La crise énergétique creuse les écarts entre petites villes
Malgré une situation financière favorable pour les petites villes en 2021, l’étude de la Banque Postale constate des aléas nouveaux en 2022 (inflation, hausse du point d’indice...). Avec des conséquences très différentes selon l’exposition des communes à la contrainte énergétique.
« Après la chute historique de 2020, l’année 2021 a été marquée par la réouverture généralisée des services de proximité et une situation financière plus favorable pour les petites villes, un atout cependant très relatif face aux années d’incertitudes en cours et à venir ». Tel est le principal constat d’une étude réalisée par La Banque Postale (LBP) pour l’Association des petites villes de France (APVF), et publiée le 6 décembre.
Cette 8ème édition du « Regard financier sur les petites villes » porte sur les comptes 2021 des 4095 communes comprises entre 2500 et 25 000 habitants qui totalisent 26,3 millions d’habitants, soit 39% de la population française.
Légère progression du budget
Le budget total hors dette des petites villes (budgets annexes inclus) s’élève en 2021 à 36,5 Md€, soit 36% du budget total hors dette des communes (hors ville de Paris), soit une hausse de 3,3% par rapport à 2020. Cette progression du budget s’explique notamment par le contrecoup des forts ralentissements dans le secteur des services en 2020 du fait de la crise sanitaire. La reprise dans ce domaine se traduit en 2021 par une hausse des dépenses de fonctionnement de 2,8 % (mais juste + 0,8 % si l’on compare par rapport à 2019), constate l’étude de LBP.
En parallèle, les produits de la tarification des services ont fortement progressé (+ 18, 2% en moyenne), participant à l’augmentation des recettes de fonctionnement (+ 2,9%), malgré des recettes fiscales relativement peu dynamiques (+ 1%) en lien avec la suppression d’une partie des bases sur les locaux industriels, remplacée par des compensations fiscales.
Hausse de l’épargne brute
Il résulte de ce contexte favorable une hausse de l’épargne brute de 3,6% en 2021. Cet autofinancement, corrigé des remboursements d’emprunts, a permis de financer un tiers des investissements, complété par les recettes propres d’investissement pour plus de la moitié, et par le recours à l’emprunt. Ainsi, en 2021, les investissements ont enregistré une hausse de 301 à 314 € par habitant, soit + 4,3%.
Le niveau important des ressources a permis un désendettement des petites villes, dont l’encours de dette a baissé de 2,7% à un niveau de 780 € par habitant, et un abondement de la trésorerie, dont le niveau a progressé de 13%.
Impact énergétique très variable
Si cette situation favorable à la fin 2021 constituait une base solide pour les petites villes, notamment pour faire face aux aléas financiers actuels (inflation, hausse du point d’indice, remontée des taux d’intérêts…), le poids que représente la contrainte énergétique (dont les dépenses pesaient déjà plus de 5% des dépenses de fonctionnement en 2021 pour la plus petite strate), peut faire craindre à de nombreuses petites villes des difficultés budgétaires.
L’impact énergétique sera d'autant plus fort que les situations individuelles 2021 présentent de grosses disparités entre les petites villes, analyse la Banque Postale : les montants de dépenses d'énergie vont de quelques € à près de 200 € par habitant, et de 0% à 15% des dépenses de fonctionnement. Il existe par ailleurs une dispersion beaucoup plus importante pour les collectivités des deux plus petites strates de population.