Épinay sous Sénart (91). Le nombre de personnes qui ne recourent plus à leurs droits est à un niveau préoccupant accentué par l’affaiblissement des services publics, qui amplifie la fracture numérique que subissent de nombreux citoyens. » 
Autre signal d’alarme : la moitié des bailleurs sociaux ont enregistré, en 2022, une augmentation de plus de 10 % du nombre de loyers en retard de paiement de plus de trois mois (source USH). « Cette situation très préoccupante va encore s’aggraver en 2023 », craint Gilles Leproust. 
Dans ce contexte, le président de Villes et Banlieue déplore que, début juin, il n’y ait toujours pas de dates pour l’annonce par Emmanuel Macron du plan Quartiers 2030 et pour la tenue du Comité interministériel à la ville (CIV), prévues théoriquement en juin. 

Calendrier trop serré des contrats de ville
Devant les préfets de département, début avril, le ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein, a lancé la préparation de la prochaine génération des contrats de ville, d’une durée de trois ans. Dénommés « Engagements Quartiers 2030 », ils prendront la suite des contrats actuels, à compter du 1er janvier 2024. « Nous avons prévenu le ministre depuis le début de l’année, les délais vont être beaucoup trop rapides, prévient Gilles Leproust. A ce jour, certains maires n’ont même pas encore été reçus par leur préfet ». Autre situation citée par l'association : les maires du Val d’Oise ne rencontreront le préfet qu’en septembre et cela uniquement sur la question des périmètres. Pour sa part, Damien Allouch regrette qu’on reste « dans le brouillard tant qu’il n’y a pas de prise de parole du président de la République, en particulier sur la question des moyens ». 

« A moyens constants »
Le président de Ville & Banlieue dénonce également « la reconduction des crédits de la politique de la ville à moyens constants alors que les besoins sont très importants et que l’inflation signifie en réalité une baisse des crédits ». A ce propos, l’association fustige le montant de la DSU (dotation de solidarité urbaine) 2023 qui s’élève à 90 M€ contre 200 M€ pour la DSR (dotation de solidarité rurale).
« Aujourd’hui, tous les signaux sont au rouge pour les habitants et les associations de nos quartiers, s’alarme Gilles Leproust. Face à l’urgence sociale, il nous faut au plus vite des mesures concrètes ».

Philippe Pottiée-Sperry
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire