Le plan vélo passe à la vitesse supérieure

Philippe Pottiée-Sperry
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Le plan vélo passe à la vitesse supérieure

Le nouveau plan prévoit 2 Md€ d’ici 2027, un montant sans précédent, dont 1,5 Md€ pour développer les infrastructures cyclables et doubler les pistes cyclables. Parmi les autres mesures : la prolongation des aides à l’achat de vélo ou la formation de 850 000 enfants chaque année.

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Lutte contre le réchauffement climatique oblige, le gouvernement donne un gros coup d’accélérateur sur le vélo. « Il permet de décarboner les mobilités et nous accélérons aujourd'hui avec le nouveau plan vélo. L'État va investir 2 Md€ d’ici 2027 pour les infrastructures, la sécurité et la formation à la pratique du vélo », a indiqué Elisabeth Borne, lors du premier comité interministériel « vélo et marche », qui s’est tenu le 5 mai, en présence de plusieurs ministres. 

Un investissement inédit
Après un premier plan vélo en 2018, avec déjà de bons résultats, ce nouveau plan (2023-2027) veut doper la culture du vélo en termes d’infrastructures mais aussi de formation et de renforcement de la sécurité des usagers. Objectif affiché : « faire du vélo l’un des premiers modes de déplacement du quotidien ». « Aujourd’hui, la moitié de nos déplacements en voiture fait moins de 5 km. Cela constitue un potentiel immense pour le vélo », estime Clément Beaune, le ministre délégué chargé des Transports. 
Parallèlement au plan de 2 Md€, un montant jamais atteint pour les mobilités douces, le gouvernement espère ajouter 4 Md€ de la part des collectivités pour atteindre 6 Md€ d’investissements d’ici 2027. Parmi les associations d’élus, France urbaine salue « un plan bienvenu et volontariste ». Satisfecit aussi de l’ouverture et de la facilitation d’accès aux aides directes à l’achat de vélo aux collectivités, ainsi que l’accompagnement des collectivités à la conversion de leurs véhicules polluants. 

100 000 km de pistes cyclables en 2030
Le premier axe du nouveau plan vise à booster les infrastructures cyclables sur tout le territoire et à doubler ainsi le réseau cyclable. L’objectif est d’atteindre 100 000 km de pistes cyclables en 2030 (80 000 km en 2027) avec 250 M€ mobilisés chaque année par l’Etat. « Un effort sans précédent et inédit », insiste Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Le fonds mobilités actives est pérennisé à hauteur de 1,25 Md€ (250 M€ par an), pour accélérer le développement des aménagements cyclables. 
Depuis 2018, 410 M€ ont déjà été investis dans le fonds mobilités actives pour soutenir les projets de création de pistes cyclables et des places de stationnement sécurisées pour les vélos dans toutes les gares. Cela a permis 17 000 km supplémentaires de pistes cyclables et de voies vertes sur un total de 57 600 km. 

Appel à territoires cyclables
Le 21 janvier dernier, un nouvel appel à projets fonds mobilités actives - aménagements cyclables, avait été lancé avec une enveloppe de 100 M€ pour financer des projets d’aménagements cyclables sécurisés. 610 dossiers ont été reçus et les lauréats seront annoncés en septembre.
A l’abondement important du fonds mobilité actives s’ajoute un « appel à territoires cyclables » devant être lancé sous forme expérimentale dans les prochains jours. Objectif : accompagner dans la durée des territoires peu ou moyennement denses et accélérer la mise en œuvre de leur schéma cyclable. Son budget s’élève à 100 M€.

Conforter réseau des véloroutes 
Le réseau des véloroutes constitue le réseau structurant au niveau national et régional. Permettant le déplacement sécurisé sur de longues distances, il répond à une attente des usagers et propose des solutions sécurisées pour les déplacements du quotidien ou de loisir. À travers les contrats de plan État-Régions (CPER) 2023-2027, l’État aidera pour la première fois à compléter le maillage territorial de ces réseaux en contractualisant jusqu’à 200 M€. Un arrêté ministériel du 5 mai officialise le schéma national des véloroutes. Les maîtres d’ouvrage d’infrastructures routières, ferroviaires, fluviales sont notamment tenus de le prendre en compte dans leurs projets.
Le gouvernement n’oublie pas les piétons avec le programme « ID-marche ». Il prévoit d’intensifier l’appui aux collectivités pour favoriser la politique de la marche. Pour accompagner les politiques locales, 4 M€ seront investis sur quatre ans par le ministère des Transports, le Cerema et l’Ademe qui piloteront ce programme.

Le vélo dès le plus jeune âge
Depuis 2019, 200 000 enfants ont été formés au dispositif Savoir rouler à vélo. En 2023, 200 000 enfants supplémentaires en bénéficieront. Progressivement, ce sont pas moins de 850 000 enfants qui seront formés chaque année, soit l’ensemble d’une classe d’âge, avant leur entrée au collège.
Par ailleurs, le programme Objectif employeurs pro vélo, doté de 40 M€ (certificat d’économies d’énergie), accompagne les employeurs publics et privés vers des actions en faveur de la mobilité à vélo de leur salariés (stationnements, solutions et services vélo) et les engage vers l’obtention du label Employeur pro-vélo. Créé en 2021 à l’initiative de la FUB (Fédération française des usagers de la bicyclette) et de l’Ademe, ce label récompense les employeurs engagés : plus de 40 sites sont déjà labellisés

Extension des aides à l’achat vélo
Sur 2017-2022, 67 M€ d’aides à l’achat d’un vélo ont été versées à plus de 300 000 personnes. Ces aides sont prolongées jusqu’à la fin du plan vélo et marche, en 2027, et s’ouvrent aux vélos d’occasion vendus par des professionnels. De plus, le programme Mon vélo de A à Z entrera prochainement en vigueur. Il développera l’usage du vélo auprès de 15 000 personnes en situation de précarité. Porté par la FUB, ce programme est financé par des certificats d’économies d’énergie à hauteur de 20 M€.
Enfin, le plan gouvernemental veut soutenir la filière vélo. En 2022, 854 000 vélos ont été assemblés dans des usines françaises. L’objectif est d’atteindre 1,4 million en 2027 et deux millions en 2030. Pour cela, trois secteurs seront accompagnés : la cyclologistique (nouvelles déductions d’impôts sur les vélos cargos destinés au transport de marchandise), le vélotourisme (élaboration d’une stratégie nationale), la filière française du vélo reconditionné (100 M€ sur cinq ans).

Philippe Pottiée-Sperry
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