Philippe Rio élu meilleur maire du monde

Cette récompense internationale honorifique salue l’élu d’une ville de banlieue, reconnue comme la ville la plus pauvre de France selon le rapport 2020 de l'Observatoire des inégalités, pour son engagement et son action en faveur de la lutte contre la pauvreté. 45% de la population de Grigny vit en dessous du seuil de pauvreté.

Agé de 47 ans et maire depuis 2012, Philippe Rio a aussi été récompensé pour sa gestion de la crise sanitaire avec notamment la distribution de colis alimentaires et d’ordinateurs aux élèves les plus en difficulté. Grigny a aussi mis en place 21 mesures sociales, dont la gratuité des petits-déjeuners dans les écoles maternelles. L’élu voit dans cette récompense « un encouragement pour aller plus vite, plus fort et plus haut ». Selon lui, la crise sanitaire « continue à enkyster la pauvreté, à détruire des parcours de vie, à fragiliser des enfants, des femmes et des hommes dans notre pays ».

« Appel de Grigny » en 2017

« C'est une belle surprise, une belle récompense de la mobilisation d'un collectif car un maire ce n'est pas un super-héros », a réagi Philippe Rio sur franceinfo. Et d’ajouter : « C'est la récompense du travail, du chemin que nous avons pris, du courage parfois, de l'abnégation. Cela nous donne un élan remarquable ». Philippe Rio n’est pas un élu inconnu. En 2015, il faisait partie des quelques maires ayant remis à François Hollande un manifeste appelant à réimplanter la République dans les quartiers populaires. Deux ans plus tard, il participait, aux côtés de 1000 élus de gauche et de droite, à « l'appel de Grigny » pour s’alarmer de la suppression des aides aux associations et des crédits de politique de la ville. Autre moment important pour lui, le 29 janvier dernier, un comité interministériel à la ville se tenait dans sa ville avec Jean Castex et plusieurs ministres pour présenter un plan de 3,3 Md€ en faveur des quartiers défavorisés.

Dignité humaine, respect d'autrui, tolérance

« Les deux villes sont très différentes : l'une abrite le plus grand port d'Europe, l'autre est une ville ouvrière, faisant partie de la banlieue sud de Paris, mais tous deux défendent des valeurs communes », a déclaré Tann vom Hove, porte-parole de la fondation. Selon lui, Philippe Rio, « se bat pour la dignité humaine, le respect d'autrui, la tolérance, la paix et la liberté ». « Le maire de Grigny estime que l'éducation est l'un des moyens les plus sûrs de sortir de la pauvreté, et c'est ce qui a attiré notre attention ».

La City Mayors Foundation évoque également la gestion de la crise sanitaire par les deux maires depuis un an et demi, estimant qu’ils « ont fait preuve d'un leadership exceptionnel, se rendant compte dès le début de la menace que le virus peut faire peser sur les sections les plus vulnérables de la société civile. Ils comprennent également que pour résister à de futures catastrophes naturelles ou causées par l'homme, les villes doivent devenir plus résilientes, structurellement, socialement, économiquement et écologiquement. »

Honorer des maires jugés « exceptionnels »

Créée en 2003, la City Mayors Foundation vise à promouvoir et faciliter un gouvernement local bon, ouvert et fort, en honorant des maires « exceptionnels ». Tous les deux ans, elle récompense ainsi des maires jugés particulièrement méritants sur plusieurs thématiques : égalité, développement durable, accueil des réfugiés… Cette année, la gestion de la crise sanitaire a été particulièrement prise en compte. La Fondation indique que depuis sa création « des millions de personnes du monde entier ont participé au projet. Ils ont nommé et voté pour des maires qui, à leur avis, méritaient d’être honorés. Ils ont discuté des mérites de leurs maires choisis, mais ont également mentionné les lacunes ».

Les autres lauréats 2021

Les autres lauréats de la fondation en 2021 sont Leila Mustapha, maire de Raqqa en Syrie (reconstruction de la ville après son occupation par l'État islamique) ; Mansur Yavas, maire d’Ankara en Turquie (efforts et vision pour construire une métropole à l’égal des grandes capitales d'Europe et d'Asie) ; François Decoster, maire de Saint-Omer en France (action pour sa communauté au niveau local, régional et international) ; Peter Kurz, maire de Mannheim en Allemagne (coopération avec des villes du monde entier) ; Ricardo Rio, maire de Braga au Portugal (efforts pour atteindre les objectifs de développement durable au niveau local et régional) ; Matús Vallo, maire de Bratislava en Slovaquie (objectifs de transformer la capitale slovaque en une ville verte et compatissante)…

Philippe Pottiée-Sperry

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