Montée en puissance du rôle économique des intercos

Philippe Pottiée-Sperry
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Forte progression du rôle économique des intercos

Avec une forte accélération durant la crise sanitaire, ayant montré leur réactivité, le rôle de développement économique des intercos ne cesse de croître. Signe de leur légitimité sur le sujet, 91 % d’entre elles possèdent aujourd’hui un service dédié.

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D’aménageurs de zones d’activités, les intercommunalités ont su tirer parti des crises successives pour devenir un acteur central de l’action économique, et une véritable interface avec les partenaires publics et privés du territoire. Fort de ce constat, Intercommunalités de France (ex-AdCF) a publié, le 15 novembre, sa dernière étude sur le développement économique local (enquête réalisée tous les cinq ans). 
Menée auprès d’un quart des EPCI, elle révèle une forte évolution de leur rôle. Ce dynamisme s’observe également avec les 542 intercos qui participent au programme Territoires d’industrie. 

Plus de moyens humains, budgétaires et techniques 
Le premier indicateur du renforcement de l’interco réside dans les moyens à sa disposition. Très hétérogènes selon les territoires, ces moyens humains, budgétaires et techniques n’en restent pas moins partout en hausse, à la fois quantitativement (nombre d’équivalents temps plein) et qualitativement (professionnalisation des postes, services dédiés...). Ainsi, 91 % des intercos sont aujourd’hui dotées d’un service de développement économique, contre 70 % en 2016. Sans surprise, 100 % des communautés d’agglo en possèdent un mais la progression est également forte chez les communautés de communes (CC) : 87 % contre 64 % en 2016. Mais avec souvent des moyens qui restent faibles : 22 % des CC disposent de moins d’un équivalent temps plein (ETP) sur le sujet économique. 
Dans ce cas, les CC peuvent s’appuyer sur les agences de développement ou éventuellement les CCI. L’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et les régions apportent souvent une ingénierie complémentaire aux collectivités plus rurales ou les moins dotées, notamment dans le cadre de programmes tels que Territoires d’industrie ou Petites Villes de demain

Une vraie stratégie
Au-delà des ressources, les intercommunalités se dotent progressivement d’une vraie stratégie, formalisée et pluriannuelle en matière de développement économique, basée sur une observation continue et des partenariats élargis avec les acteurs économiques et institutionnels de leur territoire. Elles sont ainsi 75 % à avoir une stratégie économique définie ou en projet (68 % pour les CC contre 35 % en 2016, 88 % pour les CA contre 61 % en 2016, et 100 % pour le grand urbain).
Si les stratégies économiques intercommunales se consolident, leur territorialisation permet d’ouvrir celles-ci aux autres enjeux que rencontrent la puissance publique, parmi lesquels la transition écologique. Ainsi, l’étude constate dans le grand urbain une association forte entre développement économique et transition écologique. Ainsi, 90 % des intercos concernées estiment que leur stratégie économique a un impact fort ou très fort en matière de décarbonation. Mais ces chiffres tombent à 41 % pour les CA et 25 % pour les CC.

Actions d’animation de réseaux 
En vertu de leurs compétences, et de leurs périmètres à l’échelle des bassins de vie, les intercos ont été des interlocutrices de premier ordre pour accompagner les entreprises pendant la crise Covid et la mise en œuvre de la relance, constate l’ex AdCF. Il en résulte une véritable dynamique faisant de l’interco l’animatrice des tissus économiques locaux. 77 % souhaitent ainsi poursuivre l’accompagnement aux entreprises développé lors de la crise sanitaire. 
Et le mouvement va se poursuivre avec la mise en œuvre d’actions en matière d’emploi, de compétences, de mutualisation. 80 % mènent ou envisagent de mener des actions d’animation de réseaux ou de filières économiques, soit + 38 points par rapport à 2016. De plus, 44 % réalisent une observation économique de leur territoire ou envisagent de le faire. Autres chiffres : 42 % proposent un soutien à la transmission et la reprise d’entreprises, 67 % soutiennent l’économie sociale et solidaire sur leur territoire. 

Budgets économiques en forte hausse
L’Observatoire des finances et de la gestion locale (OFGL) présente dans ses rapports annuels les dépenses des collectivités à partir de la nomenclature fonctionnelle. Selon ses données, le budget « actions économiques » des CC a progressé entre 2016 et 2020 de 38 % en investissement (de 190 M€ à 263 M€) et de 36 % en fonctionnement (273 M€ à 371 M€). Même constat pour les CA en matière d’investissement et dans une moindre mesure en fonctionnement avec respectivement + 12 % et + 40 %. 
La plus forte augmentation s’observe sur le grand urbain, + 54 % en dépense d’investissement (334 M€ à 516 M€) et + 71 % d’augmentation de dépenses de fonctionnement (301 M€ à 515 M€). Au total, il existe une hausse de + 33 % des dépenses d’investissement en matière d’action économique des intercos entre 2016 et 2020 (+298 M€) et de + 48 % des dépenses de fonctionnement hors masse salariale (+479 M€) sur ce même sujet

Les freins au recrutement
Par ailleurs, l’étude montre que 77 % des intercos identifient comme principal frein au recrutement une inadéquation entre la formation et les compétences des salariés d’une part, et les emplois à pourvoir d’autre part. Pour y faire face, 63 % d'entre elles organisent des actions pour faciliter les recrutements (forum emploi, etc.).
Autre frein important : les enjeux de mobilité des salariés (66 %). Ces difficultés sont omniprésentes dans les territoires ruraux et les villes moyennes.

Philippe Pottiée-Sperry
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