
Territoires zéro chômeur : vers une garantie d’emploi locale ?

Le comité scientifique a présenté les résultats de la deuxième phase de l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée. Si le dispositif montre des effets sociaux remarquables, il interroge désormais sur son coût et son avenir.
Neuf ans après son lancement, l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD) poursuit son objectif : offrir un emploi à toutes les personnes durablement privées d’activité. Portée par les associations TZCLD et le fonds d'expérimentation territoriale contre le chômage de longue durée (ETCLD), cette initiative citoyenne s’appuie sur un principe simple : le chômage de longue durée coûte plus cher à la collectivité que l’emploi lui-même. En 2025, 92 entreprises à but d’emploi (EBE) réparties sur 83 territoires font travailler près de 4 000 personnes, en CDI et à temps choisi, sur des activités utiles aux habitants.
Le rapport d’évaluation présenté fin septembre par le comité scientifique présidé par Yannick L’Horty, accompagné par la Dares et le Haut Conseil du service public (HCSP), dresse un bilan nuancé. L’impact sur le taux d’emploi est spectaculaire : + 74 points en moyenne sur les deux premières années, un record pour une action d’insertion. Le passage en EBE améliore aussi la qualité de vie, le revenu et le lien social. Mais la performance a un prix : le coût brut d’un emploi atteint 26 600 € par an, pour un coût net de 11 000 à 13 700 € après déduction des économies réalisées sur les allocations et impôts.
Entre réussite sociale et limites économiques
Les chercheurs saluent une « action transformatrice » pour les personnes éloignées de l’emploi, mais pointent une fragilité structurelle : lourdeur administrative, inégalités entre territoires, dépendance forte aux aides publiques et absence de véritable perspective de rebond vers l’emploi classique. Les EBE doivent concilier équilibre financier, utilité sociale et accompagnement de publics très fragiles – un triple défi difficilement tenable sans soutien renforcé.
Le comité scientifique recommande d’assouplir le cadre : cibler davantage les territoires les plus en difficulté, raccourcir les délais d’habilitation, et réserver l’accès à ces emplois de proximité aux personnes les plus éloignées du marché du travail. En filigrane, une question traverse tout le rapport : faut-il transformer l’expérimentation TZCLD en une véritable garantie d’emploi territoriale, portée par les collectivités ?
L’ambition demeure intacte : prouver qu’aucun territoire, aucune personne, n’est inemployable. Mais l’État devra décider s’il veut en faire un modèle durable… ou un laboratoire social exemplaire, mais limité dans le temps.