Climat : les agents territoriaux en première ligne d’un service public à réinventer

, mis à jour le 25/11/2025 à 15h52
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Un service public qui change de métier sans changer de vocation

Ils verdissent les cours d’école, rouvrent des rivières, protègent les forêts, gèrent la canicule, accueillent les plus fragiles. Derrière chaque vague de chaleur, tempête ou sécheresse, ce sont eux que l’on retrouve sur le terrain. Selon la 33ᵉ étude de l’Observatoire MNT, les métiers territoriaux sont aujourd’hui au cœur de la transformation climatique, poussés à adapter à la fois leurs missions, leur organisation et leur management. 

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Le dérèglement climatique n’est plus un horizon lointain : il façonne déjà la vie quotidienne des collectivités. L’étude le montre : trois nouvelles familles professionnelles émergent. D’un côté, les métiers “verts”, dédiés directement à la transition écologique (ingénierie environnementale, gestion des risques, biodiversité). À côté d’eux, des métiers “verdissants”, comme la voirie ou les espaces verts, dont les méthodes de travail sont bouleversées par les nouvelles normes. Enfin, une troisième catégorie : les métiers “à verdir”, pas encore transformés, mais qui le seront inévitablement.

Ce basculement n’a rien d’abstrait. Il s’incarne dans des décisions simples : arroser différemment, planter autrement, repenser l’isolation des crèches, adapter les horaires des gardiens d’équipements sportifs, former les encadrants à l’analyse des risques climatiques. Le changement ne se limite plus à la politique environnementale : il touche le cœur du travail territorial.

Manager avec la météo : un nouveau défi d’encadrement

Canicules, inondations, feux de forêt, tempêtes… Désormais, l’organisation du travail se décide aussi en fonction de la météo. Les responsables territoriaux doivent anticiper, piloter et parfois improviser des mesures d’urgence en quelques heures : réorganiser les plannings, protéger les agents, revoir les équipements, repenser le lien avec les citoyens.
C’est tout un management du risque, de l’adaptation et de la transversalité qui s’invente. Un défi partagé par les encadrants, mais aussi par les élus, dont les arbitrages deviennent structurants. L’étude appelle ainsi à renforcer l’expertise des élus pour comprendre les impacts humains et organisationnels du climat sur le service public. 
« Le défi climatique ne doit laisser personne sur le quai : il nous oblige à tous embarquer, dès maintenant », rappelle Laurent Besozzi, président de l’Observatoire MNT.

Quatre leviers pour un service public durable

L’Observatoire MNTpropose plus de 40 solutions immédiates, structurées autour de quatre axes opérationnels : anticiper les risques, outiller les encadrants, verdir les pratiques professionnelles, mobiliser le collectif et les citoyens. Un cadre pour passer d’une adaptation subie à une stratégie assumée.

Dans les collectivités, la transition écologique ne sera pas seulement technique. Elle sera humaine, organisationnelle et profondément managériale. Et elle redonnera aussi du sens au travail territorial, en plaçant les agents au cœur de l’intérêt général… dans un monde où le climat impose désormais le tempo.
 

Danièle Licata, rédactrice en chef Zepros Territorial, décrypte enjeux publics et collectivités. Forte de 20 ans en presse économique, elle rend accessibles les sujets complexes avec passion et engagement.
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