Rencontre avec Florian Bercault, maire de Laval (53) et plus jeune Président d’Agglomération

Danièle Licata
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Rencontre avec Florian Bercault, maire de Laval (53) et plus jeune Président d’Agglomération

Zepros Territorial vous emmène chaque semaine avec France Climat à la rencontre d’un élu de France. Un format direct, rapide et percutant pour découvrir les défis, réussites et visions d’hommes et de femmes engagés. Invité cette semaine, Florian Bercault, maire de Laval (53) Président d’Agglomération pour qui, " la politique du logement est avant tout une affaire de communes ".  

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Êtes-vous un maire bâtisseur ?

Florian Bercault : Non, je me définis plutôt comme un maire rénovateur ou réparateur. Mon objectif est de transformer Laval en adaptant l’existant. Sachant qu’en France, 80 % des logements de 2050 sont déjà construits, il est crucial de les rénover et de les rendre compatibles avec les besoins contemporains : transition écologique, vieillissement de la population, cohabitations familiales, ou encore évolutions liées au télétravail. Mon mandat est guidé par cette transformation plutôt que par une urbanisation massive.

Le gouvernement avait annoncé une décentralisation des politiques du logement. Qu’en est-il ?

FB : La décentralisation est une piste pertinente car les besoins varient fortement entre zones montagneuses, littorales ou villes moyennes comme Laval. Si l’État doit conserver son rôle de régulateur à l’échelle nationale – comme pour l’application de la loi SRU ou les hébergements d’urgence –, il faut plus de souplesse pour les politiques locales et plus de moyens financiers. Le désengagement fiscal de l’État nous inquiète sérieusement : décentraliser sans ressources financières équitables risquerait de freiner les collectivités.

 Quel modèle financier pourrait relancer la production et la rénovation de logements à des prix abordables pour les ménages ?

 FB : Un modèle écologique et territorial, soutenu par des outils comme des foncières partagées entre État et collectivités. Nous devons renforcer les fonds propres des bailleurs sociaux et adopter une fiscalité territoriale plus adaptée. Par exemple, une taxe foncière réformée. A Laval, nous avons déjà exploré des outils tels que les baux « réels et solidaires » dit BRS pour rendre le foncier accessible à des prix raisonnables. Autre levier : les taux d’intérêt bonifiés pour des projets performants énergétiquement aideraient aussi à rendre le logement plus abordable tout en réduisant les charges pour les occupants. Et la Caisse des Dépôts pourrait jouer un rôle essentiel, en proposant des prêts sur 80 à 100 ans et en diminuant le coût du foncier. 

Où en est Laval dans ses ambitions résidentielles ?

FB : Laval a dépassé les objectifs de son Plan local de l’habitat (PLH) avec 200 % de réalisations. La ville accueille 1 à 2 % d’habitants en plus chaque année sur un territoire très industriel et où le lien emploi-logement est très fort, ce qui crée des besoins en logements adaptés, notamment pour des familles et travailleurs. Nous travaillons avec les bailleurs sociaux et Action Logement pour offrir des habitations plus grandes et mieux conçues.

Quelles sont vos actions en faveur du logement social ?

FB : Le logement social est un pilier de notre politique. Avec deux grands bailleurs – l’un départemental et l’autre municipal –, Laval a une vraie maîtrise sur ce secteur. Un Lavallois sur cinq est logé dans un logement social. Nous investissons massivement dans la rénovation urbaine : isolation thermique, surélévations, ajout d’ascenseurs et balcons. Il est essentiel de casser l’image du logement social réservé aux plus pauvres. C’est un outil pour améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs modestes, qui représentent 80 % des éligibles en Mayenne.

Quels sont les projets de rénovation à Laval ?

FB : Le quartier Saint-Nicolas bénéficie d’un investissement de 120 millions d’euros pour rénover 1 700 logements, avec isolation thermique, ascenseurs et balcons ajoutés. D’autres initiatives ciblent le centre-ville historique et des résidences vieillissantes grâce à des dispositifs comme « Laval Agglo Rénov' ». Nous prévoyons la rénovation de plusieurs centaines de logements au quartier du Pavement (35 millions d’euros), la reconstruction du Centre Hospitalier de Laval (110 millions d’euros) et la transformation du stade Francis Le Basser en lieu d’activité économique créant 200 emplois. Ces projets visent à consolider Laval comme un territoire attractif, durable et innovant.
 

Danièle Licata
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