Les budgets participatifs ont le vent en poupe

Philippe Pottiée-Sperry
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Les budgets participatifs ont le vent en poupe

400 communes, 20 départements et une région ont mis en place un budget participatif. Constatant un doublement des collectivités concernées depuis deux ans, une étude la Fondation Jean-Jaurès fait plusieurs propositions pour augmenter la participation et les budgets alloués qui demeurent très faibles.

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La Fondation Jean-Jaurès vient de publier, pour la quatrième fois depuis 2017, un état des lieux des budgets participatifs en France. Ceux-ci poursuivent leur essor et se généralisent progressivement, avec une multiplication par deux des collectivités concernées entre 2020 et 2022. 
Les prochaines rencontres nationales des budgets participatifs se tiendront à Amiens les 8 et 9 novembre prochains.

De 7 à 400 communes concernées
Selon l’enquête menée par Antoine Bézard, fondateur du site budgetsparticipatifs.fr, 400 communes, 20 départements, une région et de plus en plus d’universités sont engagés aujourd’hui dans une démarche de budget participatif. Rien qu’à l’échelle municipale 12 millions de Français peuvent proposer et décider de réalisations financées par les budgets municipaux. En 2016, la première enquête ne recensait qu’une vingtaine de dispositifs. 
Les budgets participatifs se généralisent progressivement dans toutes les catégories de communes. Ainsi, trois quarts des villes de plus de 200 000 habitants, un tiers de celles comprises entre 50 000 et 200 000 habitants ou 20% de celles entre 20 000 à 50 000 habitants sont engagées. Enfin, c’est le cas d’une sur dix dans les plus petites communes de 5000 à 20 000 habitants.

Une forte présence dans les grandes villes
Depuis 2014 et leur apparition à Paris et à Metz, puis à Grenoble et Rennes, les budgets participatifs se sont diffusés dans d’autres villes et deviennent « quasi-incontournables », estime Antoine Bézard. Selon lui, ils symbolisent le développement de la démocratie participative locale, « une démarche à soutenir et consolider ». 
Le dispositif existe particulièrement dans les grandes villes. En 2022, Lyon mène une première édition en allouant 12,5 M€ à son budget participatif. En ajoutant Marseille qui s’y prépare, ce total de grandes villes pourrait passer à neuf en 2023. Seules Nice et Montpellier feraient alors exception.

Un montant moyen de 6,50 € alloué par habitant 
Les montants alloués sont stables à 6,50 € par habitant. Les budgets consacrés par les collectivités ne progressent pas depuis 2019. On observe malgré tout des pointes de 15 à 30 € dans quelques villes dont 27 € à Montreuil. A noter que Marseillan (Hérault, 8000 habitants) et Le Thor (Vaucluse, 9000 habitants) versent pas moins de 28 € par habitant, soit des budgets de 220 000 et 250 000 €. 
La répartition de ces montants conduit à limiter la portée des réalisations. Pour accroître les montants et le pouvoir d’agir, « une coordination renforcée des démarches et un soutien à la participation citoyenne pourraient changer la donne », estime Antoine Bézard.
Autre faiblesse, l’enquête montre une participation des habitants qui demeure très faible, en progressant juste d’un point en passant de 7 à 8% des inscrits. 

Dynamisme de l’ouest de la France
Au plan régional, l’enquête montre un fort développement des budgets participatifs sur la façade atlantique, de la Bretagne à la Nouvelle-Aquitaine, en passant par les Pays-de-la-Loire. À elle seule, la Bretagne, pionnière avec Rennes, compte 69 communes engagées, la vaste Nouvelle-Aquitaine 50 et les Pays-de-la-Loire 37, avec un développement plus récent. À l’inverse, l’est et le sud restent timides : le Grand-Est compte 26 budgets participatifs et la Bourgogne-Franche-Comté seulement six. Les régions PACA et Corse en comptent dix et un. La Normandie n’en compte que huit mais voit la démarche progresser avec l’engagement de Caen.

Besoin de plus de pouvoir d’agir des habitants
L’enquête propose également plusieurs pistes pour développer la participation, en axant sur l’accroissement du pouvoir d’agir des habitants. Il s’agirait tout d’abord de limiter le nombre de projets élus pour permettre des réalisations plus importantes. Des projets plus ambitieux seraient ainsi « davantage mobilisateurs » sans être forcément plus long à mettre en œuvre. 
Autre piste : augmenter les montants alloués aux budgets participatifs, là aussi pour susciter plus d’intérêt et développer la participation citoyenne. Par ailleurs, la Fondation Jean Jaurès plaide pour associer les citoyens plus en avant dans la décision. Elle propose enfin de réunir les démarches menées aux échelles des communes, départements ou régions pour ouvrir à davantage de compétences. 

Développer la culture de la participation citoyenne 
 « La participation citoyenne apparaît comme une piste pour adapter nos sociétés aux crises », souligne Antoine Bézard. Selon l’auteur de l’enquête, il faut à présent consolider les démarches existantes pour développer la culture de la participation citoyenne dans le grand public et parmi les dirigeants.
 

Philippe Pottiée-Sperry
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