Paris creuse la liaison entre la Gare du Nord et la Gare de l’Est
Dans le Xe arrondissement, Paris s’attaque à l’un de ses points noirs de la mobilité. Un tunnel piéton souterrain reliera bientôt la Gare du Nord et la Gare de l’Est, offrant aux centaines de milliers de voyageurs quotidiens un parcours plus fluide, plus sûr et plus accessible.
Séparées par seulement 1,5 kilomètre, la Gare du Nord et la Gare de l’Est concentrent à elles deux l’un des flux de voyageurs les plus importants d’Europe. Chaque jour, près de 800 000 usagers transitent dans ce secteur stratégique, où s’entrecroisent RER, Transilien, grandes lignes, métro, bus et bientôt le CDG Express. Jusqu’ici, la correspondance entre les deux gares relevait pourtant du parcours d’obstacles : 10 à 15 minutes de marche en surface, au milieu d’un trafic dense et peu lisible.
Attendu depuis les années 1990, le projet de tunnel piéton marque une étape structurante dans l’aménagement du pôle ferroviaire du nord parisien. Long de 50 mètres, creusé sous la rue La Fayette à seulement quatre mètres de profondeur, l’ouvrage permettra de relier les deux gares en quelques minutes, dans un espace sécurisé et accessible à tous les publics, notamment aux personnes à mobilité réduite.
Un chantier d’orfèvre en milieu hyper-urbain
Démarrés en septembre 2024, les travaux se déroulent dans des conditions particulièrement contraignantes, au cœur d’un tissu urbain dense et sous des infrastructures ferroviaires en exploitation permanente. Le creusement repose sur une technique éprouvée, la « voûte parapluie », permettant de stabiliser le terrain et de progresser par tronçons successifs, à raison d’un cintre métallique posé chaque jour.
Les accès au tunnel constituent l’un des principaux défis du chantier. Côté Gare de l’Est, une ouverture de plus de dix mètres est réalisée dans un mur porteur massif, tandis que côté Gare du Nord, l’intervention s’effectue dans une structure en béton armé plus récente. Au total, 6 600 tonnes de terres seront excavées, 2 000 m³ de béton coulés et 450 tonnes d’acier mises en œuvre.
Au-delà de la performance technique, le projet s’inscrit dans une logique d’utilité publique élargie. Il intègre des aménagements voyageurs depuis le hall Alsace de la Gare de l’Est et la gare Magenta, ainsi qu’une clause d’insertion de plus de 5 000 heures, destinée à la formation et à l’emploi dans les métiers du génie civil souterrain.
Les travaux doivent s’achever en février 2027, en cohérence avec la mise en service du CDG Express. Une fois ouvert, ce tunnel discret mais stratégique transformera durablement l’expérience de mobilité dans le nord parisien, en rendant enfin lisible et fluide une correspondance essentielle du quotidien métropolitain.