
Renouvellement urbain : les villes face à l’urgence climatique et sociale

À l’heure où les fractures territoriales s’aggravent, le renouvellement urbain doit relever un double défi : lutter contre la ségrégation socio-spatiale et s’adapter aux effets du changement climatique. Le rapport remis au gouvernement en février 2025 par l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd), l’ANRU et le maire de Villeurbanne appelle à repenser cette politique publique pour répondre à l’urgence sociale et environnementale. L’heure est donc à l’action. Pour les collectivités locales, en première ligne sur ces enjeux, il s’agit non seulement de réparer les fractures sociales, mais aussi d’anticiper les chocs environnementaux. Le renouvellement urbain ne peut donc plus se limiter à la rénovation du bâti : il doit devenir un levier de résilience pour les territoires.
Le renouvellement urbain entre dans une nouvelle ère. Depuis 2004, cette politique pilotée par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) vise à transformer les quartiers les plus fragiles et à renforcer la cohésion sociale. Mais les enjeux ont changé. Le changement climatique, la métropolisation et la persistance des inégalités territoriales imposent un aggiornamento. Le rapport remis au gouvernement par l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (Igedd), l’ANRU et le maire de Villeurbanne, le 18 février dernier, trace des pistes pour refonder l’action publique car les inégalités sociales et spatiales se creusent. En effet, sous l’effet de la métropolisation et de la désindustrialisation, les cadres et jeunes actifs se concentrent dans les centres attractifs, tandis que les populations les plus modestes sont reléguées dans les quartiers prioritaires (QPV) ou en périphérie éloignée. Ce déséquilibre s’accompagne d’un déclin démographique et économique dans une large diagonale allant du Nord-Est au Sud-Ouest. Dans ces zones en tension ou en déprise, l’habitat se dégrade, les services publics reculent, et les dynamiques de paupérisation s’installent.
Le changement climatique vient aggraver ces fractures
Les villes, qui concentrent entre 60 et 80 % de la consommation énergétique et 75 % des émissions de carbone, sont en première ligne. Les épisodes de canicule, les inondations ou les précipitations extrêmes fragilisent les infrastructures et affectent d’abord les plus précaires, souvent moins émetteurs mais plus exposés. Certains territoires sont particulièrement menacés : les métropoles inondables, les littoraux soumis à l’érosion, les régions méditerranéennes, les massifs montagneux et l’Outre-mer.
Alors le rapport recommande un changement d’échelle. Il propose la création d’un comité interministériel pour repenser l’aménagement du territoire dans une logique d’adaptation climatique et de justice sociale. Un nouveau programme national de renouvellement urbain devrait être lancé dès 2025, ciblant prioritairement les QPV les plus vulnérables, tout en élargissant le champ d’action de l’ANRU à d’autres zones fragilisées. Ce programme doit s’inscrire dans un cadre juridique pérenne, garant de la continuité des politiques publiques face à des défis de long terme.
Sur le même sujet





