Ile-de-France : un tandem à la tête de l’Amif

Philippe Pottiée-Sperry
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A la suite des dernières municipales, les associations de maires renouvellent leurs instances. Le 14 octobre c’était le tour de l’Amif (Association des maires d’Ile-de-France) avec la tenue de son assemblée générale ayant élu les 40 membres de son conseil d’administration.

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L’occasion également de réélire comme président Stéphane Beaudet, maire (DVD, ex LR) d’Evry-Courcouronnes (Essonne). Nouveauté, le conseil d’administration se compose aussi à présent d’un premier vice-président en la personne de Jean-Philippe Dugoin-Clément, maire (UDI) de Mennecy (Essonne). Autre changement : Luc Carvounas, maire (PS) d’Alfortville (Val-de-Marne), devient secrétaire général de l’Amif, chargé des relations avec le Parlement, en remplacement de Sylvine Thomassin (PS), battue aux municipales à Bondy (Seine-Saint-Denis).

« Challenger la feuille de route de l’Amif »

Stéphane Beaudet et Jean-Philippe Dugoin-Clément étaient tous deux candidats à la présidence de l’Amif mais ont finalement réussi à trouver un accord. D’où la réélection à l’unanimité du maire d’Evry-Couronnes. Pas rancuniers, les deux élus essonniens, également vice-présidents de la région Ile-de-France, positivent la situation en estimant que « cette campagne entre eux a permis de challenger la feuille de route de l’Amif et de mieux faire connaître l’association ». La rivalité a donc cédé à présent la place à une certaine complicité comme ils ont voulu le montrer à l’occasion d’une conférence de presse commune, à la sortie du conseil d’administration.

Etats généraux de la décentralisation

Jean-Philippe Dugoin-Clément, premier vice-président, notamment en charge de la décentralisation, a annoncé le lancement par l’Amif d’états généraux de la décentralisation avec des débats organisés, au premier trimestre 2021, à l’occasion de près de 70 rencontres qui se tiendront dans différents territoires franciliens. « Il manque aujourd’hui d’une étude sur les attentes des élus municipaux d’Ile-de-France à l’horizon 2030, en termes de moyens et d’objectifs, explique le maire de Mennecy. C’est le but de notre démarche pour prendre le pouls des maires. Ensuite, nous organiserons des états généraux à la fin 2021 avec une présentation de notre diagnostic et de nos propositions. Des actes des attentes des maires d’Ile-de-France seront ainsi remis à Emmanuel Macron comme aux différents candidats à l’élection présidentielle ». Comme Stéphane Beaudet, il estime que le projet de loi « 3D », devant être présenté début 2021 « ne résoud en rien la situation du Grand Paris et le fera encore moins à l’approche du scrutin présidentiel ». « Ce projet de loi n’aura pas au final de volet sur le Grand Paris, pronostique le maire d’Evry-Courcouronnes. L’Elysée n’a pas arrêté de changer de position sur ce dossier et ne sait pas quoi faire. Le rapport du préfet Cadot sur le sujet n’a connu aucune suite ».

Une association de lobbying

Par ailleurs, Stéphane Beaudet estime que l’Amif devait rester une association de lobbying sur toutes sortes de sujets : la fiscalité locale, et en particulier l’autonomie des collectivités, le numérique, la transition écologique, la décentralisation, le statut de l’élu, la ruralité, la sécurité, la santé, le Grand Paris Express et ses quartiers, la laïcité, la radicalisation, la solidarité… Il insiste aussi sur son rôle de « boîte à outils » pour les maires comme sur l’Amif partenaires (80 entreprises). Le premier bureau de l’Amif se tiendra le 4 novembre avec la désignation de ses vice-présidents.

Champigny-sur-Marne : 150 élus devant le commissariat

Le 16 octobre, à l’appel de l’Amif, 150 élus, écharpes en bandoulière, venus de toute l’Ile-de-France, de toutes les sensibilités politiques, s’étaient déplacés devant le commissariat de Champigny-sur-Marne pour dénoncer et condamner les récentes atteintes aux forces de l’ordre. En présence également de Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France, « ils voulaient exprimer leur ras-le-bol et leurs inquiétudes face à la multiplication des attaques contre les symboles de la République », précise l’Amif. Laurent Jeanne, maire de Champigny-sur-Marne, a regretté que le quartier et ses habitants aient été une nouvelle fois stigmatisés à l’occasion de l’attaque du commissariat. « Il se passe de belles choses dans ce quartier et notre engagement d’élu est d’être au plus proche de ceux qui en ont le plus besoin. Si nous sommes à portée d’engueulade, nous portons aussi des projets pour ces quartiers et nous ne les abandonnerons jamais ». Rappelant que les forces de l’ordre avaient été attaquées de façon honteuse, il a remercié tous les élus présents : « nous sommes tous réunis ici pour soutenir et rendre hommage au travail de la police ».

« Liberté d’expression assassinée »

Stéphane Beaudet a tenu à saluer la symbolique du moment grâce à la présence de nombreux élus : « nous vivons tous le même quotidien et devons affronter les mêmes difficultés ». Et d’ajouter : « Il était temps que l’on se rassemble pour dire à nos populations que nous sommes là et que nous ne cèderons pas. Il y a des quartiers qui souffrent et qui ont besoin de notre soutien. Cassons cette image négative car ici aussi, on crée la France de demain ».

Quelques heures plus tard, un professeur de collège était sauvagement assassiné à Conflans-Sainte-Honorine. L’Amif a proposé aux maires franciliens de mettre leurs drapeaux en berne pour rendre hommage à « la liberté d’expression assassinée et à notre République mise en danger par l’obscurantisme ».

Philippe Pottiée-Sperry

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