Municipales 2026 : un maire sur deux prêt à raccrocher l’écharpe

, mis à jour le 09/04/2025 à 16h51
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La majorité des maires expriment un fort attachement à leur territoire et à leur rôle de proximité

À moins d’un an des élections municipales, une vaste enquête du Cevipof auprès de plus de 5 000 maires dresse un portrait précis de l’état d’esprit des élus locaux. Si 42 % d’entre eux souhaitent se représenter, une majorité renonce ou hésite encore. Entre fatigue démocratique, sentiment d’isolement et usure du mandat, le doute s’installe jusque dans les plus petites communes.

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Selon l’enquête du Cevipof* publiée ce 8 avril, 42 % des maires envisagent de briguer un nouveau mandat en mars 2026. Un chiffre proche de celui observé en 2019 (48 %), avant les dernières municipales. Mais 28 % annoncent d’ores et déjà qu’ils ne se représenteront pas, et 30 % hésitent encore, contre 23 % d’indécis en 2019.
Ces intentions varient fortement selon la taille des communes : 70 % des maires des villes de plus de 9 000 habitants souhaitent poursuivre, contre seulement 37 % dans les communes de moins de 500 habitants. L’âge et l’ancienneté pèsent aussi : 46 % des élus souhaitent continuer après un premier mandat, mais seulement 36 % après trois mandats. Les maires en activité sont plus enclins à se représenter (53 %) que les retraités (33 %). Enfin, le moral pèse aussi sur les intentions : les élus se déclarant « heureux » sont trois fois plus nombreux à vouloir repartir que ceux se disant « malheureux ».

Un mandat plus exposé, moins soutenu

Les causes de renoncement ou d’indécision révèlent un malaise croissant. Parmi les motifs institutionnels évoqués, le manque de ressources financières (17 %) et les exigences trop fortes des citoyens (15 %) arrivent en tête. Du côté personnel, le sentiment d’avoir accompli son devoir (20 %) et la peur de l’exposition ou de l’insécurité (19 %) dominent.
Depuis 2020, un maire sur cinq déclare avoir subi des violences physiques ou verbales dans l’exercice de ses fonctions. Le stress, la surcharge de travail et l’isolement sont également pointés du doigt. La moitié des maires consacrent plus de 30 heures par semaine à leur mandat, avec peu de repos ou de vacances.

Un attachement profond à l’utilité du mandat

Malgré tout, l’envie d’être utile reste intacte pour de nombreux élus. La majorité des répondants expriment un fort attachement à leur territoire et à leur rôle de proximité. Pour beaucoup, être maire reste un acte d’engagement civique fort, au service de l’intérêt général.
Dans les communes rurales ou périurbaines, la fonction est vécue comme essentielle mais de plus en plus lourde à porter, d’autant que l’ingénierie technique, les contraintes réglementaires et les responsabilités juridiques ne cessent de s’alourdir.

Méthodologie :
Enquête réalisée par le Cevipof – Sciences Po, du 3 au 31 mars 2025, via la plateforme Sphinx. 5 266 maires ont répondu, soit un taux de réponse de 15,2 %, avec 4 985 questionnaires complets. Partenaires : ministère de l’Aménagement du territoire, AMF, AMRF, APVF, Villes de France, France Urbaine, Intercommunalités de France, et les délégations aux collectivités du Sénat et de l’Assemblée nationale.
 

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