3 Minutes / 3 Questions dans les conditions du Direct avec Thibaut Guigue, Président de Métropole Savoie

, mis à jour le 09/04/2025 à 09h44
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Thibaut Guigue, Président de Métropole Savoie (SCoT)

Zepros Territorial vous emmène chaque semaine avec France Climat à la rencontre d’un élu de France. Un format direct, rapide et percutant pour découvrir les défis, réussites et visions d’hommes et de femmes engagés. Invité cette semaine, Thibaut Guigue, Président de Métropole Savoie - syndicat mixte chargé d’élaborer et de mettre en œuvre le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) - vice-président Grand Lac-Communauté d'agglomération et adjoint au maire d'Aix-les-Bains (73). En 3 minutes chrono, il partage ses projets marquants, ses petites frustrations et ses grandes ambitions pour son territoire. Un échange sans détour, à ne pas manquer ! 

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Vous avez mené plusieurs projets au cours de votre mandat. De quel projet abouti êtes-vous le plus fier ?

Je pourrais citer plusieurs projets, mais s’il y en a un qui me tient particulièrement à cœur, c’est le Bois Vidal. Cet espace naturel boisé de 15 hectares, en plein centre-ville, qui a bénéficié d’un investissement de 800 000 € pour le rendre plus accessible. Aujourd’hui, il permet aux habitants de profiter d’un cadre exceptionnel, avec des aménagements adaptés aux familles et aux personnes à mobilité réduite. Cet espace est devenu une véritable respiration au cœur de la ville, un peu comme un "Central Park" local. Mais si je prends un tout petit peu de hauteur, ce qui me rend le plus fier, c’est le travail accompli à l’échelle du SCoT. Ce sont des projets qui, bien souvent, ne se verront que dans plusieurs années. On investit du temps et des efforts dans des transformations qui bénéficieront à nos successeurs. C’est parfois frustrant, car l’action publique est souvent jugée sur ce qui est immédiatement visible. Pourtant, notre responsabilité est de préparer l’avenir.

Y a-t-il un projet abouti qui vous laisse malgré tout un goût d’inachevé ?

Je dirais que la rénovation énergétique du parc immobilier est un domaine dans lequel nous avons encore beaucoup à faire. Nous avons mis en place des dispositifs d’aide, comme Jéro Grand Lac, qui accompagne la rénovation des logements avec des subventions de l’Anah. Mais ces politiques manquent encore d’efficacité, notamment en raison d’une ingénierie trop complexe et d’un manque d’optimisation des financements publics. Aujourd’hui, nous dépensons énormément d’argent dans des études et de l’ingénierie, alors que ces ressources pourraient être mieux mutualisées. Il faudrait réfléchir à une approche plus efficace de la dépense publique. Il ne s’agit pas seulement d’augmenter les budgets, mais aussi de mieux organiser leur utilisation pour maximiser l’impact réel sur le terrain.

Quel projet marquera votre mandat ?

Le grand projet que nous portons actuellement porte sur l’organisation territoriale et les mobilités. Nous menons une étude approfondie sur les dynamiques territoriales et les déplacements, pour mieux comprendre comment nos infrastructures et nos paysages doivent évoluer face aux transformations économiques et démographiques.
Nos territoires doivent s’adapter aux nouveaux besoins de la population : vieillissement, évolution des modes de travail, impacts du changement climatique… L’idée n’est plus seulement de "planifier" comme on le faisait il y a vingt ans, mais d’anticiper un avenir qui devient de plus en plus incertain. Plutôt que de prédéfinir un scénario unique, nous devons imaginer des trajectoires d’évolution possibles et rendre notre territoire plus résilient face aux défis qui viennent.

Avec tous ces projets et ces défis, avez-vous le sentiment d’avoir fait le maximum ?

Non, et je crois que personne ne peut le prétendre. L’action publique est un processus long et complexe, qui implique de nombreux acteurs aux intérêts parfois divergents. Ce que je constate, c’est que notre monde devient de plus en plus complexe et rapide, et nous devons apprendre à composer avec cette réalité.
Notre responsabilité en tant qu’élus est d’adopter une vision de long terme, même si cela ne se traduit pas dans les urnes. Il faut concilier la nécessité d’agir vite avec le besoin d’une vision cohérente à long terme. Ce n’est pas toujours simple, mais c’est indispensable.

Quel regard portez-vous sur votre engagement en tant qu’élu ?

Être élu, c’est avant tout porter une vision collective, mais aussi savoir s’adapter aux évolutions et aux contraintes du moment. L’aménagement du territoire, ce n’est pas seulement des infrastructures, c’est aussi une question d’équilibres entre les populations, les cultures, les services publics, l’environnement…
J’ai la conviction que nous devons davantage structurer nos décisions pour éviter de naviguer à vue. Il faut accepter que certaines politiques n’auront d’impact que dans dix ou quinze ans. L’engagement territorial est un travail de longue haleine, et je suis fier d’y contribuer.
 

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