37 propositions pour renforcer le lien social

Philippe Pottiée-Sperry
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Le conseil de développement de l’Eurométropole de Strasbourg s’est saisi de la question du lien social suite à une conférence du sociologue Serge Paugam en décembre 2016.

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Il vient de rendre public un rapport contenant 37 propositions d’amélioration face aux enjeux économiques, sociaux, démocratiques ou de bien-être. Avec le lien de citoyenneté, il préfigure un travail qui sera mené en 2019 sur le rôle du citoyen dans l’action publique.

Si le rapport du conseil de développement de l’Eurométropole de Strasbourg s’adresse en priorité aux élus et services des collectivités, il intéresse également tous les acteurs oeuvrant en faveur du lien social (associations, entreprises, habitants, organismes publics…). Les différentes propositions seront discutées et partagées lors de conférences qui se tiendront jusqu’à l’automne prochain.

Liens de participation élective et de citoyenneté

Le conseil de développement a principalement traité des liens de participation élective (le lien social choisi) et de citoyenneté. Il propose aussi des préconisations sur le « lien de participation organique » (lien au travail). Elles se veulent centrées sur des leviers non exclusivement financiers, pouvant être activés afin de favoriser le développement de liens sociaux. Ces préconisations ont fait l’objet d’une priorisation selon trois critères : leur impact plus ou moins important sur le lien, leur caractère innovant sur le territoire et leur faisabilité. Les propositions ne sont pas toujours liées à une analyse fine de la situation locale et de l’existant : certaines peuvent donc déjà être mises en œuvre, par un ou plusieurs acteurs, sur l’ensemble ou une partie du territoire. Elles sont proposées en ce que leur généralisation parait souhaitable.

Consultation et concertation

Un chapitre important est consacré à la consultation et la concertation mais aussi au développement de la démocratie participative pour mieux associer les citoyens « ordinaires » à la vie politique. Elle comprend notamment les dispositifs imposés par la loi (conseil de quartier, conseil citoyen, conseil de développement) et les initiatives plus informelles. C’est un état d’esprit pour les élus, un processus d’implication directe et d’intéressement des citoyens à la chose publique, qui génère une « dynamique » dans la commune, l’émergence d’initiatives et d’innovations, quel que soit le domaine. Il s’agit également de tisser (ou retisser) des liens entre habitants et élus par des rencontres régulières et d’élargir les opportunités pour les habitants de s’exprimer sous diverses formes.

Des enjeux multiples

Les enjeux du lien social sont multiples (économique, démocratique, de santé et de bien-être) et renforcent l’idée que ce sujet devrait se situer beaucoup plus au cœur des politiques et de façon transversale dans les services. Si la création de lien social en tant que tel ne fait pas partie des compétences de la métropole, elle a pourtant un impact fort sur le bon fonctionnement de la société et la cohésion sociale. Concernant le lien de participation élective (le lien choisi), les préconisations du conseil de développement démontrent que « la collectivité peut constituer un véritable levier pour son amélioration ». Pour le lien de citoyenneté, la question de la reconnaissance, c’est-à-dire de pouvoir participer, fait écho avec les récentes manifestations nationales des « Gilets jaunes ».

Pertinence de l’échelle locale

L’échelle locale parait la plus pertinente pour innover en la matière. « Nous considérons que les élus, en ce sens, ont un rôle incontournable pour le renforcement du lien de citoyenneté », indique le rapport. Les élus (et les services) devraient donc garder à l’esprit en permanence un fil rouge « lien social », en se posant les questions de l’impact, des bénéfices d’un projet ou du fonctionnement d’un service sur le lien social pour l’améliorer, l’adapter ou le réorienter. Quelques préconisations formulées par le conseil de développement sont déjà mises en œuvre dans certaines communes mais ne sont pas d’actualité dans d’autres. La majorité des préconisations peut être déployée à l’échelle des communes (ou des quartiers) et de l’Eurométropole de Strasbourg.

Exemples de préconisations

Parmi les 37 préconisations du rapport du conseil de développement de l’Eurométropole de Strasbourg, on peut notamment citer : -Multiplier des espaces et opportunités de rencontres sur l’espace public-Développer les tiers lieux-Développer l’habitat intergénérationnel-Créer des activités et du lien durable avec les EHPAD-Sensibiliser le milieu associatif à l’importance du lien social-Faciliter le bénévolat et encourager l’esprit de solidarité-Développer le partage de proximité et les services entre habitants-Inciter les citoyens à voter lors des différentes élections-Encourager les initiatives citoyennes-Réaliser des comptes-rendus synthétiques et accessibles des débats municipaux et métropolitains-Garantir l’accès et la transparence des données relatives à la collectivité-Structurer les possibilités pour le public d’interpeller la collectivité-Systématiser la consultation dans toutes les actions de la collectivité-Privilégier la concertation et la co-construction des politiques et des grands projets-Généraliser les dispositifs de démocratie participative dans les communes-Mettre en place des budgets participatifs citoyens -Renforcer la participation des jeunes-Inciter les bailleurs sociaux à développer le lien social au sein des immeubles et quartiers qu’ils gèrent
Philippe Pottiée-Sperry
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