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Concertation lancée sur la consigne des bouteilles plastiques

Philippe Pottiée-Sperry
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Concertation lancée sur la consigne des bouteilles plastiques

Jusqu’en juin, une concertation va être menée sur la mise en place ou non d’une consigne sur les bouteilles en plastique. Les associations d’élus locaux sont farouchement opposées à un tel dispositif.

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Bérangère Couillard, secrétaire d'État chargée de l'Écologie, a lancé, le 30 janvier, une concertation sur la mise en place éventuelle de la consigne pour le recyclage des bouteilles en plastique et leur réemploi, en présence de plus de 70 acteurs. Elle associe les industriels, les distributeurs, les ONG, les associations d’élus locaux et les associations de consommateurs. 
La concertation vise à étudier deux scénarios (un avec consigne et l’autre sans) et les leviers alternatifs pour atteindre les objectifs de collecte, de recyclage et de réemploi. Elle durera jusqu’en juin avec des réunions de travail auxquelles s’ajoutera une consultation menée dans chaque région. 

77 % de bouteilles recyclées en 2025 et 90 % en 2030
Le gouvernement vise un objectif de 77 % de bouteilles recyclées en 2025 et 90 % en 2030 sachant que le taux atteint 60 % aujourd’hui. Il existe une grande disparité suivant les territoires. « La Bourgogne Franche-Comté et les Pays de la Loire affichent par exemple des taux exemplaires, autour de 80 % », a souligné Bérangère Couillard dans une interview à Ouest-France. Et d’ajouter : « En Île-de-France, en Paca, moins de la moitié seulement de ces déchets sont aujourd’hui collectés. Est-ce parce que dans ces régions touristiques le volume jeté dans les poubelles de rue est plus important ? Est-ce parce que la généralisation des bacs jaunes ou la tarification incitative avantagent les régions les plus efficaces ? L’idée de cette concertation est d’identifier les solutions ». 

Opposition des intercommunalités
Opposée à toute idée de consigne, l’association Intercommunalités de France rappelle son attachement au geste de tri unique sur les emballages généralisé dans l’ensemble des EPCI. « La gestion, le ramassage, et le traitement de tous les emballages par le biais de la poubelle jaune a nécessité de lourds investissements pour les collectivités, souligne-t-elle. La mise en place d’une consigne sur les bouteilles en plastique ajouterait de la complexité et brouillerait le message pour les citoyens ». 
Selon l’ex AdCF, la mise en place de la consigne irait en outre à l’encontre des objectifs de réduction des déchets. Et de pointer aussi une incitation indirecte à choisir des produits emballés dans du plastique alors qu’ils sont préjudiciables à l’environnement. 

Impact financier
De plus, elle s’inquiète d’une baisse du financement du service public de gestion des déchets que cela induirait au profit de la grande distribution. « Le juste financement du recyclage reste une priorité pour Intercommunalités de France afin de pallier les coûts induits par le geste de tri unique par le biais de la poubelle jaune », martèle l’association. 
Villes de France (association des villes moyennes et de leurs intercos) rappelle pour sa part que ce sont les recettes générées qui équilibrent le service public de gestion des déchets.

« Un non-sens écologique »
Même refus catégorique de la consignée exprimée par France urbaine qui dénonce « un non-sens écologique et un caractère non durable ». Pour sa part, Villes de France conteste la pertinence de ce dispositif, taxé de « fausse bonne idée pour l’écologie et pour les collectivités ».
Si France urbaine reconnait qu’il faut faire mieux sur le recyclage, elle plaide pour renforcer les efforts collectifs sur la prévention et la réduction. De même Villes de France défend « des solutions d’avenir, innovantes et pertinentes autour de la prévention et la réduction de l’utilisation du plastique ». Elle soutient qu’une politique écologique réussie est « une politique de sobriété s’appuyant sur des moyens pratiques et opérationnels ».

Problème sur le « hors-foyer »
Concernant les chiffres, France urbaine affirme que l’objectif européen est quasiment atteint du côté du service public de la gestion des déchets, le problème se posant essentiellement sur le « hors-foyer » (poubelles de rue, dans les lieux publics tels que les gares…).
Comme Intercommunalités de France, elle estime que « sortir la bouteille en plastique du bac jaune perturbera et complexifiera le geste de tri des ménages, mais aussi tout le travail engagé par les collectivités pour le simplifier ». De même, elle plaide pour « une véritable stratégie de prévention, de réemploi et de développement du vrac » mais aussi pour réduire le recours à l’eau en bouteilles en plastique.

Philippe Pottiée-Sperry
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