Transition écologique : la Banque des territoires défend la « dette longue »
Le groupe Caisse des dépôts vient de présenter ses résultats 2022. Sa filiale La Banque des territoires a engagé notamment plus de 2 Md€ dans 410 projets dans les territoires. Malgré les réticences des collectivités, elle défend l’endettement de long terme pour financer les investissements sur la transformation écologique.
Un résultat net agrégé de 4,18 Md€ fin 2022 (contre 4,6 Md€ en 2021) avec 886 M€ de fonds d’épargne et 3,29 Md€ de comptes consolidés. « Forte de ses bons résultats, la Caisse des dépôts accélère la transformation écologique et renforce sa contribution à la cohésion sociale et territoriale », a affirmé Eric Lombard, son directeur général, le 23 mars, lors de la présentation des résultats annuels 2022 du groupe Caisse des dépôts.
« Dans le cadre du plan de relance, nous nous étions engagés, en 2020, à investir 26 Md€. Aujourd'hui, nous avons réalisé ce plan à hauteur de 92 % », a ajouté Eric Lombard.
70,5 Md€ de prestations de retraite versées
Autre secteur d’activité de la Caisse des dépôts : les politiques sociales et en particulier les retraites. Elle verse ainsi une retraite sur cinq au niveau national. En 2022, 70,5 Md€ de prestations ont été versées contre 65,7 Md€ en 2021. 72,4 Md€ d’encaissements ont été effectués contre 68,2 Md€ en 2021. Au registre des politiques sociales, la Caisse des dépôts insiste aussi sur les investissements importants dans la lutte contre les déserts médicaux avec notamment des aides pour la construction de maisons de santé.
Par ailleurs, plus de 39 millions de personnes sont bénéficiaires d’un compte personnel de formation, doté de 1814 € en moyenne. Depuis novembre 2019, 5,85 millions de dossiers ont été acceptés, soit près de 8 Md€.
Soutien à 410 projets d’investissement
Concernant le bilan de l’activité de la Banque des territoires, Olivier Sichel, son directeur général, également directeur général délégué de la Caisse des dépôts, tient d’abord à mettre en avant les résultats du haut débit dans les zones rurales. Une contribution importante, selon lui, dans la lutte contre les fractures territoriales. « Avec huit millions de prises sur les dix millions que nous devions financer, nous avons pratiquement fini de réduire la fracture numérique », met-il en avant.
Sur l’activité traditionnelle de la Banque des territoires, 13,6 Md€ de nouveaux prêts ont été signés en 2022 qui se partagent en 11,5 Md€ de prêts pour le logement social et la politique de la ville, « une priorité centrale » de la Caisse des dépôts, 1,1 Md€ pour les collectivités locales et 1 Md€ pour la Société du Grand Paris (prêt exceptionnel sur la mobilité).
S’agissant de l’activité d’investissement, plus de 2 Md€ concernent 410 projets dans les territoires, « soit un un triplement de nos engagements en l’espace de quelques années », souligne Olivier Sichel.
Réponses diverses dans les territoires
Dans la diversité des projets soutenus, le directeur général cite de nombreux exemples. En Normandie, la création de la Sem Axe-Seine énergies renouvelables, avec l’objectif de 230 MW de projets en portefeuille d’ici à 2028, bénéficie d’un investissement de 1,95 M€. « La Banque des territoires finance pas moins de 20 % des capacités nouvelles des énergies renouvelables installées en France », tient à souligner Olivier Sichel.
Autre exemple sur la côte aquitaine : le soutien à l’action du GIP Littoral pour accompagner les collectivités littorales pour s’adapter au changement climatique, avec 335 000 € d’ingénierie. Par ailleurs, 7,5 M€ de prêts ont été attribués à la métropole Nice Côte d’Azur pour l’acquisition de bus électriques et au GNV (gaz naturel de ville) par la Régie Ligne Azur.
En outre-mer, on peut encore citer 29,1 M€ de prêts à la communauté d’agglomération du Centre Littoral (Guyane) pour la réfection des réseaux d’eau et d’assainissement.
Investissements sur le temps long
Au registre des enjeux d’avenir, Olivier Sichel insiste sur la transformation écologique qui figure parmi les premières préoccupations des collectivités locales. Sur son financement, il plaide pour faire de la « pédagogie » auprès des collectivités : « qui dit investissement dit endettement de long terme ». Selon lui, « elles ont été gérées de façon très vertueuse, parfois trop, en ayant financé leurs investissements par de l’autofinancement ou des financements très courts, alors que les infrastructures dont nous parlons méritent d’être financées sur 40 ans ».
Malgré « l’allergie des collectivités à la dette longue », il défend l’intérêt d’investissements sur le temps long pour la transformation écologique. « Il y a une orthodoxie financière à financer des actifs longs avec des passifs longs », souligne-t-il.