Rénovation énergétique : les communes lauréates des trophées de l’AMIF
Lors du dernier salon de l’AMIF, cinq collectivités franciliennes, d’une petite commune de 700 habitants jusqu’à une grande agglomération, ont été récompensées pour leur engagement dans la rénovation énergétique de leur parc public et privé.
Dans le contexte de l’aggravation du réchauffement climatique et de la crise énergétique, la 4ème édition du Trophée des communes pour la rénovation énergétique, organisée par l’AMIF (Association des maires d’Ile-de-France) avec Rénovons collectif et l’AREC Ile-de-France (département énergie-climat de l’Institut Paris Région), souligne encore plus l’importance et l’urgence de ce chantier. Les lauréats ont été primés, le 27 juin, lors du dernier salon de l’AMIF. ZePros Territorial figure parmi les partenaires du Trophée et fait partie de son jury.
Quatre collectivités ont été récompensées pour leur engagement dans la rénovation énergétique de leur parc public et privé.
Catégorie « communes de moins de 10 000 habitants »
La lauréate est Brueil-en-Vexin, petite commune de 700 habitants des Yvelines. « Ambitieux, ce projet traduit un travail de longue haleine, de la transparence et de la communication, de la constance et de l’expertise », a souligné Raphaël Bonet, délégué de l’Union régionale SOLIHA Ile-de-France, en remettant le prix à Martine Tellier, maire de Brueil-en-Vexin. Celle-ci a rappelé que tout avait commencé avec son prédécesseur ayant lancé un audit énergétique.
Dès 2012, la commune s’est engagée dans un programme d’investissement pluriannuel pour réduire la consommation énergétique des bâtiments communaux. Première phase (2012-2015), avec l’aide du CEP (conseil en énergie partagée) : étude thermographique des bâtiments ; optimisation des contrats de fourniture d’énergie et optimisation de la régulation thermique de l’école, installation de capteurs de température. Seconde phase (2018-2023) avec un plan d’investissement pour l’isolation thermique des bâtiments en utilisant des matériaux éco-responsables (bois, fibre de bois, laine de coton…) qui respectent les critères thermiques préconisés par le PNR du Vexin dont la commune fait partie.
Le plus gros chantier concerne la rénovation thermique de l’école (2022 à 2023) en permettant une économie d’énergie estimée à 74 136 kWhef/an, soit - 40%. Les travaux ont visé d’abord l’isolation intérieure de la toiture : pose d’un faux plafond pour réduire le volume à chauffer, isolation en laine de coton recyclé dans les plafonds et déploiement d’éclairage LED. L’isolation a aussi concerné les murs avec des matériaux d’isolation naturels (laine de bois et liège en partie basse). A cela s’ajoute l’installation d’une ventilation mécanique contrôlée hygroréglable améliorant la qualité de l’air intérieur.
Catégorie « communes de plus de 10 000 habitants »
Drancy (72 000 habitants, Seine-Saint-Denis) a été récompensée pour deux actions fortes : la réalisation dès 2017 d’un diagnostic de performance énergétique du bâti municipal et l’accompagnement des propriétaires privés. Le diagnostic a permis d’identifier les bâtiments prioritaires à rénover. Des travaux d’isolation, de revue des systèmes de chauffage et le passage en LED dans l’ensemble des bâtiments est prévu d’ici 2024 (cinq écoles, deux gymnases et un stade nautique). En priorisant les travaux sur les écoles et les installations sportives, la ville veut diminuer ses dépenses énergétiques de 40% à l’horizon 2040 en cohérence avec le décret tertiaire.
En 2022, deux groupes scolaires très énergivores ont fait l’objet de travaux : traitement des façades, remplacement de toutes les menuiseries extérieures par des châssis de type PVC à double vitrage, mise en œuvre d’une installation de ventilation double flux. La consommation d’énergie primaire a été divisée par trois et les économies d’énergie s’élèvent à plus de 30 000 € par an. Le montant des travaux s’est élevé à 2,416 M€.
Par ailleurs, Drancy collabore avec l’ALEC Paris Terres d’Envol pour mettre en œuvre un programme d’actions visant l’information, la sensibilisation et l’accompagnement des habitants. Elle promeut et participe à la mise en œuvre du dispositif Paris Terres d’Envol Rénov’ et du PIG (programme d’intérêt général) pour lutter contre la précarité énergétique, avec un objectif de 100 dossiers PIG sur Drancy. De plus, l’OPH de la ville (qui détient 70% du parc) se mobilise via des subventions, des garanties d’emprunts ou des travaux exceptionnels. Ainsi, dans le cadre de la réhabilitation de la Cité Gaston Roulaud, des travaux de rénovation de la tour E sont en cours pour obtenir un gain énergétique de 61%. Autre exemple : l’opération de rénovation énergétique du foyer des Lilas, géré par le CCAS (52 logements pour personnes âgées). Les travaux ont porté sur l’enveloppe du bâtiment et des travaux intérieurs pour un gain énergétique de 45%.
