Estelle Mallet-Chevassu

« Ma feuille de route pour le SNDGCT »

Hélène Guillet, présidente du SNDGCT
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Hélène Guillet, présidente du SNDGCT

Le passage de flambeau s’est fait lors du dernier congrès national du SNDGCT (Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales), qui se tenait du 13 au 15 octobre, à Bordeaux. Membre du syndicat depuis 2012, Hélène Guillet, élue le 17 septembre dernier, prend donc la succession de Stéphane Pintre, après cinq mandats et 16 ans de présidence. Elle est aussi DGS du centre de gestion de Loire-Atlantique.

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Peut-on parler d’une nouvelle dynamique pour le syndicat avec une présidente à sa tête ?
A chaque changement, c’est un souffle forcément nouveau lié à la personne. Cette dynamique au SNDGCT a toujours existé et nous sommes plutôt, aujourd’hui, dans une dynamique renouvelée. Avec à l’échelle des exécutifs locaux, départementaux et régionaux, également un très fort renouvellement et de très belles dynamiques, signaux forts de la vitalité du syndicat. 
Ce qui me frappe dans ce moment charnière, c’est la lucidité de notre organisation à faire groupe et collectif, à condition qu’il y ait un projet et un leadership capable d’incarner ce projet, de le mettre en mouvement, et aussi de fédérer. Je suis à la présidence, non pas parce que je suis une femme mais parce qu’on m’en reconnaît les qualités en tant que leader avec un vrai projet. J’y suis prête, préparée et engagée. Je suis aussi à la présidence parce que notre organisation est moderne et ouverte. Il y a quelques années, je ne suis pas sûre que cela aurait été possible de la même manière, mais comme pour bien d’autres, parce que l’accession à des formes de pouvoir pour les femmes, même avec des qualités et des compétences, était beaucoup plus difficile. 

Quelle sera votre feuille de route pour les semaines à venir ?
J’ai pour habitude de dire que « tout ce qui part de travers n’arrive pas droit » et si on veut arriver droit et bien, il est important de ne pas se précipiter. De prendre le temps de réfléchir aux priorités, de faire vivre ce qui est déjà lancé. Nous avons des idées, des projets mais je veux laisser le temps à la nouvelle équipe de s’installer et de se mettre correctement au travail. De faire groupe et collectif avec les territoires, qui est un axe fort de mon projet. Cela existe déjà mais je veux l’amplifier. Je vais d’ailleurs prendre le temps d’aller sur le terrain. Parce que sans les territoires, il n’y a pas de syndicat. 

Face aux défis et aux transitions qui impactent les services publics, comment comptez-vous agir ? 
L’un des axes de mon projet qui devra être notre prisme de notre travail, c’est « à quoi sert notre organisation ». Et ce qui fait notre ADN, c’est d’abord la promotion et la valorisation des fonctions de direction générale (DG) jusqu’à sa défense. Nous nous rendons compte que nous ne sommes pas visibles, pas connus, parfois totalement ignorés, hors microcosme territorial... Mais on existe ! Le DG est là pour être contributeur, apporteur d’idées, développeur de stratégies, manager, spécialiste de l’action publique. Et nous avons vocation à être partie prenante et producteur sur tous les champs qui sont au coeur de l’action publique, sur tout ce qui concerne les transitions, et les politiques publiques. 

Cela interroge le positionnement difficile des DGS et DGA...
Il y a, en effet, un positionnement très difficile, qui reste délicat, mais qui est pour nous sans ambiguïté dans l’ordonnancement des organisations publiques. Nous sommes des gens loyaux, qui savons où nous habitons, qui savons où commencent nos responsabilités et où elles se terminent. En revanche, nous sommes aussi des personnes responsables qui ne voulons pas nous faire enfermer dans des cases ou dans des boîtes un peu stéréotypées. Cela ne correspond plus au monde actuel, qui tourne sous forme de réseaux, de mises en relation, d’interface permanente, de dialogue, d’arbitrage… Il n’y a aucune raison pour que ce type d’approche ne s’applique pas aussi à nos fonctions.

C’était le sens de votre rencontre avec le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, le 29 septembre ?
Nous avons pu dire que nous étions là pour aider à réfléchir, participer à des groupes de travail, faire des propositions et produire aussi, avec les élus et toutes les parties prenantes de l’action publique. C’est ce qui nous anime. Nous ne sommes pas DGS ou DGA en organisation publique sans être un fondu de service public, d’action publique et d’intérêt général. 
Nous avons ressenti de l’écoute, de la disponibilité et de l’ouverture. Après nous jugerons sur pièce et sur fonctionnement. En tout cas, l’intention nous a été dite de pouvoir travailler ensemble. Et nous suivrons de prêt le calendrier de travail gouvernemental autour des questions de FPT, et notamment les retraites, sur lesquelles nous avons des contributions à apporter.

Tensions de recrutement voire pénurie, la fonction de DG n’est pas épargnée : comment l’appréhender ?
Pour la première fois, dans le dernier baromètre sur l’Observatoire de l’emploi, la fonction de DG apparaît comme un métier en tension. Quand on accompagne des collègues en difficulté, on voit toutes les situations délicates, qui ne se sont pas arrangées depuis la crise sanitaire en raison des exigences du quotidien dans la mise en œuvre, des ressources qui se restreignent encore, du climat général anxiogène, des agents plus exigeants également parce qu’eux-mêmes soumis à beaucoup de pression. 
Si nous voulons que ces fonctions de DG perdurent, il ne peut pas y avoir que des points de difficulté et de tensions. Parce que ce sont aussi des fonctions extrêmement intéressantes et stimulantes. A nous de faire reconnaître et d’attirer. D’agir sur trois grands champs : valoriser, promouvoir, défendre celles et ceux qui sont déjà en fonction ; montrer toute l’utilité et le bénéfice de prendre soin de cette fonction en lien avec les parties prenantes actuelles ; contribuer auprès des employeurs publics à attirer des talents, à favoriser et faciliter les recrutements. C’est à cela que le syndicat sert et contribue.

Estelle Mallet-Chevassu
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