Macron annonce un « développement massif » des énergies renouvelables

Philippe Pottiée-Sperry
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Emmanuel Macron, quasi candidat, a présenté, le 10 février, à Belfort un vaste plan de relance du nucléaire civil en France, avec notamment la construction de six nouveaux EPR de nouvelle génération et l’étude de la mise en chantier de huit autres d’ici 2050. Ce plan doit également s’accompagner d’un développement massif des énergies renouvelables (EnR) où « nous avons pris du retard », a reconnu le chef de l’Etat. Pour le photovoltaïque, il s’agirait de multiplier par dix la puissance installée d’ici 2050 avec l’objectif d’atteindre 100 gigawatts (GW). S’agissant de l’éolien terrestre (production actuelle de 18,2 GW), la puissance serait doublée alors que pour l’éolien marin, l’objectif serait d’avoir une cinquantaine de parcs (40 GW) toujours d’ici 2050.

La veille, au conseil des ministres du 9 février, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, avait déjà défendu un développement massif des EnR qui, selon elle, ne devra pas concerner que l’électricité mais tous les vecteurs énergétiques : gaz, chaleur, carburants liquides. Pour rendre les EnR plus compétitives, la ministre a souligné que les tarifs de soutien à l’énergie solaire photovoltaïque ont baissé de 40 % depuis cinq ans et ceux de l’éolien terrestre ont connu une baisse de plus 20 % depuis quatre ans. Résultat : près de 25% de l’électricité française en 2020 a été produite par les EnR.

Dialogue entre territoires et porteurs de projets

Pour accroître l’acceptation des projets et encourager leur développement, Barbara Pompili affirme que des mesures ont été prises pour réduire les nuisances et impacts potentiels, qu’il s’agisse de la maitrise du bruit ou des émissions lumineuses des éoliennes, des exigences relatives à leur démantèlement, ou encore de la connaissance des milieux. 50 M€ seront engagés sur les trois prochaines années pour créer un observatoire de l’éolien en mer et améliorer la connaissance des mers et océans. « Le dialogue entre les territoires et les porteurs de projets a parallèlement été significativement amélioré, affirme la ministre, en renforçant le rôle des maires, en créant un médiateur de l’éolien et en renforçant et en anticipant la concertation sur les projets en mer ».

Les collectivités associées à la gouvernance

Le gouvernement affirme aussi avoir instauré les conditions d’une « meilleure planification à long terme, en lien avec les territoires ». Les comités régionaux de l’énergie, créés par la loi « Climat » du 22 août 2021, seront une instance de concertation et de dialogue à l’échelon régional, avec l’ensemble des collectivités, afin de planifier les objectifs énergétiques locaux. Une cartographie des zones favorables au développement de l’éolien est en cours, afin d’orienter les projets vers les zones les plus propices au regard des concertations menées. Le cadre législatif a été amélioré, insiste Barbara Pompili, pour permettre le développement des projets avec une gouvernance impliquant la population et les collectivités, ainsi que pour permettre aux maires d’orienter le développement des projets sur leur territoire à travers leurs documents d’urbanisme. Il est vrai que le sujet du pouvoir des maires sur l’implantation d’éoliennes a été fortement discuté durant l’examen du projet de loi « 3DS » pour trouver au final un compromis avec l’encadrement de cette implantation dans le cadre des PLU (plans locaux d'urbanisme).

Soutien de l’Etat de 6 Md€ par an

Le soutien de l’Etat aux EnR s’élève à 6 Md€ par an, soit un doublement par rapport à 2012. En complément, des mesures de simplification ont été adoptées en faveur des porteurs de projet comme l’accélération du traitement des contentieux sur l’éolien. De plus, l’extension du guichet photovoltaïque permet désormais à tout projet sur toiture jusqu’à 500 KWc de bénéficier d’un tarif d’achat sans passer par une procédure d’appel d’offres. Des concertations sont menées pour l’étendre aux centrales au sol sur terrains dégradés. Autre mesure : les nouveaux hangars et entrepôts de plus de 500 m² d’emprise au sol ainsi que les immeubles de bureaux de plus de 1000 m² d’emprise au sol devront végétaliser leurs toits ou les équiper de panneaux photovoltaïques. Les nouveaux parkings extérieurs de plus de 500 m² devront également s’équiper d’ombrières photovoltaïques. Par ailleurs, les coûts de raccordement doivent être prochainement abaissés pour les petits projets d’EnR.

25 GW de nouvelles capacités de production

Au cours des cinq prochaines années, plus de 25 GW de nouvelles capacités de production solaire, éolienne terrestre et hydro-électrique seront soutenues par l’Etat, permettant de générer plus de 25 Md€ d’investissements sur la période, précise la ministre de la Transition écologique. Au registre du bilan, elle affirme également qu’en cinq ans l’action gouvernementale a permis de faire émerger une filière du biogaz injecté, en multipliant par dix le nombre d’installations, passant de 35 au début du quinquennat à 317 à la fin du 3ème trimestre 2021, pour atteindre désormais une capacité de production cumulée de près de 6 TWh/an.

Fonds chaleur renouvelable : 370 M€ en 2022

Le fonds chaleur renouvelable a été porté de 220 M€ en 2017 à 350 M€ en 2021 et 370 M€ en 2022. Il finance chaque année des projets permettant une production de chaleur de l’ordre de 3 TWh/an. Un effort particulier sera porté en 2022 sur la création de réseaux de chaleur dans les petites et moyennes villes. France Relance a aussi soutenu 66 projets de production de chaleur renouvelable dans l’industrie, permettant une réduction d’émissions de CO2 de plus d’un million de tonnes par an. Cet effort dans l’industrie sera poursuivi au travers de France 2030, dont le volet décarbonation de l’industrie consacrera 1 Md€ à la diffusion des technologies matures, en particulier en matière de chaleur renouvelable et d’efficacité énergétique, en complément d’un budget de quatre milliards d’euros consacré à la décarbonation des sites les plus importants.

P.P.-S.

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Philippe Pottiée-Sperry
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