Les dépenses culturelles des collectivités en hausse

Les résultats traduisent une hausse de l’effort culturel pour un nombre plus grand de collectivités et EPCI par rapport à l’exercice précédent : 56 % contre 46% en 2017 (budgets primitifs 2016-2017). En revanche, un tiers des répondants indiquent réduire leurs moyens en faveur de la culture entre 2017 et 2018, et 11 % affichent une stabilité. Les fortes baisses en fonctionnement (supérieures à 10 %) sont moins nombreuses que dans l’exercice précédent : elles concernent, entre 2017 et 2018, uniquement 2 départements, 6 communautés de communes, 1 communauté d’agglomération et 2 villes moyennes. Les budgets d’investissement sont aussi en hausse, avec des disparités importantes d’une catégorie de collectivité à une autre. A noter : lorsqu’il y a augmentation de dépenses culturelles en investissement, il s’agit surtout de hausses conséquentes (supérieures à 10 %). Toutefois, les tendances en investissement doivent être interprétées avec précaution et restent difficiles à extrapoler dans la mesure où elles ont un caractère beaucoup plus conjoncturel que les dépenses de fonctionnement et doivent être analysées dans une perspective pluriannuelle. Rappelons qu’elles concernent en particulier des projets d’équipements (construction, rénovation).

Une seule région de l’échantillon diminue ses dépenses culturelles de fonctionnement entre 2017 et 2018. Six régions sur les 9 de l’échantillon l’augmentent, dans la lignée du constat de la précédente note de conjoncture. Côté budgets culturels d’investissement, les évolutions sont nettement plus divergentes et ne prolongent pas l’évolution positive constatée sur la période 2016-2017. Sur un temps plus long, l’implication accrue de la plupart des régions en faveur de la culture se confirme. Une étude menée par Régions de France à partir des comptes administratifs et des budgets primitifs indique qu’elles consacrent 811,3 M€ à la culture en 2018 (523,7 M€ pour le fonctionnement et 287,6 M€ pour l’investissement). Leurs investissements concernant surtout le patrimoine culturel, les musées, les festivals et le spectacle vivant. Concernant la nature des dépenses, l’effort va plutôt au soutien aux associations et organismes culturels.

Dans l’échantillon, 51 % des départements augmentent leur budget culturel en fonctionnement, tandis que 40 % le réduisent. Le différentiel entre hausse et baisse pour le fonctionnement se situe dans une fourchette allant de -13 % à + 13% entre 2017 et 2018. « Ces écarts manifestent le positionnement paradoxal des départements par rapport à la culture en particulier depuis la mise en œuvre de la loi NOTRe », estime l’enquête.Autre constat : les départements ont tendance à repositionner leur action vers un appui technique de leurs services culturels à des communes et intercommunalités de petite taille qui ne disposent pas de la même ingénierie pour développer leur intervention culturelle. L’effort des départements est porté en priorité sur l’éducation artistique et culturelle comme dans l’exercice précédent. En termes de nature des dépenses, les charges de personnel et le soutien aux associations et organismes culturels sont les plus impactés par des baisses.

Cinq métropoles sur les 7 de l’échantillon augmentent leurs moyens affectés à la culture en fonctionnement. Côté investissement, alors que 2017 montrait un recul important, la tendance est à la hausse en 2018, avec 5 métropoles qui augmentent leurs dépenses de + 22 % à + 106 %. Concernant les villes de plus de 100 000 habitants, 71% augmentent leurs budgets culturels de fonctionnement entre 2017 et 2018, et 21 % les réduisent. Les hausses constatées ne couvrent pas nécessairement l’augmentation mécanique des charges de personnel des équipements en régie, qui constituent le poste de dépenses le plus important des villes. Parmi les domaines qui bénéficient plus fréquemment de hausses figurent les musées, le patrimoine culturel, les bibliothèques, les établissements d’enseignement artistique et le spectacle vivant. Les hausses entre 2017 et 2018 portent également sur les dépenses d’équipement (dépenses directes) et le soutien aux associations et organismes culturels.

La stabilité des dépenses culturelles est la tendance des projections envisagées par les collectivités et leurs groupements pour l’année 2019. La moitié des répondants prévoient une stabilité de leur budget culturel. L’autre moitié se répartit entre une baisse envisagée (18 %), une hausse (16 %) et une incapacité à se projeter à l’heure actuelle (16 %). L’enquête est inquiète pour l’avenir sachant les efforts prévus des collectivités pour contenir leurs dépenses de personnel et, surtout, au regard du nouveau pacte financier État-collectivités pour les années 2018 à 2022 (encadrement des dépenses de fonctionnement à 1,2 % par an). Selon l’enquête, « l’impact pour la culture de ce contrat de maîtrise de la dépense publique pour les années à venir aura des conséquences négatives, en particulier au niveau des villes, qui assument la majorité de l’effort des collectivités publiques ».

Philippe Pottiée-Sperry