Catégorie « Intercommunalité »
La lauréate est la communauté d’agglomération (CA) Paris-Saclay (318 000 habitants, Essonne) pour la rénovation de son patrimoine public et des logements. « En votant en 2019 notre PCAET [plan climat air énergie territorial], au-delà de l’obligation légale, nous avons voulu porter une ambition avec des actions très concrètes », explique Sandrine Grelot, vice-présidente de la CA en charge de la transition écologique.
Concernant la rénovation des bâtiments publics, l’agglo a été lauréate des appels à projet du programme ACTEE de la FNCCR. 15 communes ont ainsi pu toucher des aides pour réaliser des études énergétiques. Un économe de flux a été recruté (un second recrutement est prévu) pour accompagner les communes dans les démarches de rénovation énergétique : passage en LED, remplacement des menuiseries et des isolations, passage au suivi énergétique à distance en temps réel… L’outil d’hypervision énergétique SmartGlobe permettra une gestion optimisée des installations et des économies d’énergie. Déjà présent sur trois bâtiments, il sera déployé à tout bâtiment sujet à rénovation.
Concernant les logements privés, l’objectif du PCAET est une rénovation globale de 2400 logements par an. Le guichet unique Paris-Saclay Rénov’, coordonné par l’ALEC Ouest Essonne, a été lancé en 2022. De plus, une OPAH est en cours sur tout le territoire pour mieux accompagner les copropriétés fragiles et les ménages modestes. Un SLIME (service local d’intervention pour la maîtrise de l’énergie) est en place depuis 2019 pour identifier et orienter les ménages en situation de précarité énergétique. L’ALEC met en œuvre le programme Rénovons Collectif, pour le compte de l’agglo.
Pour les logements sociaux, le bilan de l’OPAH, début mars, était de 2410 logements réhabilités (+ 2033 rénovations réalisées hors OPAH en 2022). 17,5 M€ de subventions ont été apportés sur un coût total de travaux de 27,5 M€, représentant en moyenne 64% de subventions et 36% de reste à charge.
Catégorie « Prix spécial rénovation de l’habitat privé »
Ce nouveau prix a été remis à Longjumeau (21 0000 habitants, Essonne) pour la mise en place de formations à destination des agents du service urbanisme piloté par l'ALEC et le service transition énergétique. Objectif : accompagner les copropriétés et les habitants dans leurs démarches de rénovation énergétique. Une permanence de l'ALEC se tient en mairie une fois par mois.
La copropriété de la Résidence les Côteaux (316 logements) a été entièrement rénovée avec tout d'abord un diagnostic énergétique de tous les bâtiments. Il a permis de réaliser une série de travaux : isolation des façades, remplacement des fenêtres et menuiseries, étanchéité, et chaudière. La ville a accompagné la copropriété sur les différentes aides suite aux devis (bureau d'étude, consultants, maître d'œuvre et entreprises). La copropriété a pu obtenir plusieurs subventions : ANAH (3 275 318 €), département de l'Essonne (815 125 €) et CA Paris-Saclay (370 700 €). Suite aux travaux, la copropriété indique 830 043 KWh d'économie d'énergie en quatre mois soit 88 246 €.
Catégorie « Coup de cœur du jury »
Le prix « Coup de cœur du jury » a été remis à Jouy-en-Josas (8300 habitants, Yvelines) pour saluer un projet complet mis en œuvre par une petite commune. Depuis 2008, elle a engagé une politique de rénovation énergétique des bâtiments municipaux (groupes scolaires, centre de loisirs, mairie…). En douze ans, des travaux ont été réalisés sur trois écoles-groupes scolaires, le centre sportif et associatif, l’hôtel de ville (changement de menuiseries) et le gymnase (changement de l’éclairage et du système de ventilation). Une des écoles a fait l’objet d’une rénovation globale selon le label HQE. Les plages horaires de chauffage des bâtiments communaux ont été adaptées aux usages réels. Les baisses de consommation énergétique sont importantes.
Par ailleurs, la commune mène des actions depuis 2012 pour mobiliser les propriétaires : forums de l’éco-habitat, permanences en mairie de l’ALEC de Saint Quentin en Yvelines et conférences et rencontres avec les gestionnaires de copropriété. Les services de la ville relaient les informations sur les aides de l’Etat et du département. Les trois écoles ont accueilli en avril un spectacle « les super-mamies et les économies d’énergie », donné par une association. De plus, Jouy-en-Josas a voté en 2022 une exonération de la taxe foncière de 50% sur trois ans, pour des travaux dont les fournitures d'équipement destinées à économiser l'énergie atteignent 15 000 €. Enfin, le service Urbanisme reçoit de plus en plus de demandes de permis pour la rénovation et la pose de panneaux photovoltaïques. La révision du PLU en cours visera à faciliter le passage à l’acte sur ces sujets.