
3 Minutes / 3 Questions dans les conditions du Direct

Zepros Territorial vous emmène chaque semaine avec France Climat à la rencontre d’un élu de France. Un format direct, rapide et percutant pour découvrir les défis, réussites et visions de femmes et d’hommes engagés. Invité cette semaine, Franck Proust, président de Nîmes Métropole. En 3 minutes chrono, il partage ses projets marquants, ses petites frustrations et ses grandes ambitions pour sa métropole. Un échange sans détour, à ne pas manquer !
Quel est le projet dont vous êtes le plus fier ?
Le projet dont je suis le plus fier est sans doute le PAPI 3, c’est-à-dire le Plan d’Actions et de Prévention contre les Inondations. C’est un chantier colossal, à 130 millions d’euros sur huit ans, qui s’inscrit dans une stratégie amorcée dès 2001. Grâce à une forte mobilisation, j’ai obtenu 50 % de financement de la part de l’État, ce qui est remarquable pour un tel montant. Ce projet a permis de traiter des problématiques techniques majeures, comme le passage à proximité d’une base militaire ou le franchissement d’une voie ferrée. Pour surmonter ces contraintes, nous avons utilisé une méthode innovante : la technique du tunnelier, similaire à celle employée pour le tunnel sous la Manche.
Ce chantier, bien qu’il ait généré un surcoût, a été entièrement justifié et compensé par l’État. Il marque l’aboutissement d’un long travail de sécurisation de notre territoire. Aujourd’hui, ce sont plus de 40 000 habitants de la partie Est de Nîmes qui bénéficient d’une protection renforcée face aux risques climatiques. Avec le changement climatique et l’intensification des épisodes pluvieux, cette tranquillité retrouvée est précieuse pour les habitants. Le PAPI 3 est un projet structurant, invisible au quotidien mais décisif pour l’avenir du territoire.
Un projet vous laisse-t-il un goût d’inachevé ?
J'en citerai deux. Deux projets importants, sur lesquels je ne suis pas seul à décider, et qui me laissent un réel sentiment de frustration. Le premier, c’est le raccordement entre la gare TGV de Manduel et la gare de Nîmes centre. La gare de Manduel, située sur la ligne à grande vitesse, devait être efficacement connectée au centre-ville. Une voie existe, utilisée par les TER, mais il manque une liaison directe à quai. Résultat : les correspondances sont souvent compliquées, voire manquées. Un TGV peut avoir quelques minutes de retard, mais un TER ne l’attendra pas. Du coup, les usagers sont obligés de prendre un taxi parfois plus cher que leur billet de train. C’est un non-sens. Ce raccordement, à l’image de ce qui a été fait à Avignon ou Tours, permettrait de reconnecter efficacement Nîmes au réseau TGV, au bénéfice des habitants comme de l’attractivité du territoire.
Le second dossier concerne le contournement ouest de Nîmes, notamment le barreau entre l’autoroute A9 et la RD40. Ce projet routier structurant permettrait de fluidifier les liaisons entre Nîmes et Alès, en créant une 2x2 voies. Le financement est en partie assuré par la renégociation du contrat autoroutier avec Vinci, mais j’attends encore la signature de la convention. Tant qu’elle n’est pas effective, le dossier reste à l’arrêt. C’est d’autant plus frustrant que ce projet est prêt à démarrer et pourrait répondre à des besoins de mobilité très concrets. Mais comme souvent aujourd’hui en France, tout projet routier soulève des réticences politiques et environnementales, ce qui ralentit, voire bloque, leur mise en œuvre.
Quels projets marqueront votre mandat ?
D’abord, je crois que nous avons remis l’agglomération en ordre de marche. Nous avons recentré l’action sur nos compétences, réduit les frais de fonctionnement en nous séparant de 80 collaborateurs sur 500, ce qui a dégagé des marges d’investissement. Nous avons aussi renouvelé la flotte de bus, introduit le biogaz, modernisé la collecte des déchets avec une baisse de 10 % de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
Sur l’attractivité, nous avons créé ou maintenu entre 3 000 et 3 500 emplois. Des entreprises comme Soprema, Virbac, Phytocontrol, Thermo Fisher ou Sud Métal Provence se sont implantées ou développées. Nous avons aussi franchi une étape sur la transition énergétique avec une station de levage qui sécurise l’alimentation en eau de 40 000 habitants.
Côté mobilités douces, nous lançons le 20 mai prochain "Nemo Vélo", un service de vélos électriques en libre-service avec 38 stations sur la ville de Nîmes. Et nous avons relancé notre aéroport avec de nouvelles destinations (Porto, Dublin, Édimbourg) et 250 000 passagers, un record en 20 ans.
Un sujet reste sensible pour de nombreux élus : le logement. Qu’en est-il à Nîmes Métropole ?
C’est en effet une grande inquiétude. Le contexte législatif actuel crée une forme de schizophrénie : on nous demande de construire, mais on nous bloque par des contraintes environnementales ou de quotas de logements sociaux. Le ZAN est un vrai obstacle. Nous avons pourtant mis en place un système de compensation environnementale, par exemple pour les 40 hectares du futur parc d’activités Magna Porta, qui générera près de 2 000 emplois. Pour cela, nous avons prévu 200 hectares de compensation.
Mais les élus se heurtent à une administration tentaculaire. Entre les réglementations, les agences, et le temps de mise en œuvre d’un projet – désormais bien au-delà d’un mandat – les marges de manœuvre sont faibles. Ce décalage crée un vrai découragement.
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