Cauvaldor lutte contre la désertification médicale dès le lycée

Philippe Pottiée-Sperry
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Cauvaldor lutte contre la désertification médicale dès le lycée

Créée par la communauté de communes du Lot, une option santé s’adresse aux élèves de première et de terminale. Objectif : les inciter à faire des études médicales ou de santé puis à s’installer sur le territoire. Les premiers résultats sont encourageants.

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Dotée de la compétence santé, la communauté de communes (CC) Causses et Vallée de la Dordogne (Cauvaldor, 47 communes et 47 400 habitants), vaste territoire rural de 1292,80 km2 dans le Lot, se mobilise sur tous les fronts pour faire face au manque de médecins : contrat local de santé, neuf maisons de santé, accompagnement personnalisé des médecins lors de leur installation, aide aux étudiants en médecine… 
A tout cela s’ajoute la création inédite d’une option santé au lycée pour encourager les jeunes à faire des études de médecine puis, si possible, à s’installer sur le territoire. 

L’ARS et le rectorat partants
Cette formation expérimentale a été lancée à la rentrée 2021 au lycée Jean Lurçat de Saint-Céré. Raphaël Daubet, président de Cauvaldor et lui-même professionnel de santé (chirurgien-dentiste), y pensait depuis longtemps. « J’en ai parlé à l’ARS et au rectorat qui ont trouvé le projet intéressant, raconte-t-il. 
La mairie de Saint-Céré, ayant un lycée général, a été emballé par l’idée comme le proviseur dont le rôlereste essentiel ». Tous les professionnels de santé comme l’hôpital de proximité jouent le jeu et la CC finance une partie des cours. 

Trois heures de cours par semaine 
Gratuite, l’option santé s’adresse aux élèves de première, intéressés par des études médicales (première année de médecine : Pass) ou de santé. Pour bâtir le programme, il a été fait appel à d’anciens élèves aujourd’hui en fac de médecine et à des médecins. En pratique, cela se traduit par trois heures de cours supplémentaires par semaine en première et deux heures en terminale. Au programme : des apports théoriques de SVT et de physique-chimie, des interventions d’un cabinet spécialisé, des visites et des stages (découverte du CHU, cours en amphithéâtres…). En parallèle, la formation intègre un tutorat avec des étudiants de la fac de médecine de Limoges qui suivent les élèves.

Premier bilan encourageant
L’option santé, mise en place par Cauvaldor, connaît un premier bilan très encourageant. Sur les cinq terminales de la promo 2021-2022, trois ont été admis en Pass à Limoges et un en école d’infirmiers. Ravi de ces premiers résultats, Raphaël Daubet souhaite qu’à l’avenir plus de médecins soient issus du territoire, sachant que « la totalité de ceux en poste ne sont pas d’ici et ont démarré par des remplacements ». 
Cette année, le projet monte en puissance avec le doublement des inscrits. 13 premières de l’an dernier poursuivent l’option santé en terminale et 18 premières ont intégré le programme. Preuve de l’attrait de l’initiative, certains jeunes hors secteur s’inscrivent au lycée Jean Lurçat dès la seconde pour rejoindre ensuite la formation. Intéressée, la région Occitanie réfléchit à la dupliquer dans d’autres territoires. 

Dispositif « ParcoursM’aides »
Par ailleurs, toujours dans l’idée d’attirer plus de professionnels de santé, Cauvaldor a aussi mis en place le dispositif « ParcoursM’aides » qui aide les étudiants en médecine dès leur première année (Pass). Sans contrepartie au départ, elle leur demande de s’engager progressivement sur le territoire. Les aides varient de 800 à 5000 € avec notamment une bourse aux frais de logement et de transport (2ème à 6ème année) contre l’obligation de réaliser un stage d’externat auprès d’un médecin local ou une bourse d'engagement à l'installation conventionnée (7ème à 9ème année) pour effectuer des remplacements ou s’installer pendant au moins six ans. A la rentrée 2022/2023, douze contrats ont été signés avec des étudiants en médecine.
 

Philippe Pottiée-Sperry
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