Macron fait campagne sur la sécurité et sollicite les maires
Le 10 janvier, ce fut le cas à Nice sur le thème de la sécurité en défendant son bilan et en annonçant les contours du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI), qui sera présenté au conseil des ministres en mars prochain mais avec une adoption possible qu’après la présidentielle. Une augmentation du budget de la sécurité de 15 Md€ sur cinq ans (+ 25 %) devrait y figurer. Sinon, le chef de l’Etat a décliné toute une série d’annonces ou de propositions : doublement du nombre de gendarmes et de policiers sur le terrain d'ici 2030 ; création de 200 brigades de gendarmerie en milieu rural, qui pourront prendre la forme de nouveaux types d’implantation ; triplement à terme des crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation ; augmentation de 50 %, à compter de mai prochain, du temps de formation initiale et continue des gardiens de la paix et des sous-officiers ; recrutement de 1500 « cyber patrouilleurs » pour lutter contre les cyber-attaques…
« Travailler avec toutes les villes qui y sont prêtes »
Parmi les premières réactions aux annonces présidentielles, côté élus locaux, l’AMF s'est dite « étonnée » d'autant plus que ses propositions formulées à l’occasion du Beauvau de la Sécurité n'ont eu aucune suite de la part du gouvernement. En abordant le sujet de la coordination des forces de sécurité nationales et des polices municipales, le chef de l’Etat a appelé l’AMF à se positionner sur cette coopération et à lui faire des propositions. Souhaitant « aller plus loin » en la matière », et en affichant sa volonté de « travailler avec toutes les villes qui y sont prêtes », Emmanuel Macron a indiqué qu’« il serait important d’avoir une position de l’AMF pour savoir jusqu’où les maires sont prêts à aller en matière de partenariat. Moi, je suis volontaire pour aller aussi loin qu’ici, à Nice, une ville exemplaire ». Unique en son genre, le prochain hôtel des polices mutualisé de Nice va regrouper d’ici 2025 toutes les forces de polices nationales et municipales (2000 agents), soit un budget d’investissement de 220 M€ dont 172 M€ issus du plan de relance.
L’AMF s’étonne du « procédé »
Dans un communiqué du 11 janvier, l’AMF indique que « pour l’heure [elle n’a] fait l’objet d’aucune sollicitation ni mandat de la part de l’Elysée et s’étonne de ce procédé consistant à l’interpeller directement sur des sujets portés depuis longtemps par elle et ayant fait l’objet de nombreuses propositions de sa part ». Sur un ton assez critique, elle rappelle avoir désigné, en 2021, quatre maires pour participer au Beauvau de la sécurité, animé par le ministre de l’Intérieur et conclu par Emmanuel Macron à Roubaix en septembre dernier. Lors du discours du président de la République, les collectivités n’avaient pas été citées une seule fois, ce qui n’avait pas manqué de décevoir et d'agacer les associations d’élus comme de territoriaux.
Quid de la place des polices municipales ?
De plus, lors des différentes tables rondes du Beauvau, les représentants de l’AMF avaient « réaffirmé l’intérêt porté par les maires et la population aux questions de sécurité et rappelé que si certains maires décidaient de s’engager dans une démarche d’appui en créant une police municipale, cette dernière devait agir en complémentarité des forces de police ou de gendarmerie et non en substitution, au besoin via une contractualisation choisie ». L’AMF rappelle qu’elle avait demandé plusieurs fois, mais en vain, qu’une table ronde soit dédiée à la police municipale et à sa coordination avec les forces de sécurité intérieure. Elle avait également transmis au ministre de l’Intérieur une contribution écrite définissant ses positions sur la police municipale et formulant une série de propositions.
18 propositions pas entendues
De plus, un travail mené avec sept autres associations d’élus (France Urbaine, Villes de France, Ville et Banlieue, APVF, AMRF, ADF, Forum Français pour la Sécurité urbaine) avait débouché sur 18 préconisations en matière de sécurité, et notamment sur le partenariat entre les forces de sécurité, qui avaient été présentées quelques jours avant la clôture du Beauvau. Mais sans aucun retour de la part du gouvernement. Pour le moins dubitative, l’AMF rappelle également que le Conseil Constitutionnel a réduit, dans sa décision du 20 mai 2021 sur la loi « Sécurité globale », les possibilités d’extension des compétences des policiers municipaux comme les coopérations sur le plan judiciaire. Tout en affirmant que « les propositions du chef de l’Etat doivent nécessairement s’inscrire dans ce cadre », l’association affirme néanmoins « rester ouverte à un débat constructif sur l’évolution de l’action complémentaire des forces régaliennes et des polices municipales ».
Philippe Pottiée-Sperry
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