« À Combs-la-Ville, remettre l’humain au centre n’est pas un slogan, c’est une méthode »
À Combs-la-Ville, la qualité de vie au travail n’est ni un concept ni un décor : c’est une politique construite avec les agents, ancrée dans le réel, et portée par une cohérence rare entre services. La DRH, Sabrina Sab, revient sur cette dynamique qui transforme les pratiques et fédère les équipes. La ville a reçu le prix spécial décerné par la rédaction de Zepros Territorial pour sa démarche inspirante.
Vous affirmez placer l’humain au cœur de l’action publique. Concrètement, qu’avez-vous mis en place et avec quels effets ?
C’est vrai : l’humain est le fil conducteur de toutes nos actions. Et ce n’est pas une posture. À Combs-la-Ville, toute l’équipe – direction générale, encadrement, RH – vient du terrain. Nous savons ce que signifie « mettre les mains dans le cambouis ». Cela nous oblige à valoriser ce que font réellement les agents et à bâtir des politiques RH qui leur ressemblent.
Nous avons totalement réécrit notre Document unique d’évaluation des risques professionnels. Pourquoi réécrire plutôt qu’ajuster ? Parce que nous voulions repartir d’une page blanche, redonner la parole aux agents et construire une nouvelle approche de la qualité de vie au travail. Des groupes participatifs ont été constitués, y compris avec des agents habituellement peu sollicités. Ils ont pu exprimer leurs besoins, leurs contraintes, leurs réalités. Autour de cette base, nous avons développé des actions quotidiennes mais aussi des temps forts – notamment une quinzaine dédiée à la QVT. L’objectif n’est pas de « faire de la com’ », mais d’offrir des moments qui donnent du sens, qui permettent de se retrouver, de verbaliser, de mieux comprendre les missions des uns et des autres. Dans cette démarche, le soutien clair du maire est déterminant : bienveillant, accessible, il reçoit tout agent qui en fait la demande. Cela impulse un climat de respect et d’écoute essentiel à la démarche.
Quelles sont les démarches les plus originales ou les plus structurantes que vous avez mises en œuvre ?
Sans hésiter : « Teste mon job ». Pendant quinze jours, 70 agents ont accueilli 70 collègues dans leurs services. Un vrai choc positif. Cela a désamorcé des tensions interservices, déconstruit des idées reçues (« ils ne font rien », « leur travail est simple »…) et ouvert des perspectives professionnelles. Certains ont même découvert des vocations… ou confirmé que leur place était bien dans leur service d’origine !
Nous avons également mené un théâtre forum 2.0 avec une troupe professionnelle et un formateur issu de la fonction publique. L’idée : travailler sur les droits et obligations, sur l’image du fonctionnaire, sur les tensions entre usagers et agents. Les agents ont pu exprimer ce qu’ils vivaient, notamment le manque de considération auquel certains sont parfois confrontés. C’était puissant, collectif, libérateur.
D’autres actions plus concrètes complètent la démarche : massages, prévention santé, sensibilisation aux risques, distribution d’outils pratiques, amélioration d’équipements… Et nous réagissons vite : lorsqu’une Agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM) nous signale une incapacité à se mettre accroupie par exemple, nous cherchons dans la même journée une solution adaptée. C’est cela, la QVT : du concret, pas du cosmétique.
Certaines actions fonctionnent très bien, d’autres moins. Qu’est-ce qui fédère… et qu’est-ce qui coince encore ?
Les moments conviviaux, les démarches participatives, tout ce qui permet d’échanger et de mieux se connaître fonctionne très bien. La cohésion interservices s’est visiblement renforcée. L’absentéisme a reculé entre 2024 et 2025 et l’attractivité progresse : certaines offres reçoivent désormais de nombreuses candidatures, et la mobilité interne se développe.
Ce qui marche moins bien, ce sont les périodes où des décisions difficiles s’imposent : non-remplacement de postes, contraintes budgétaires fortes. Dans ces moments-là, certains agents se sentent en décalage avec le discours sur l’amélioration des conditions de travail. Il faut leur laisser du temps, les accompagner, les écouter.
Un autre enjeu est le rôle du manager. Les agents ont besoin de décisions claires et de sens. Nous travaillons beaucoup sur cet aspect, avec de la formation, du soutien, et une pédagogie exigeante mais bienveillante.
Enfin, certains secteurs – petite enfance, animation – restent en grande difficulté : métiers exigeants, bruit, charge émotionnelle forte, manque de candidats. Nous accompagnons au mieux, notamment via des solutions techniques (panneaux acoustiques) ou par une présence RH renforcée.