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Sans-abris : le plan Logement d’abord 2 sera-t-il suffisant ? 

Philippe Pottiée-Sperry
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Sans-abris : le plan Logement d’abord 2 suffira-t-il ? 

Avec un budget de 500 M€ jusqu’en 2027, le nouveau plan présenté par le ministre Olivier Klein vise à créer 100 000 logements très sociaux, 35 000 places en intermédiation locative ou 10 000 places en pensions de famille.

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Le premier plan Logement d’abord a permis sur la période 2017-2022 d’aider 440 000 personnes à sortir de la rue et d’accéder à un logement pérenne, d’augmenter de près de 70% la part des attributions de logements sociaux aux ménages et aux sans-abris ou encore de créer 40 000 nouvelles places dans le parc locatif privé en intermédiation locative. Affichant ce bilan, le gouvernement a présenté la suite, le 20 juin, avec le plan Logement d’abord 2 qui était attendu depuis des mois. Les crédits seront augmentés de 160 M€ d’ici 2027, comme l’avait annoncé Elisabeth Borne lors de la restitution du CNR logement le 5 juin dernier. 

30 000 places en intermédiation locative 
Le plan Logement d’abord 2 s’élève donc à 500 M€ sur cinq ans en faveur de la réinsertion des personnes sans domicile. Ambitieux, il veut amplifier la dynamique pour permettre à 800 000 sans-abris de sortir de la rue pour accéder à un logement pérenne.
En présentant les mesures, Olivier Klein, ministre délégué au Logement et à la Ville, a indiqué que 30 000 places en intermédiation locative seraient créées pour permettre à des personnes en grande précarité de bénéficier d’un logement dans le parc privé à un tarif abordable. Autre mesure prévue : l’ouverture de 10 000 places de plus dans des pensions de famille afin de faciliter la réinsertion dans un cadre combinant logements individuels et espaces collectifs. Le nouveau plan se fixe aussi l’objectif de 25 000 nouveaux logements agréés en résidences sociales et en foyers de jeunes travailleurs.
A cela s’joutera l’objectif de créer 100 000 logements très sociaux sur cinq ans. 

Mieux accompagner les plus démunis
Par ailleurs, le plan vise à produire plus de logements très sociaux ordinaires à bas niveau de quittance (PLAI et PLAI adaptés). En matière d’accompagnement, il veut renforcer l’aide à la gestion locative sociale pour améliorer la prise en charge et le suivi des personnes hébergées en résidences sociales (familles monoparentales, travailleurs précaires, jeunes travailleurs…). De plus, 26 équipes mobiles de prévention des expulsions sont pérennisées. 
A cela s’ajoute l’ouverture de nouveaux sites dans le cadre du dispositif « Un chez soi d’abord » après une expérimentation concluante. La mesure prévoit un accès direct au logement depuis la rue ainsi qu’une prise en charge au domicile par divers professionnels (emploi, santé).
 
Plus de moyens pour l’hébergement d’urgence 

Pour améliorer le fonctionnement de l’hébergement d’urgence, 500 employés supplémentaires viendront renforcer les SIAO (Services intégrés d’accueil et d’orientation, le 115) afin d’« améliorer la réponse à la demande de logement et d’assurer des prises en charge toujours plus qualitatives et adaptées aux profils des personnes mises à l’abri », précise le ministère du Logement.
Face à un hébergement d’urgence très souvent saturé, « il est indispensable d’offrir des solutions de sortie durables aux personnes les plus démunies et de leur faire bénéficier d’un accompagnement à la hauteur de leurs besoins », souligne Olivier Klein. 

Plan « flou et insuffisant » 
Malgré la présentation des nouvelles mesures et l’augmentation des moyens financiers, les associations d'aide aux sans-abris et aux mal logés s'interrogent sur leur efficacité. Le collectif des associations unies (CAU), qui en regroupe 40 dont l’Uniopss, le Secours catholique ou la Fondation Abbé Pierre, parle ainsi d’un plan « flou et insuffisant ». Le premier plan Logement d’abord avait montré sa « pertinence » en « augmentant le nombre d’attributions HLM aux personnes sans domicile, en relançant la production de pensions de famille et d’intermédiation locative dans le parc privé, en lien avec 44 territoires engagés », estime le CAU. 
Un jugement positif partagé par l’Union sociale pour l’habitat (USH) considérant que le premier plan quinquennal a permis des « avancées positives avec une augmentation du nombre de ménages sans domicile accédant au logement ».

Dispositif insuffisant pour les associations
Le CAU pointe une « situation [qui] s’est détériorée, selon des chiffres inquiétants en augmentation chaque année : plus de 330 000 personnes sans domicile, 6000 demandes non-pourvues chaque soir au 115 et 2,4 millions de ménages en attente de logement social ». Les associations craignent aussi que le budget du second plan reste « insuffisant pour changer la donne ». Pour sa part, l’USH critique des chiffres pas assez étayés ne permettant pas « de qualifier la crédibilité du dispositif financier annoncé ». Ce qui n’empêche pas sa présidente, Emmanuelle Cosse, d’évoquer un plan qui « déçoit par son absence d'ambition » et « inquiète parce que ce qu’il ne résiste pas à l'appétit d'économies de Bercy sur les dépenses de solidarité ».
« Le gouvernement doit cesser les fermetures de places en cours et prendre en compte l’impact de l’inflation sur les moyens des associations au risque d’une dégradation de l’accompagnement social », ajoute le CAU. Il qualifie aussi d'imprécises plusieurs mesures en posant plusieurs questions : quels sont les 100 000 logements très sociaux ? Pourquoi l’objectif de production de 40 000 logements très sociaux (PLAI) par an a-t-il disparu ? Quel est l’objectif d’attribution de logements sociaux aux personnes sans domicile ? Quel renforcement de l’accompagnement social des personnes sans domicile toujours plus nombreuses ?
 

Philippe Pottiée-Sperry
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