Ce que font les maires face à la crise énergétique

Philippe Pottiée-Sperry
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Ce que font les maires face à la crise énergétique

Un sondage commandé par l’entreprise Hellio à l’Ifop montre des maires très inquiets face à l’envolée des prix de l’énergie. Leur première réponse passe par des actions de sobriété énergétique. Plus difficiles à mettre en œuvre, les travaux de rénovation énergétique n’arrivent qu’en troisième position.

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Dans le contexte actuel où les collectivités subissent de plein fouet l’envolée des prix de l’énergie, Hellio, entreprise spécialisée dans la maîtrise de l’énergie, a souhaité prendre le pouls des maires pour mesurer l’impact de cette hausse dans les territoires et les solutions envisagées pour y faire face. Un sondage mené en octobre et novembre par l’Ifop (1) montre tout d’abord qu’une majorité écrasante d’entre eux (90% des maires) se montre inquiète face à la hausse des prix de l’énergie (gaz, électricité et carburant) pour leur budget de fonctionnement. 
Ils sont même 55% à se dire très inquiets. Un sentiment partagé par tous les types de communes, qu’elles soient petites ou grandes : 89% des maires de communes ruraux, 95% de celles de 2000 à 19 000 habitants et 98% de celles de plus de 20 000 habitants. 

Priorité donnée aux actions de sobriété énergétique
En moyenne, la part relative à l’énergie dans le budget de fonctionnement des communes a augmenté de quatre points en un an, passant de 10% en décembre 2021 à 14% en novembre 2022. « Ce n’est que le début, cette hausse devrait malheureusement s’aggraver dans les mois à venir puisqu’un grand nombre de collectivités bénéficient encore a priori de tarifs négociés avant la hausse et font appel à des fournisseurs institutionnels, comme EDF ou des établissements locaux de distribution, ayant moins impacté leurs prix », commente Augustin Bouet, directeur Grands comptes de Hellio.
Pour lutter contre la hausse des coûts de l’énergie, les maires privilégient en premier lieu des actions de sobriété énergétique, comme chauffer moins les locaux et les équipements (85% des réponses) ou couper l’éclairage la nuit (82%). Des mesures moins contraignantes et plus rapides à mettre en place. 

Travaux de rénovation énergétique
« Ces actions ne suffiront pas à réduire les consommations d’énergie de manière conséquente et durable. La rénovation énergétique des bâtiments publics reste la piste à privilégier », estime Hellio. Plus difficiles à mettre en œuvre, ces travaux de rénovation énergétique n’arrivent ainsi qu’en troisième position dans les réponses des maires, avec 11 points de moins (74 %), alors qu’ils représentent une solution pour consommer moins et mieux, de manière plus durable, avec à la clé des économies d’énergie bien plus importantes, insiste Hellio.
Constat rassurant, la fermeture des services publics, comme les crèches ou les piscines, n’est pas envisagée par les élus, seulement 9% d’entre eux y songeant. Par ailleurs, 55% des maires envisagent de mutualiser leurs approvisionnements énergétiques avec d’autres collectivités. 33% le font déjà et 22% pensent le faire. 

Raccordement à un réseau de chaleur
Dans le détail, le quatuor de tête des travaux de rénovation énergétique plébiscités par les élus se compose de l’isolation thermique (56%), du remplacement des menuiseries (45%), de la pose de panneaux solaires ou photovoltaïques (44%) et du changement de chauffage (42%). Le raccordement à un réseau de chaleur arrive loin derrière avec seulement 10% des réponses. « Une solution pourtant intéressante en termes d’indépendance énergétique, de recours aux énergies renouvelables, d’efficacité énergétique et de réduction réelle sur le long terme des consommations », affirme Helio. Et d’estimer qu’une sensibilisation sur le sujet des collectivités est nécessaire car beaucoup d’entre elles pensent que ce système de chauffage est réservé aux grandes villes, alors qu’il y a beaucoup de réseaux de chaleur en milieu rural. 
« Il y a beaucoup à faire auprès des acteurs de l’industrie et de l’agriculture sur la récupération de chaleur fatale, souvent non utilisée, qui pourrait servir à alimenter les réseaux de chaleur. C’est un sujet qu’il faut remettre au goût du jour et qu’il faut accompagner, en ingénierie et via des outils de financement », détaille Augustin Bouet. 

Plus d’aides demandées au gouvernement pour rénover 
Pour limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie, plusieurs dispositifs ont été mis en place ou sont envisagés par l’État. Perçu comme indispensable par 29% des maires, le bouclier tarifaire mérite cependant d’être prolongé et intensifié pour une écrasante majorité, de manière uniforme quelle que soit la taille des collectivités. Ce qui est le cas avec la loi de finances pour 2023 qui l’a reconduit sur toute l’année. S’y ajoute « l’amortisseur électricité » qui bénéficie aux PME/TPE comme aux collectivités.
Du côté des financements d’aides à la transition énergétique des bâtiments publics, 73% des maires les jugent insuffisants. Ce résultat reste cependant à nuancer : l’annonce du budget supplémentaire de 1,5 Md€, faite après ce sondage, doit rassurer les élus. La mise en place d’un dispositif financier comparable à MaPrimeRénov’ remporte une nette adhésion : 90% des maires souhaitent en bénéficier. Bien compris par le grand public depuis la transformation du crédit d’impôt en une prime forfaitaire, ce levier présente également un intérêt pour les collectivités.

(1) Enquête de l’Ifop menée auprès de 609 maires représentatifs de l’ensemble des communes, entre le 20 octobre et le 10 novembre 2022.

Philippe Pottiée-Sperry
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