Tensions entre les régions et l’Etat

Philippe Pottiée-Sperry
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Lors du dernier congrès de Régions de France, organisé le 30 septembre à Montpellier, les tensions étaient palpables avec le gouvernement.

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« Le Premier Ministre a été accueilli avec une proposition de main tendue et une volonté de travailler en partenariat avec l’État au vu de la situation du pays et des besoins de nos concitoyens », indique l’association. Avant de regretter que les « réponses ne soient pas à la hauteur des attentes ». Malgré un discours se voulant rassurant – « l’Etat ne laisse pas tomber les collectivités », Jean Castex a notamment lâché : « ne comptez pas sur moi pour entretenir des polémiques stériles ». Un ton jugé « humiliant » et dénoncé par de nombreux présidents de région. Dans son communiqué, Régions de France fustige une « ‘République de la centralité’ conforme à la ligne du quinquennat d’Emmanuel Macron ».

Projet de loi de finances 2022

Après la lune de miel entre les régions et le gouvernement lors de la signature d’un accord de partenariat à Matignon le 28 septembre 2020, le climat s’est nettement dégradé depuis, en particulier ces derniers jours. Comme souvent, les mesures contenues dans de petites lignes du projet de loi de finances ont mis le feu aux poudres. En ligne de mire : la réduction de 50 M€ des dotations aux régions. Le Premier ministre a pourtant fait en geste en annonçant une compensation intégrale des 127 M€ de baisse de frais de gestion induits par la baisse des impôts de production. Mais en revanche pas de précisions sur les compensations de pertes tarifaires dans les transports en commun ou la présence des projets liés aux mobilités dans les contrats de plan Etat-région.

« Un conseil extraordinaire » d’ici les prochains jours

Confiant sa « déception », Carole Delga, présidente de Régions de France et de la région Occitanie, a jugé « pas possible d’avoir des leçons, nous ne sommes pas des exécutants de l’Etat. » Et de dénoncer l’absence de volonté de l’Etat de travailler avec les régions alors que « nos régions gèrent des politiques intimement liées avec celles de L’Etat, nous devons trouver les moyens d’un partenariat respectueux. » Conséquence de ce nouveau climat selon Carole Delga : « Nous n’avons eu aucun témoignage de confiance et nous en tirerons toutes les conséquences ». « Un conseil des régions extraordinaire pour tirer les conséquences de cette prise de position » doit ainsi se tenir dans les prochains jours.

Une demande des Français de régionalisation

En appui de son discours, Régions de France met en avant le sondage Ifop* qu’elle a réalisé avec la Fondation Jean Jaurès à l’occasion du congrès. Selon les deux tiers des Français, l’Etat ne laisse pas assez de pouvoirs aux régions, aux départements et aux communes. De plus, ils expriment une forte demande de régionalisation en matière d’environnement, du retour à l’emploi des chômeurs, de l’accompagnement des projets de développement des entreprises ou de l’équité de l’accès aux soins. Par ailleurs, 74% des Français (de métropole) disent faire confiance aux régions contre seulement 26% à l’Etat. Un jugement sans appel !

P.P.-S.

*Sondage réalisé auprès d’un échantillon de trois échantillons : 3011 personnes représentatif de la population métropolitaine (hors Corse) âgée de 18 ans et plus ; 601 personnes représentatif de la population de la Corse âgée de 18 ans et plus ; et 803 personnes représentatif de la population des départements et régions d’outre-mer âgée de 18 ans et plus.

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Philippe Pottiée-Sperry
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