Image
v2
Image
v2

Le gouvernement veut booster la géothermie

Philippe Pottiée-Sperry
Image
Le gouvernement veut booster la géothermie

Dans le cadre de l’accélération des énergies renouvelables, un plan présenté par Agnès Pannier-Runacher veut doper le déploiement de la géothermie sachant que la chaleur représente 50% de la consommation d’énergie. Cela passerait notamment par le développement de réseaux de chaleur urbains par les collectivités.

Partager sur

La géothermie demeure largement sous-utilisée en France en ne représentant que 1% de la consommation de chaleur dans notre pays. Cela alors que la chaleur représente pas moins de 50% de notre consommation finale d’énergie qui reste majoritairement produite par des énergies fossiles. Les solutions géothermiques constituent une source de chaleur naturelle inépuisable dans notre sous-sol.

Economiser 100 TWh/an de gaz 
Dressant ce constat, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a présenté, le 2 février, un plan d’action global qui vise à faire de la France « un leader de la géothermie en Europe, tant en termes de production d’énergies renouvelables que de filière industrielle ». Elle défend cette « source de chaleur renouvelable produite localement » qui pourrait « permettre de produire en 15 à 20 ans suffisamment de chaleur géothermale pour économiser 100 TWh/an de gaz, soit plus que les importations de gaz russe avant 2022 ». 
Présenté avec François Bayrou, Haut-commissaire au Plan, ce plan s’appuie notamment sur la note publiée par cet organisme en octobre dernier. Pour lever les freins du développement de la géothermie, le plan gouvernemental s’appuie sur six grands axes et une quinzaine d’actions. Celles-ci visent notamment à structurer la filière et renforcer sa capacité de production et de forage, développer l’offre de formations, accompagner les porteurs de projets et les usagers, notamment financièrement, sensibiliser les acteurs locaux et simplifier la réglementation ou encore améliorer la connaissance du sous-sol.

Réseaux de chaleur urbains
Pour rappel, il existe deux types de techniques : la géothermie de surface (moins de 200 m de profondeur, eau captée inférieure à 30° C) et la géothermie profonde qui demande des investissements beaucoup plus importants car les profondeurs sont comprises entre 500 et 3000 m (nappes pouvant atteindre 200° C).  
La géothermie profonde est surtout utilisée par les collectivités pour alimenter les réseaux de chaleur urbains. Mais elle reste peu développée, puisqu’il n’existe que 78 installations dans le pays, dont 80% en Ile-de-France, sur un total de 833 réseaux de chaleur. Dans le détail : 58 installations en Ile-de-France, une en Centre-Val de Loire, 15 en Nouvelle-Aquitaine, trois en Occitanie (sur les bassins aquitain et du Sud-Est) et un dans le Bas-Rhin. La géothermie profonde peut également être utilisée pour des applications industrielles, agricoles (chauffage de serres, pisciculture, séchage), aqua-ludiques (piscines, centres nautiques, thermes). 
Dans une tribune publiée en décembre dernier, sur le site de ZePros Territorial, Laurent Monnet, président du SMIREC (Syndicat mixte des réseaux d’énergie calorifique), défendait le modèle des réseaux de chaleur « pour répondre à l’urgence environnementale et sociale » et appelait à un soutien accru de l’Etat comme à des modalités d’intervention facilitées.

Augmenter les projets de géothermie profonde
Le gouvernement veut augmenter de 40% les projets de géothermie profonde lancés d'ici 2030. Cela passera notamment par la présence, dans chaque région, d’au moins un poste d’animateur spécialiste de la géothermie. « Le réseau d’animation régionale géothermie constitue un relais de formation et d’information tant pour les particuliers que pour les institutionnels publics ou privés », estime le ministère de la Transition énergétique. 
Il est proposé que les régions s’engagent dans la stratégie de déploiement de la géothermie sur leur territoire et complètent le financement forfaitaire proposé par les directions régionales de l’Ademe par poste d’animateur régional. D’autres actions relatives à l’animation locale de la filière géothermie seront mises en place (formation des conseillers France Rénov’, accompagnement d’experts publics du sous-sol…).

520 M€ pour le fonds chaleur en 2023
Le ministère de la Transition énergétique veut inciter les collectivités à se lancer davantage dans une opération de géothermie profonde avec la création d'un réseau de chaleur. Et de citer l’exemple d’une ville de 80 000 habitants qui avec les dispositifs mis en place par l’Etat, dont le fonds chaleur, peut bénéficier d’un accompagnement sur les coûts fixes de déploiement et les coûts de distribution de l’ordre de 20 M€. A ceci peuvent s’ajouter des aides de la région. « Le montant d’investissement est couvert à plus de 35 %, est-il expliqué. Les certificats d’économie d’énergie viennent en complément et réduisent le coût de l’énergie de l’ordre de 23 % pour un montant supérieur à 2,5 M€ ». Et de vanter cette solution en soulignant que « la ville décarbone sa chaleur à plus de 65 %, réduit sa facture et gagne en indépendance énergétique ». 
Le budget du fonds chaleur, géré par l’Ademe, a été doté de 150 M€ supplémentaires en 2022 pour atteindre 520 M€. Ce budget a été reconduit en 2023 pour lui permettre d’aider les porteurs de projets et d’exploiter de nouveaux gisements de chaleur renouvelable (contrats patrimoniaux avec des grands groupes tertiaires, contrats territoriaux, pompes à chaleur collectives pour les gros bâtiments, appel à projets « une ville, un réseau »….)

Aides aux particuliers
Le gouvernement souhaite également doubler le nombre d'installations de pompes à chaleur géothermique chez les particuliers d'ici 2025. L'aide pour toute installation en remplacement d'une vieille chaudière thermique sera ainsi portée à 5000 € quel que soit le niveau de revenu (contre 4000 € jusqu'alors pour les ménages les plus modestes et 2500 € pour ceux aux revenus intermédiaires et supérieurs), dès le moins de mars. En cumulant ce « coup de pouce » aux autres dispositifs de soutien, jusqu'à 90% du coût total de l'installation pourra être pris en charge par l'Etat pour les ménages les plus modestes.
Avec le cumul d’autres aides, un foyer de trois personnes déclarant un revenu fiscal de référence inférieur à 28 345 € pourra percevoir une aide jusqu’à 16 000 €, tandis qu’un foyer déclarant un revenu inférieur à 36 591 € bénéficiera d’une aide jusqu’à 13 500 €, est-il précisé. Autres chiffres avancés : ces ménages économiseront tous les ans sur leur facture au moins 800 € en substitution d’un chauffage fioul et près de 50 0€ en substitution d’un chauffage gaz.

Prochaine loi de programmation énergétique
Parmi les réactions à l’annonce du plan gouvernemental, l’Association française des professionnels de la géothermie (AFPG) et le Syndicat des énergies renouvelables (SER) se réjouissent, dans un communiqué commun, des annonces faites. Ils appellent le gouvernement « à traduire cette ambition renouvelée pour la géothermie dans la prochaine loi de programmation énergétique, en fixant des objectifs ambitieux de déploiement de cette source d’énergie renouvelable ».

Philippe Pottiée-Sperry
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire