Les bienfaits des espaces verts sur la santé

Philippe Pottiée-Sperry
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Mis en place par l’Unep (Union nationale des entreprises du paysage) et Hortis (organisation des responsables d’espaces nature en ville), l’Observatoire des villes vertes a interrogé 34 responsables d’espaces nature en ville pour mesurer la prise en compte du critère de la santé dans les projets d’aménagements paysagers, connaître les collaborations mises en œuvre et remonter les meilleures pratiques.
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Les résultats de cette 11ème enquête (1), publiée le 16 décembre, sont clairs : le rôle bénéfique des espaces verts sur la santé est largement reconnu par les services espaces verts, mais des efforts de pédagogie restent nécessaires en direction de certains élus locaux. « Cette sensibilisation est indispensable pour avoir un soutien politique propice à la mise en œuvre de projets transversaux impliquant tous les services concernés dans l’objectif commun d’optimiser les bénéfices des espaces verts sur la santé », estime l’Observatoire des villes vertes.

Critère de la protection de la santé publique

Amélioration de la qualité de l’air, encouragement à l’activité physique, réduction des effets des épisodes de canicule, protection des aînés et des plus fragiles, effets avérés sur l’amélioration de la santé physique (asthme, obésité, maladies cardio-vasculaires, etc.) et mentale (stress, dépression, etc)… Les bienfaits des espaces verts sur la santé sont multiples, et particulièrement plébiscités en cette période de crise sanitaire. Dans le cadre de leur mission de protection de la santé publique, les villes comptent sur les espaces verts pour installer des solutions durables et concrètes au bénéfice de tous : 76% des villes interrogées par l’Observatoire déclarent que la protection de la santé publique est un critère pris en compte dans la politique de développement des espaces verts. Il s’agit même d’un critère prioritaire pour 20% des villes.

Très engagées sur le sujet, certaines villes ont renforcé les initiatives depuis plusieurs années. Par exemple, 40% des villes interrogées ont mis en place des jardins thérapeutiques, comme Argenteuil, Beauvais ou Cholet. Pour sa part, Amiens a lancé, en 2019, un conseil local dédié à la santé mentale : un espace d’échanges et de consultations entre élus, représentants des usagers, aidants et professionnels du territoire œuvrant dans ce champ, et qui promeut les bienfaits des espaces verts sur la santé. Autre exemple : Limoges a mis en place une campagne de communication invitant à se rendre dans les espaces verts pour réduire les risques psychologiques, liés notamment à la maladie d’Alzheimer.

Protéger l’environnement pour protéger la santé

Les réflexions et initiatives des responsables espaces verts se concentrent sur deux actions visant en priorité à protéger l’environnement au profit de la santé : l’amélioration de la qualité de l’air en tête (61 %) suivi de la protection de la qualité des sols (52 %). À Marseille, avant toute création d’un nouvel espace vert, la direction des parcs et jardins fait procéder à des analyses systématiques des sols par une société prestataire et consulte, si besoin, la direction des solidarités, de la santé et de l’inclusion. À Angers, la ville insiste sur le fait que la qualité de l’air est une priorité ; elle a lancé un projet de forêts urbaines (150 000 arbres d’ici à 2025) et des arbres d’alignement sont plantés dans les rues pour contribuer à la filtration de l’air urbain (50 arbres de rue supplémentaires par an).

« Avec la crise sanitaire, la privation d’espaces verts urbains durant le premier confinement a accéléré la prise de conscience de leur impact positif sur le bien-être des citoyens », remarque Laurent Bizot, président de l’Unep et co-président de l’Observatoire. L’étude de 2017 de l’Observatoire sur l’interaction entre espaces verts et santé révélaient trois enjeux pour les villes : renforcer l’activité physique, améliorer la qualité de l’air et proposer des jardins thérapeutiques. Quatre ans plus tard, la Covid a rebattu les cartes et les préoccupations ont évolué pour valoriser de nouveaux bénéfices, au profit de la santé mentale et de la protection des plus fragiles principalement.

Manque de collaboration entre les services

Si le sujet de la santé est prépondérant dans les critères pris en compte pour définir la politique « espaces verts », il peine toutefois à rassembler les différents services de la ville pour mettre en œuvre les projets : seuls 26% des responsables d’espaces nature déclarent des liens forts (Caen, Montpellier, Limoges ou Strasbourg) ou très forts (Lyon et Châlons-en-Champagne) avec d’autres services, notamment avec celui des sports. À Lyon par exemple, la lutte contre la chenille processionnaire, les allergies liées aux plantes et les zoonoses mobilise conjointement le service nature en ville et le service santé. La ville collabore également avec les directions de l’enfance et de l’éducation pour végétaliser et rafraîchir les cours d’école.

40 % des villes déclarent des liens faibles ou inexistants avec leurs homologues des autres services sur le sujet de la santé. En revanche, pour mener à bien leurs projets, certains services espaces verts s’adjoignent des expertises extérieures : 50 % des villes font appel à des spécialistes ou des professionnels de santé dans leurs projets de végétalisation. C’est le cas de Cholet et d’Angers sur les problématiques d’allergies, de Beauvais, Marseille et Gravelines sur les problématiques de santé préventive.

Des décideurs publics pas assez sensibilisés

Un travail de pédagogie et de sensibilisation semble toujours nécessaire auprès du grand public : 85 % des responsables d’espaces nature en ville estiment que le rôle du végétal dans la protection ou l’amélioration de la santé publique n’est pas suffisamment reconnu par les citoyens. Si les principaux bénéficiaires des initiatives mises en œuvre sont peu sensibilisés, les initiateurs et les décideurs publics sont également aussi trop éloignés du sujet : 68 % des responsables d’espaces nature estiment que les décideurs publics ne sont pas assez informés des liens existants entre végétal et santé. Les sensibiliser est un enjeu important afin de s’assurer de leur appui dans la mise en œuvre de projets transversaux au bénéfice de la santé.

En revanche, les associations sont mobilisées pour soutenir des projets liant végétal et santé. 71% des villes déclarent que des associations, comme par exemple Les Papillons Blancs à Beauvais, sont bien sensibilisées à cet enjeu.

« Sensibiliser le grand public et surtout les décisionnaires publics nous permettra d’avoir davantage de soutien politique pour développer des projets transversaux et multiplier les bonnes pratiques », souligne Pascal Goubier, président d’Hortis et co-président de l’Observatoire.

P.P.-S.

(1) Enquête réalisée du 19 octobre au 12 novembre 2021 via un questionnaire envoyé par mail au panel de villes de l’Observatoire : 34 villes ont répondu.

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Philippe Pottiée-Sperry
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