
A Sarlat, la mobilité devient une affaire de solidarité

Avec la plateforme Atchoum, la Communauté de communes du Périgord noir mise sur l’entraide pour faciliter les déplacements du quotidien. Thomas Procureur, chef de projet Petites Villes de Demain et chargé de mission mobilité à la Ville de Sarlat (24), revient sur cette initiative qui recrée du lien social tout en offrant une réponse concrète aux besoins des habitants.
Pourquoi avoir fait de la mobilité un enjeu prioritaire pour votre communauté de communes ?
La compétence mobilité a été transférée à la Communauté de communes du Périgord noir en juillet 2021. Sur notre territoire, le besoin de déplacement concerne particulièrement les seniors, notamment pour des trajets essentiels – se rendre chez le médecin, à la pharmacie ou pour renouveler une ordonnance. Nous disposions déjà d’un service de transport urbain sur la ville de Sarlat, mais il ne couvrait pas tout le territoire. Le Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) avait identifié depuis plusieurs années ces difficultés et cherchait une solution complémentaire. C’est dans ce cadre que nous avons rencontré l’association Atchoum, dont le dispositif de transport solidaire nous a tout de suite semblé adapté : il repose sur une plateforme téléphonique, essentielle pour des publics pas toujours à l’aise avec les outils numériques. Le contact humain reste au cœur du service, et c’est ce qui a convaincu les élus.
En quoi consiste concrètement ce service de mobilité solidaire ?
Le principe est simple : mettre en relation des passagers ayant un besoin ponctuel de déplacement avec des conducteurs bénévoles. Ces derniers sont indemnisés pour les frais liés à l’usage du véhicule – carburant, usure – mais le temps qu’ils consacrent reste bénévole. Nous sommes donc dans une logique d’entraide et de solidarité. Les trajets concernent le plus souvent des déplacements de proximité : rendez-vous médicaux, courses, démarches administratives, parfois même une sortie culturelle. Le service est ouvert à tous les habitants, et ponctuellement à des visiteurs ou proches de résidents.
Depuis le lancement, en septembre 2022, l’expérimentation prend de l’ampleur : une centaine de passagers et une cinquantaine de conducteurs sont déjà inscrits. Certains usagers ont désormais leurs conducteurs « attitrés » et ajustent leurs horaires pour s’adapter les uns aux autres. C’est aussi ce lien de confiance et cette dimension humaine qui font le succès du dispositif.
Quel bilan tirez-vous de cette première année d’expérimentation ?
Il est très positif. Le service répond clairement à un besoin réel de mobilité quotidienne pour des habitants parfois isolés ou âgés, qui ne conduisent plus ou ne souhaitent pas utiliser Internet. Nous continuons à recruter des conducteurs, souvent des jeunes retraités, et à faire connaître le dispositif grâce aux associations locales, aux mairies et aux centres de santé.
Autre atout : le système de « tickets mobilité », qui permet aux usagers de régler leurs trajets sans échange d’argent direct. Cela facilite l’accès au service et renforce la confiance.
Atchoum offre une vraie souplesse et une approche de proximité, complémentaire des transports publics. Dans un territoire rural où les distances sont longues et la densité faible, cette solution solidaire redonne de l’autonomie et du lien social. Et c’est sans doute là sa plus belle réussite.