Le Conseil national de la refondation va se décliner dans les bassins de vie

Philippe Pottiée-Sperry
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Installation du Conseil national de la refondation

Le Conseil national de la refondation, lancé le 8 septembre, va se décliner en CNR thématiques mais aussi locaux au niveau des 1200 bassins de vie. Une prochaine réunion plénière se tiendra en décembre et constituera une première heure de vérité sur l’efficacité ou non du « machin » dénoncé par certains. 

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Emmanuel Macron a lancé, le 8 septembre, le Conseil national de la refondation (CNR), au centre national du rugby, à Marcoussis, en présence d’une quarantaine d’invités. Cette instance vise à mettre en œuvre une « nouvelle méthode » en réunissant autour de la même table « des représentants des forces politiques, des partenaires sociaux, des élus locaux, du monde économique et du monde associatif ». Objectif : « faire avancer le pays dans un esprit de dialogue et de responsabilités partagées ». Pour cela, le chef de l’Etat espère « bâtir du consensus ». 
Mais cela a mal commencé avec l’absence de tous les partis d’opposition (LFI, PS, EELV, PCF, LR, RN) mais aussi du président du Sénat, Gérard Larcher, et de plus de la moitié des syndicats (FO, Solidaires, la FSU et la CFE-CGC), dénonçant en cœur « un outil de communication ». « 52 personnes sont invitées. 40 sont là. Les 12 qui ne le sont pas ont tort », a taclé Emmanuel Macron en début de journée. 

Des CNR locaux
Ayant duré toute la journée, le CNR a démarré par les interventions du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, du premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, et de la présidente du Haut conseil pour le climat, Corinne Le Quéré, pour présenter « les grands défis » de la France. Dans le détail, les discussions du CNR porteront notamment sur cinq thèmes : le plein emploi et la réindustrialisation, l’école, la santé, la transition écologique et le bien vieillir. Emmanuel Macron a promis de laisser ouverte la liste des sujets à traiter. Ainsi, dès l’issue de la journée, il a indiqué que sept CNR seront mis en place à l’échelle nationale : démographie, modèle productif, climat, travail, modèle social, numérique et logement. Avec les participants, il veut « très vite lancer des actions concrètes ». Autre précision du chef de l’Etat : les propositions issues des débats du CNR pourront « déboucher des référendums ». 
Il a aussi annoncé la territorialisation de trois thématiques. Une satisfaction pour Sébastien Martin, le président d’Intercommunalités de France (ex AdCF) qui plaidait pour une déclinaison territoriale du CNR dans « nos 1200 bassins de vie » en évitant un pilotage trop centralisé des conditions d’organisation de ces débats. Ces CNR locaux seront chapeautés par les préfets. A noter que tous les membres du CNR pourront être présents ou représentés dans les CNR thématiques et locaux. 

Prochaine séance plénière en décembre
Côté calendriers, les différents CNR thématiques doivent être lancés rapidement. Le premier sera consacré à l’école. Des réunions se dérouleront durant plusieurs mois avec l’objectif d’avoir des traductions concrètes en 2023. Nommé secrétaire général du CNR, François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, est chargé de suivre le travail et le partage d’expériences entre chaque CNR thématique. Il définit la nouvelle instance comme « l’occasion de prendre le temps nécessaire pour préparer l'avenir et s'intéresser au long terme ». La prochaine séance plénière du Conseil national de la refondation devrait se tenir en décembre afin de dresser un point d’étape. 
À l’issue des différentes concertations menées, certaines mesures pourront être prises directement par les élus locaux, d'autres par les services déconcentrés de l'Etat, certaines par des acteurs privés, et parfois des mesures nationales et des réformes législatives seront nécessaires. Par ailleurs, soucieux d’associer les Français à ces travaux, Emmanuel Macron a annoncé le lancement, dès les prochains jours, d’une « consultation nationale très large » en ligne et sur le terrain.

Les élus locaux « attendent des actes »
Après quelques hésitations, toutes les associations d'élus étaient finalement présentes à Marcoussis, mais pas forcément représentées par leurs présidents. Sébastien Martin, président d’Intercommunalités de France, s’est dit « satisfait de l’esprit de consensus lors du CNR ». Il indique avoir demandé à Emmanuel Macron d’« insuffler une nouvelle manière de faire ensemble en mettant fin au fonctionnement en tuyaux d’orgue pour enfin coopérer par bassin de vie ». Message apparemment reçu par le chef de l’Etat. « Affaire à suivre », souligne prudemment Sébastien Martin. 
Pour sa part, Johanna Roland, la présidente de France urbaine, a regretté l’absence des questions de lutte contre les inégalités et de la précarité parmi les chantiers du CNR, demandant ainsi « leur mise l'agenda ». Au-delà, sur le changement de méthode évoqué par Emmanuel Macron, elle répond : « nous attendons des actes ! ». 

Besoin d’« un retour de la confiance »
Guy Geoffroy, représentant de l’AMF à Marcoussis, a rappelé à Maire-Info, le quotidien en ligne de l’association, que les membres de Territoires unis (AMF, Départements de France et Régions de France) n’ont accepté de se rendre au CNR qu’après avoir reçu certaines « assurances » du chef de l’État, lors de leur rencontre à l’Elysée du 5 septembre, dont la mise en chantier d’une loi de décentralisation. 
Insistant sur le besoin d’« un retour de la confiance entre l’État et les collectivités », le maire de Combs-la-Ville attend « que le chef de l’État fasse des gestes clairs pour montrer qu’il comprend la place absolument déterminante qu’occupent les collectivités locales dans la résolution des crises ». 

Répondre à « l’urgence territoriale »
Pour l’AMRF (Association des maires ruraux de France), son vice-président, Yvan Lubraneski, maire de les Molières (91), présent à Marcoussis, a évoqué l’importance de répondre à « l’urgence territoriale ». « Une première parole m’a permis d’insister sur l’enjeu démocratique autour de cette initiative, les attentes fortes des territoires ruraux au cœur desquels les maires doivent voir leur quotidien simplifié et leurs projets accompagnés », affirme l’élu. 
L’AMRF a indiqué qu’elle participera aux groupes de travail thématiques nationaux et aux débats organisés dans les territoires grâce à son réseau d’associations départementales.

Philippe Pottiée-Sperry
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