Espérance de vie : l’écart s'aggrave entre ville et campagne
14 216 décès de plus par an dans les zones rurales. L’écart d'espérance de vie par rapport aux départements urbains s’est aggravé depuis trente ans, selon une étude de l’AMRF. Objectif : « faire prendre conscience de l’urgence ».
L’AMRF (Association des maires ruraux de France) a publié, le 20 avril, une nouvelle étude sur la dégradation de l’accès aux soins dans les territoires ruraux, une fois encore avec le géographe de la santé Emmanuel Vigneron. Ses résultats veulent alerter sur l’urgence de la situation et interpeller l’Etat pour agir contre les inégalités territoriales de santé.
14 216 décès supplémentaires par an
14 216 décès supplémentaires par an. À âge et sexe égal, l'indice de mortalité des bassins de vie ruraux est supérieur de six points à celui des bassins de vie urbains. Tel est le principal enseignement, inquiétant, de la dernière étude de l’AMRF.
Dans le détail, le nombre moyen de décès en 2020-2021 s’élevait à 236 943 dans les bassins de vie ruraux (20,3 millions d’habitants) contre 662 474 dans les bassins de vie urbains (48 millions d'habitants). S’appuyant sur un indice de mortalité défini par bassin de vie, l’étude montre un indice des bassins de vie ruraux (104) supérieur de six points à celui des bassins de vie urbains (98).
Pour obtenir ce résultat, Emmanuel Vigneron s’est basé sur une appréciation plus fine de la mortalité, à l’échelle infra-départementale des 1666 bassins de vie et cela avec les dernières données disponibles de 2021.
Ecarts d’espérance de vie
Autre constat : les écarts d’espérance de vie entre départements ruraux et urbains s’aggravent au cours des trente dernières années, pour atteindre près d’un an et demi en moins pour les hommes et de près d’un an pour les femmes. L’espérance de vie chez les hommes était, en 2021, de 78,8 ans dans les départements dits « hyper-ruraux » contre 80,2 ans dans ceux « hyper urbains ». Chez les femmes, elle était de 84,9 ans contre 85,7 ans.
De plus, au cours des trente dernières années, l’espérance de vie s’est améliorée deux fois plus vite en ville qu’à la campagne.
« L’urgence à agir »
L’AMRF se dit « contrainte de produire de la donnée pour accélérer la prise de conscience ». Elle veut faire bouger les lignes dans le débat national pour que les pouvoirs publics, le législateur et l’opinion publique « prennent conscience de l’urgence à agir et décident de choix structurels sur l’organisation de l’offre de soin pour réduire les inégalités territoriales ».
Elle demande « des choix forts » de l’Etat dans le cadre du plan France Ruralités qui doit être annoncé d’ici cet été. « La démocratie sanitaire doit être refondée sur un véritable débat contradictoire afin d’offrir de nouvelles solutions aux habitants du monde rural », estime l’AMRF.
Prochain rendez-vous prévu : son assemblée générale, le 13 mai à Lyon, avec la présence d’Emmanuel Vigneron.
Quatre propositions
Par ailleurs, l’AMRF profite de cette étude pour rappeler les propositions formulées, en mars 2022, avec pas moins de 35 organisations (AMRF, APVF, Ville et Banlieue, Familles rurales Samu Urgences de France, Syndicat des médecins libéraux, UNPS, Inter-syndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale, MNFCT, Apivia Macif Mutuelle, Association nationale des étudiants en médecine de France, CNOM, Fédération nationale des centres de santé, Confédération des syndicats médicaux français…).
Il s’agit précisément de quatre propositions : donner les moyens aux étudiants en santé de faire des stages hors du lieu de formation initiale ; développer des équipes de soins coordonnées autour du patient ; créer un guichet unique d’accompagnement des professionnels de santé pour faciliter leur installation ; développer une prise en charge rapide et en proximité.