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Plus de 60% des agents ont besoin d’être formés au numérique

Philippe Pottiée-Sperry
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A l’image du reste de la société, les collectivités locales voient quotidiennement leurs missions, usages et outils évoluer et se dématérialiser. Un constat largement renforcé avec la crise sanitaire. Une étude (1) sur le degré de maîtrise réel des compétences numériques des agents territoriaux (données personnelles, sécurité, e-mail, collaboration en ligne, bureautique, réseaux sociaux…) et l’accompagnement nécessaire des collectivités révèle des besoins très importants.

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Réalisée par Pix, GIP sur les compétences numériques, les Interconnectés, association de diffusion des usages numériques au service des territoires (fondée par l’AdCF et France urbaine), et Syntec numérique, premier syndicat des entreprises des services du numérique, cette étude a été présentée lors de la dernière édition des Interconnectés qui s’est tenue en ligne les 17 et 18 mars.

Une faible autonomie dans les usages numériques

L’étude a permis d’établir trois niveaux de maîtrise : débutant (réaliser des actions simples, parfois avec aide, dans des situations que l’on rencontre fréquemment dans son métier), intermédiaire (s’en sortir seul dans la plupart des situations courantes rencontrées fréquemment) et autonome (bagage suffisant pour maîtriser des situations nouvelles et en comprendre les enjeux). En ciblant les axes de progrès, cette enquête vise à aider les élus et les cadres territoriaux à identifier les besoins en formations des agents, préparer leur avenir professionnel en anticipant les métiers d’aujourd’hui et de demain grâce à une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

Parmi les chiffres marquants de l’enquête, seulement 35% des agents répondants reconnaissent posséder un degré de maîtrise suffisant pour être autonome dans leurs usages numériques, et cela quelles que soient leurs missions. De plus, 27 % ont un niveau débutant et 38 % un niveau intermédiaire, soit un degré de maîtrise insuffisant pour pouvoir évoluer « sereinement » dans un environnement numérisé. Par ailleurs, 52 % des agents de la catégorie C souhaitent suivre une formation pour développer leurs compétences numériques. Autre enseignement : les agents de moins de 34 ans, bien que plus à l’aise avec l’outil, restent fragiles sur la question des données personnelles et les problématiques de sécurité.

Des écarts entre maîtrise réelle et niveau ressenti

Lors du confinement, les agents se sont souvent retrouvés en totale autonomie pour leurs usages numériques professionnels quotidiens. Ainsi à la question “Avez-vous été gêné pendant la période de confinement par votre manque de maîtrise du numérique pour l'exercice de vos missions ?”, 73% répondent par la négative et affirment avoir été parfaitement à l’aise avec le numérique. Mais derrière cet apparent bon résultat, un test avec mise en situation réelle révèle une toute autre réalité : 27% déclarent avoir un niveau débutant, 38% un niveau intermédiaire et seulement 35% un niveau suffisant pour réellement maîtriser les usages professionnels du numérique et en comprendre les enjeux. Selon l’étude, cette « donnée met en évidence un niveau de maîtrise ressenti surévalué par rapport au niveau réel par les répondants “intermédiaire” ».

Des usages non maîtrisés sur des sujets clés

Autre enseignement de l’enquête : de fortes disparités de niveaux selon les thématiques abordées. Si l’on constate sans surprise une maîtrise d’usages classiques comme les e-mails, le niveau de maîtrise diminue à mesure que les usages se complexifient. Ainsi, les compétences numériques en lien avec la sécurité ou la gestion des données personnelles sont encore loin d’être maîtrisées par les agents. L’âge est un facteur déterminant dans le niveau de maîtrise, parmi les moins de 34 ans seulement 9% ont un niveau débutant contre 48% chez les 55 ans et plus. Pourtant, malgré un niveau de compétence plus élevé, ces agents plus jeunes, parfois trop rapidement qualifiés de digital natives, restent eux aussi fragiles sur des sujets liés à la sécurité et aux données personnelles, des compétences pourtant indispensables dans le cadre de leur activité.

Une disparité selon les catégories d’agents

L’enquête recense une majorité de répondants issue de la catégorie A (45%). Cette tranche est souvent plus exposée aux outils numériques, même si seulement 46% se disent d’un niveau autonome. Plus de la moitié des agents A n’ont donc pas le niveau de maîtrise suffisant pour appréhender des situations nouvelles et en comprendre les enjeux (19% ont un niveau débutant et 34% un niveau intermédiaire).

En parallèle, 35 % des agents de catégorie C ont un niveau débutant. Un chiffre faible qui peut s’expliquer par leur environnement de travail moins numérique. Pourtant, ces agents sont ceux qui affichent un intérêt marqué pour les compétences numériques : 52% sont en demande de formation sur le digital.

L’enjeu fort de la formation

La formation au numérique répond à un véritable enjeu d’employabilité au sein des collectivités, souligne l’étude. La maîtrise des compétences numériques constitue donc un levier d’évolution de carrière indispensable, notamment pour les agents souhaitant exercer de nouvelles missions. Selon les auteurs de l’enquête, « il est urgent d’accompagner cette transformation en offrant aux agents territoriaux des formations ambitieuses et adaptées à leurs besoins. D’autre part, il s’agit de changer radicalement d’approche : l’enjeu n’est pas ou plus de former à tel ou tel “outil” mais de doter chacun d’une culture numérique transverse et large, leur permettant de s’adapter à des environnements numériques en évolution permanente ». Selon eux, la bonne nouvelle est que beaucoup d’agents sont demandeurs !

P.P.-S.

(1) Enquête réalisée au dernier trimestre 2020 avec 1337 agents répondants.

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Philippe Pottiée-Sperry
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