René Régnault, président du Cnas : « Avec la crise, nos prestations sont encore plus essentielles »
Interview de René Régnault, président du Cnas (Comité national d'action sociale).
Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur l’activité du Cnas ?
Nos adhérents n’ont aucunement pâti de la crise sanitaire. Nous avons tout fait pour continuer à distribuer normalement nos prestations. Mais il est vrai que malgré de nouvelles demandes, elles sont globalement moins nombreuses. Cela s’explique par le contexte particulier de cette période avec notamment moins de séjours vacances. Sur l’ensemble de l’année 2020, nous projetons donc une moindre consommation de nos crédits d’intervention. C’est pour cela que nous avons tenu un conseil d’administration le 16 juillet pour débloquer un fonds de solidarité exceptionnel de 10 M€ afin de venir en aide aux familles des bénéficiaires et aux structures adhérentes, particulièrement touchées par la crise sanitaire. Il s’agit de l’abondement de la prestation rentrée scolaire pour les 11-18 ans (50 €) mais aussi pour les 19-26 ans (120 € pour les ayants droit des bénéficiaires en 1ère tranche d’imposition et 70 € en 2ème tranche d’imposition). Une enquête menée auprès des bénéficiaires montre plus de 90% de satisfaction de ces mesures. A cela s’ajoute le gel de la cotisation annuelle pour les adhérents en 2021 alors que son augmentation était prévue. Nous avons reçu beaucoup de courriers de remerciements de maires, ravis de cette mesure dans un contexte financier difficile pour les collectivités.
Après les municipales, comptez-vous de nouveaux adhérents ?
Alors que notre objectif était d’atteindre 780 000 bénéficiaires fin 2020, nous en sommes déjà à 790 000 au 1er septembre. Nous allons dépasser le cap des 800 000 d’ici décembre. Nous touchons toute la sphère familiale car nos bénéficiaires représentent au total 2,5 millions d’ayants droits. Le Cnas est le deuxième CE [comité d’entreprise] de France. La période post-municipales mais aussi les leçons de la crise sanitaire amplifient le phénomène d’adhésion avec l’intérêt pour une offre d’action sociale de qualité. Notre progression s’explique aussi par une montée en puissance du Cnas auprès des grandes collectivités : grandes villes, départements, régions, centres de gestion…
Suite aux municipales, notre nouveau conseil d’administration aurait dû normalement se tenir en septembre ou en octobre. Mais Covid-19 oblige, il aura lieu début 2021. Le dépôt des listes s’effectuera en janvier et l’installation du conseil en mars. A la parité élus-agents, nous comptons aussi tendre davantage vers une parité femmes-hommes. De même, nous espérons obtenir un bon niveau de renouvellement de l’ordre de 40%. Le conseil compte 70 membres qui sont tous administrateurs au même titre qu’il s’agisse d’une commune rurale ou d’une région. Je me représenterai à la présidence du Cnas.
Quelles leçons tirez-vous de la période actuelle ?
Aujourd’hui, les maires prennent encore plus conscience de l’importance de l’action sociale pour leurs agents compte tenu de l’évolution du point d’indice sur lequel ils n’ont aucune prise et des marges de manœuvre limitées concernant le régime indemnitaire. L’offre d’une action sociale diversifiée apparaît ainsi d’autant plus essentielle. La crise du Covid-19 a accentué la nécessité de reconnaissance des agents territoriaux qui ont parfaitement assuré la permanence du service public. Par ailleurs, dans la période actuelle, la France a plus que jamais besoin de se moderniser en mettant beaucoup plus l’accent sur l’échelon local. Le futur projet de loi « 3D » [décentralisation, déconcentration, différenciation] doit permettre de revoir les relations entre l’Etat et les collectivités locales. A cette fin, il faut que le CNFPT ait l’ambition de faire de l’Inet [Institut national des études territoriales] un laboratoire d’innovation permettant d’anticiper et de préparer les dirigeants territoriaux à une nouvelle étape de la décentralisation.
Propos recueillis par Philippe Pottiée-Sperry