+6,5 % pour la commande publique au premier semestre 2022
Les bons chiffres de la commande publique sur le début de l’année (51,2 Md€ au premier semestre) doivent être relativisés compte tenu de l’impact de l’inflation. Le ralentissement enregistré entre mars et juin devrait se poursuivre voire s'amplifier sur le second semestre.
Dans deux publications, Intercommunalités de France et la Banque des Territoires viennent de diffuser les derniers chiffres de la commande publique sur le premier semestre 2022 mais aussi sur l’année 2021. Depuis déjà plusieurs années, ce baromètre permet le suivi des achats réalisés par les acheteurs publics en fonctionnement comme en investissement. Il repose sur une analyse systématique des appels d'offres et des avis d'attribution des marchés publics.
Premiers effets de l'inflation
L’analyse permet de distinguer les différents types d’acheteurs (État, collectivités, bailleurs sociaux, hôpitaux…), le poids de la commande publique par région et par intercommunalité, la nature des marchés et les grandes politiques publiques concernées.
Le premier semestre 2022 connaît une progression de +6,5% de la commande publique, en comparaison avec 2021, soit 51,2 Md€. Cette hausse est surtout enregistrée au début de l'année 2022 (premier trimestre) : entre mars et juin, la commande publique progresse de 2,7 Md€. Le nombre d'appels d'offre est en recul pour un volume des marchés identique, faisant progresser la valeur moyenne des achats. Cette progression témoigne des premiers effets de l'inflation sur la commande publique.
Le volume des achats au deuxième trimestre 2022, traditionnellement le trimestre le plus important de l'année, retrouve celui du deuxième trimestre 2021. Lors du congrès des maires, Territoires unis, collectif réunissant l’AMF, Départements de France et Régions de France, s’alarmait du risque d’une « chute historique de l’investissement public ». Une inquiétude forte qui ne se traduit pas encore dans les chiffres
« Une progression à nuancer »
L’ex AdCF évoque donc « une progression à nuancer ». Dans le détail, les collectivités représentent 52% de la commande publique (+2,8% par rapport au premier semestre 2021). Les premiers signes de l’inflation apparaissent : +19,3% pour les marches de service et +5,1% pour les marchés de travaux de rénovation, contre -0,13% pour les marchés de travaux neufs.
Le nombre d'appels d'offre est en recul pour un volume des marchés identique, faisant progresser la valeur moyenne des achats. Des constats qui devraient s’aggraver sur le second semestre.
Les différences sont fortes entre les régions. Dans l’hexagone, les progressions passent de +16,5% dans les Pays-de-la-Loire, +15,8% dans le Grand Est ou +15,6% en Nouvelle-Aquitaine à -6,4% en Centre Val de Loire, -3,7% en Bretagne ou -3,3% en Occitanie. Les différences sont encore plus marquées dans les territoires ultra-marins : +17,3% en Guyane contre -18,4% à la Réunion.
Reprise économique post-Covid en 2021
L’année 2021 traduit pour la commande publique la reprise économique post-Covid. Avec un volume de 94 Md€, les marchés publics occupent ainsi une place essentielle dans l’économie nationale (8 % du PIB et 1431 € par habitant), constate Intercommunalités de France.
Au sortir de la crise sanitaire, la commande publique connaît un rebond en 2021 (+9,4 % par rapport à 2019 et + 33,4 % par rapport à 2020), tiré par un effet de rattrapage des donneurs d’ordre et la reprise de l’activité économique.
Les collectivités représentent 54 % de la commande publique et l’État 17 %. L’intercommunalité est le deuxième acheteur local (11,8 Md€). Dans le détail par niveau de collectivité : les communes (44%), les intercos (24%), les départements (13%), les syndicats intercommunaux (12%), les régions (5%).
61% des marchés publics concernent les TPE-PME. La reprise apparaît plus marquée en Ile-de-France (+40 %) et dans les Pays de la Loire (+55 %).