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Covid-19 : les demandes des maires à Emmanuel Macron

Philippe Pottiée-Sperry
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Pour la seconde fois, Emmanuel Macron a convié, le 19 mai, plusieurs maires pour un échange sur la crise sanitaire et ses conséquences. Ils étaient 22 dont plusieurs représentants d’associations de maires. Durant les plus de trois heures qu’a duré la visioconférence, les élus ont unanimement réclamé la tenue du second tour des municipales d’ici fin juin.

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Un message reçu cinq sur cinq par le chef de l’Etat comme l’atteste l’annonce du Premier ministre, trois jours plus tard, sur l’organisation du scrutin le 28 juin. « Il voulait acter l’unanimité des associations d’élus sur le sujet », a estimé Christophe Bouillon, président de l’APVF (association des petites villes de France).

« Réussir la première semaine de déconfinement, c’est bien, mais il faut maintenir l’effort », juge Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de France urbaine. Et d’ajouter : « La visioconférence avec le président de la République nous a permis de faire remonter nos expériences de terrain pour améliorer sans cesse les dispositifs et protéger toujours plus les habitants ». Il pense notamment au port obligatoire du masque dans certaines parties de l’espace public. Et de plaider pour laisser au couple maire/préfet le soin de gérer la question.

« L’Etat n’abandonnera pas les collectivités »

Au chapitre financier, Sébastien Lecornu, le ministre en charge des Collectivités, reconnaît les inquiétudes des élus. « Nous avons redit que l’Etat n’abandonnera pas les collectivités locales et qu’il répondra présent face à la question de la perte de recettes fiscales », a-t-il promis. « J’ai affirmé que les maires attendent une clarification des moyens et des responsabilités, indique Michèle Lutz, maire de Mulhouse. Si les collectivités ne retrouvent pas les moyens financiers d’agir, ce sont des dizaines de chantiers qui ne verront pas le jour ».

Réouverture des écoles « réussie »

Parmi les sujets les plus évoqués : la réouverture des écoles et la reprise des transports en commun. « Plutôt un bon bilan », a indiqué Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, présent lors de l’échange, qui a rappelé la doctrine fixée par l’exécutif : « agir progressivement et décliner localement avec les élus ». Sur les inquiétudes relatives à la période estivale, « nous allons construire un plan spécifique avec les maires », a-t-il promis.

Sur le sujet de l’école, Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésion des territoires, a évoqué « une réussite » tout en reconnaissant « que les parents qui remettent leurs enfants à l’école sont peu ceux d’enfants décrocheurs ». Elle insiste sur le « besoin d’accompagner les enfants durant l’été » en évoquant les centres de loisirs qui seront ouverts par les communes ou des projets comme « Vacances apprenantes » mis en place par les ministères de l’Education nationale et de la Ville.

Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de Villes de France (représentant les villes moyennes), a estimé avoir assisté à « une décentralisation de fait qui s’est appuyée, comme Villes de France l’avait demandé lors de la précédente réunion, sur le couple maire/préfet, ce circuit court décisionnel qui a été capital dans la gestion quotidienne et opérationnelle ». Elle a demandé, dans la poursuite de la réouverture des écoles, d’anticiper la rentrée de septembre pour laquelle « il faudra redonner confiance et rassurer les parents ». Pour la période de l’été, Jean-Luc Moudenc indique avoir déjà demandé à ses services municipaux d’accroître l’offre. Mais en reconnaissant que « ça ne sera pas évident car la capacité d’accueil sera divisée par deux » du fait des conditions sanitaires.

Participer à la relance économique

Au chapitre de la relance économique, la ministre de la Cohésion des territoires souligne « la volonté des maires d’y participer en utilisant des outils déjà existants comme Action cœur de ville, Territoires d’industrie ou Petites de demain, programme qui sera lancé au début de l’été ». Caroline Cayeux a en effet plaidé pour « une relance indispensable » du programme « Action Cœur de Ville » ou pour la création d’un « Fisac » amélioré à la main de l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) pour soutenir certaines opérations commerciales. « Complémentaire du dispositif Territoires d’industrie, le lancement d’un plan national de soutien au tissu industriel serait un signal positif très concret pour notre économie », estime aussi la présidente de Villes de France. L’association défend, en outre, la mise en place d’ORT (opérations de revitalisation de territoire) « vertes » qui en contrepartie d’un engagement de la ville-centre en matière de réduction de l’artificialisation nette, obtiendrait un avantage complémentaire pour accompagner cette dynamique. Autre proposition formulée : étendre le dispositif « Denormandie » à la démolition reconstruction pour le cœur de ville. De plus, Villes de France plaide pour accélérer la rénovation urbaine afin d’« améliorer la qualité de vie des résidents ». D’où sa proposition de mettre en œuvre un taux réduit de TVA sur tous les investissements des organismes HLM.

Santé : un rôle plus important pour les maires

Au sujet de la santé, le gouvernement a annoncé un plan « Ségur » de la santé. Caroline Cayeux estime qu’« il devra financer autant le fonctionnement que l’investissement en préservant ce tissu d’hôpitaux de proximité qui ont été si importants durant cette crise ». Selon la présidente de Villes de France, « les maires sont prêts à prendre leur part dans ce plan, en particulier dans la gouvernance aux côtés des directeurs d’hôpitaux et des présidents de CME pour un rôle décisionnel et non plus honorifique ».

Philippe Pottiée-Sperry

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