Début de remontée des taux d’emprunt des collectivités

Philippe Pottiée-Sperry
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Début de remontée des taux d’emprunt des collectivités

Selon le dernier Observatoire des financements, réalisé par le cabinet spécialisé Orféor, les taux des emprunts contactés par les collectivités ont légèrement progressé en 2021 tout en demeurant assez bas. Mais la hausse devrait être plus importante cette année.

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Le cabinet Orféor accompagne, assiste et conseille les acteurs publics locaux dans la gestion de leur dette, de leur trésorerie et le financement de leurs projets. Pour la dixième année consécutive, son Observatoire des financements est réalisé sur la base de l’ensemble des offres reçues et contrats d’emprunt signés sur l’exercice 2021 par les collectivités locales clientes d’Orféor, de 2500 à plus de 100 000 habitants.

Une liquidité restée abondante
Parmi ses premiers constats : « une bonne liquidité et une concurrence qui s’accroit ». La liquidité est restée en effet abondante en 2021, la présence de nouveaux acteurs permettant une hausse du taux de couverture, constate Orféor. Les collectivités comprises entre 50 000 et 100 000 habitants profitent pleinement du déploiement des plateformes de financement. Six grands groupes bancaires demeurent les principaux acteurs du marché : La Banque Postale, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel/Arkéa, Société Générale et Agence France Locale. Parmi ceux-ci, La Banque Postale reste le premier prêteur du secteur public local (panel Orféor) suivie par le groupe BPCE, ces deux établissements se partageant les deux tiers du marché.

Plébiscite du taux fixe
Autre constat de l’observatoire : un marché sous influence des taux bas. La recherche d’un taux toujours plus attractif a conduit les collectivités à privilégier un versement rapide des fonds. De ce fait, moins de phase de mobilisation ont été demandées et donc proposées. Le bas niveau de la courbe des taux, sa faible pente mais aussi une recherche constante de marges de manœuvre ont encore accentué le choix d’emprunt sur 20 ans et plus. 
Tant du côté des collectivités que du monde bancaire, « le taux fixe est plébiscité », constate Orféor. L’offre continue de se simplifier. Pour près de 60% des offres, seul le taux fixe est proposé. Les solutions multi-index ont quasiment disparu. Un taux bas et la volonté de sécurisation toujours forte ont conduit les collectivités à retenir du taux fixe pour 98% de leurs nouveaux encours. Pour les emprunts sur 20 ans, le taux moyen en 2022 s’élève à 0,87%, niveau en légère augmentation par rapport à 2021en raison de la tendance haussière du marché. « L’analyse des marges implicites confirme la compétitivité de La Banque Postale et du groupe BPCE via sa Foncière », estime l’Observatoire des financements d’Orféor.

Une hausse modérée des taux 
Les taux 2021 sont en hausse par rapport à 2020, mais restent attractifs, et inférieurs à 1% dans la plupart des cas. Dans le détail, en 2021, le taux moyen ressort à 0,73% sur 15 ans, contre 0,67% en 2020. Le taux minimal le plus bas, observé à 0,38%, a été obtenu par une collectivité de Haute-Savoie au cœur de l’été 2021. Pour mémoire, le meilleur taux de 2020 atteignait 0,33%.
Le taux moyen est en hausse sur 20 ans, à 0,87% en moyenne, contre 0,77% en 2020. Le taux le plus bas en 2021 ressort à 0,47% sur 20 ans, soit seulement 0,01% de plus qu’en 2020. Le constat est identique sur 25 ans avec un taux moyen 2021 qui s’élève à 0,98%, en hausse de 0,21% par rapport à l’année précédente.

Hausse de l’inflation
Pour 2022, Orféor constate un marché financier contrarié par l’inflation, notamment due à la guerre en Ukraine. A cela va s’ajouter une probable contractualisation pour l’ensemble des collectivités et une baisse programmée de la DGF. Conséquence : les établissements prêteurs vont être plus regardants sur la solvabilité des collectivités. Depuis le début de l’année, les taux d’emprunt ont ainsi augmenté en dépassant largement les 1%. Cette situation doit conduire les collectivités, selon Orféor, « à la vigilance sur le maintien des équilibres budgétaires à moyen/long terme ».
 

Philippe Pottiée-Sperry
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